Rapport - Enquête sur les dernières manifestations : 49,7% des sondés citent l’arrestation de Sonko comme principal facteur

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Publié le jeudi 18 mars 2021 | Le Quotidien

© aDakar.com par ND. F
Manifestation du Mouvement de défense de la démocratie (M2D)
Dakar, le 8 mars 2021 - La manifestation appelée par le Mouvement de défense de la démocratie (M2D) a regroupé des milliers de personnes avant d`être dispersée par les forces de l`ordre.

L’enquête menée par le Bureau de perspective économique (Bpe) sur les manifestations qui ont eu lieu dans le pays ces derniers jours, a permis de se faire une idée sur les raisons qui ont motivé ces actes qui ont coûté la vie à certains citoyens, occasionné des blessés et des dégâts matériels. Selon le rapport, «49,7% des sondés citent l’arrestation de M. Sonko comme principal facteur et (52,1%) regrettent vivement les attaques contre les enseignes françaises».

Mener une enquête après de violentes manifestations, cela ne court pas les rues au Sénégal. Mais celles du 3 au 8 mars derniers à Dakar et dans plusieurs localités du pays, marquées par les nombreuses pertes en vies humaines, les nombreux blessés, les dégâts matériels, les pillages de magasins et de services, ont suscité le besoin de le faire. Et c’est le Bureau de prospective économique (Bpe) du Sénégal qui a jugé utile de mener cette enquête sous la direction de Moubarack Lô, le Directeur général de cette structure, et sous la direction technique de Moussa Diaw, afin de comprendre les véritables raisons qui ont motivé les jeunes à poser ces actes déplorables. Ainsi, sur un échantillon de 961 personnes sélectionnées selon la méthode des quotas, basée sur le sexe, l’âge, le niveau de formation et le département, le Bpe a mené son enquête à l’aide du téléphone.
D’après les responsables du bureau de prospective économique, cette enquête a été réalisée par téléphone, du 12 au 14 mars 2021, en langues nationales ou en français, sur la base d’un questionnaire préétabli, en respectant «fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage».
L’univers de l’enquête (ou population cible), soulignent-ils dans le rapport rendu public, «est constitué des individus âgés de 18 ans ou plus, des 45 départements du pays, appartenant à un ménage ordinaire». Ainsi, cette enquête ouverte une semaine après le déroulement de ces évènements, pour comprendre et apprécier le sentiment des populations, a porté d’abord sur les facteurs déclencheurs de ces manifestations. A ce propos, indique le Bpe, «49,7% des sondés citent l’arrestation de M. Sonko (Ousmane, leader de Pastef, accusé de viol et de menaces de mort) comme principal facteur déclencheur des manifestations». Et 42,8% de ceux qui ont été interrogés citent plutôt «les frustrations suscitées par les conditions de vie difficiles vécues par certaines franges de la population depuis le début de la pandémie Covid-19».
Dans son enquête, le Bpe a cherché aussi à connaître «l’opinion sur les heurts qui ont éclaté entre les manifestants et les Forces de l’ordre». Ainsi, le fruit de son enquête a permis de savoir que «78,3% des personnes interrogées rejettent les violences qui ont accompagné les évènements, et estiment qu’elles ne reflètent pas le vrai visage du Sénégal». Mais, «parmi ces 78,3%, la majorité (58,6%) dit comprendre, malgré tout, les manifestations, tandis que 41,4% d’entre eux les jugent antidémocratiques et 18,3% des sondés estiment que les manifestations sont les seuls moyens de se faire entendre des pouvoirs publics», indiquent-on dans le rapport.

52,1% regrettent les attaques contre les enseignes françaises
Au regard des saccages qui ont été ciblés et menés contre des biens français, le Bep ne pouvait ne pas s’intéresser à un tel acharnement sur les biens du colonisateur. D’après le rapport de l’enquête, pour la majorité des sondés, l’opinion sur l’attaque contre les enseignes françaises (Auchan, Total, Orange, Eiffage), «52,1% regrettent vivement les attaques contre les enseignes françaises et trouvent qu’elles sont l’œuvre de gens mal intentionnés qui profitent des manifestations, pour agir, en se mêlant à la foule, 23,4% des enquêtés estiment que ces attaques sont les fruits de plusieurs années de frustration qui couvaient depuis longtemps, et qui se sont exprimées violemment, et 15,1% des enquêtés pensent que les manifestants ont ciblé les enseignes françaises pour symboliser leur volonté d’autonomie», renseigne le rapport du Bpe.
En cherchant aussi à savoir l’avis des Sénégalais sur la poursuite des manifestations, Moubarack Lô et ses collègues informent que 91,6% des sondés pensent que les manifestations doivent s’arrêter, et seuls 6,9% d’entre eux estiment qu’elles doivent se poursuivre. En tout cas, cette enquête pourrait permettre à l’Etat, à l’opposition et à la jeunesse de tirer les conséquences de ces manifestations malheureuses et de s’investir pour le développement, la sécurité et la paix dans le pays.

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