Samedi, à la demande du calife général des mourides, l’opposition a accepté de suspendre « sine die » ses manifestations pour éviter le risque de nouvelles violences au Sénégal. Mais sur le terrain, si l’accalmie est réelle, la crise n’est pas réglée pour autant. Tout est question de rapport de force.
Avec notre envoyée spéciale à Dakar, Carine Frenk
Selon un nouveau bilan du M2D, la coalition qui soutient l’opposant Ousmane Sonko, le bilan des récentes émeutes s’élève désormais à treize morts, dix selon une source gouvernementale. Et près de 600 blesses, selon la Croix-Rouge.
À la demande des guides religieux, Ousmane Sonko a donc dû accepter de suspendre les manifestations. Il ne pouvait faire autrement quelques jours après les pires heurts que le pays ait connus depuis une décennie. C’eut été prendre le risque de s’aliéner une partie de l’opinion. « Le système des confréries est tellement puissant, même pour l’opposant antisystème », ironise un analyste. Ce faisant, c’est une opportunité pour lui de se présenter en homme politique responsable, mais il n’abandonne pas la rue pour autant. Un cadre du M2D prévient : « Cela dépend du traitement qui sera fait de nos exigences. Mais manifester est un droit que nous comptons bien exercer dans sa plénitude. »