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Sénégal : ces opposants passés par la case prison
Publié le vendredi 12 mars 2021  |  LeMonde.fr
Manifestation
© aDakar.com par DR
Manifestation de soutien des militants de Pastef Milan à Ousmane Sonko
Milan, le 12 février 2021 - En Italie, des militants de “Pastef, les patriotes“ ont manifesté, le jeudi 11 février 2021, à Milan pour afficher leur soutien à leur leader Ousmane Sonko, sous le coup d`une plainte pour viols et menaces de mort.
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Accusé de viol, le député Ousmane Sonko dénonce un « complot » pour l’écarter de la course à la présidentielle. Avant lui, Idrissa Seck, Karim Wade et Khalifa Sall ont connu des déboires judiciaires ravageurs pour leur carrière.

Depuis le début du mois de février, le Sénégal vit au rythme de l’affaire Ousmane Sonko, du nom de cet opposant accusé de « viols » et de « menaces de mort » par une employée d’un salon de massage où il avait ses habitudes. La semaine dernière, le dossier a pris un tour politique lorsque le député de 46 ans a été interpellé pour « trouble à l’ordre public » et « participation à une manifestation non autorisée » alors qu’il se rendait, entouré d’un important cortège de sympathisants, à sa convocation au tribunal.

Son arrestation a provoqué des manifestations qui ont parfois dégénéré en pillages, saccages et heurts entre jeunes et forces de l’ordre. Des violences qui ont fait au moins cinq morts – onze selon le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui mène la contestation.

Ousmane Sonko, qui a été libéré lundi 8 mars sous contrôle judiciaire, se dit victime d’un complot ourdi par le chef de l’Etat, Macky Sall, afin de l’écarter de l’élection présidentielle de 2024. Lors du précédent scrutin, le candidat antisystème, leader du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), était arrivé en troisième place, avec 15,7 % des voix, derrière Macky Sall (58,3 %) et Idrissa Seck (20,5 %). Pour ses partisans, cela ne fait aucun doute : ces accusations sont une aubaine pour le chef de l’Etat, qui se débarrasserait ainsi d’un nouvel adversaire encombrant… après Karim Wade et Khalifa Sall.

Ces dernières années, plusieurs hommes politiques de premier plan ont été visés par la justice au Sénégal, un pays salué pour son respect du jeu démocratique. Rappel de trois affaires emblématiques qui ont défrayé la chronique.

L’affaire a eu lieu pendant la présidence d’Abdoulaye Wade. L’ancien opposant à Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, qui a accédé à la magistrature suprême en 2000, a choisi Idrissa Seck, l’un de ses fidèles, comme directeur de cabinet puis premier ministre. Très vite, la relation entre les deux hommes vire à l’aigre. Le chef de l’Etat soupçonne son protégé d’avoir les dents un peu trop longues et de vouloir l’évincer lors de l’élection de 2007. De son côté, le premier ministre accuse son mentor de favoriser l’ascension d’un autre dauphin en la personne de son fils, Karim Wade.

Idrissa Seck est limogé du gouvernement en avril 2004 – et remplacé par un certain… Macky Sall –, mais l’affaire ne s’arrête pas là. En 2005, le président Wade passe à l’attaque en lui reprochant sa gestion des chantiers de la ville de Thiès. Selon un rapport de l’Inspection générale de l’Etat réalisé à sa demande, quelque 21 milliards de francs CFA (32 millions d’euros) auraient été dépensés dans des travaux « non autorisés ». En juillet, Idrissa Seck est accusé de « trahison, détournement de deniers publics, corruption et atteinte à la sûreté de l’Etat ». Incarcéré à la prison de Rebeuss, il ne sera libéré qu’en février 2006, blanchi.

Il crée alors son propre parti, Rewmi, et se présente à la présidentielle de 2007, mais son score de 14,9 % ne lui permet pas d’inquiéter Abdoulaye Wade, réélu avec 55,9 % des voix. Idrissa Seck est de nouveau candidat en 2012 et en 2019. Alors qu’à l’époque de sa disgrâce il avait accusé Macky Sall d’avoir participé au « complot » le visant, il semble depuis s’être réconcilié avec lui, puisqu’il a rejoint en novembre 2020 la majorité présidentielle.

L’enrichissement illicite de Karim Wade

Au temps de sa toute-puissance, on le surnommait « le ministre du ciel et de la terre ». En 2009, à seulement 40 ans, Karim Wade a reçu de son président de père le portefeuille bien rempli de la coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures. La voie vers le palais présidentiel semblait toute tracée, mais c’était compter sans la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat au prix d’un tour de passe-passe constitutionnel. A l’époque, cette décision fait descendre les Sénégalais en masse dans la rue, un mécontentement qui se traduira dans les urnes en 2012. Abdoulaye Wade est défait, Macky Sall élu… Pour Karim Wade, rien ne va plus.
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