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Résistance : Pourquoi Sonko a réussi là où Karim et Khalifa ont échoué
Publié le mardi 9 mars 2021  |  senenews.com
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© Autre presse par DR
Point de presse d`Ousmane Sonko
Dakar, le 25 février 2021 - Ousmane Sonko a animé, jeudi, à Dakar, un point de presse au cours duquel il a abordé la procédure de levée de l`immunité parlementaire contre lui.
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La mise sous contrôle judiciaire, même si elle ne tire pas Ousmane Sonko d’affaire, constitue un pas de géant vers la victoire de la libération définitive de l’homme. Une pression populaire, spontanée et forte, aura eu raison d’une justice sous ordre et qui ne fait jamais de cadeaux aux présidentiables. Avec cette décision de justice, Ousmane Sonko vient de réussir là où ses prédécesseurs, Karim Wade et Khalifa Sall ont échoué. Beaucoup d’éléments expliquent cette différence.

Karim Wade et Khalifa Sall ont constitué deux « K » majeurs dans l’histoire politico-judiciaire au Sénégal. Tous deux, pour des chefs d’accusations assez proches, ont été pris dans les mailles du filet de la justice sénégalaise. Malgré leur appartenance à des appareils politiques forts, les plus forts de ce pays d’ailleurs, ces deux personnalités ont été décapitées sans beaucoup de résistance. Contrairement à Ousmane Sonko, leur mise à mort n’a été qu’un jeu d’enfant.

Karim Wade: une élimination facilitée par le contexte social
L’affaire Karim Wade était en effet l’expression d’une volonté populaire et sociale. Il faut se rappeler que le contexte de son inculpation n’aidait pas le fils de Wade; son père venait de perdre le pouvoir après un forcing avorté. Les manifestations du 23 juin 2011, les morts durant la période préélectorale, les mauvaises gestions des dossiers de l’ANOCI pour le fils Karim et du Fesman pour la fille Sindiély, constituaient un cocktail explosif pour le pouvoir de Wade. Naturellement, celui-ci va faire les frais de toute la colère de la population, qui la sanctionnera au 2ème tour de la présidentielle de 2012,malgré une troisième candidature forcée.

Voilà pourquoi l’interpellation de Karim Wade n’émouvait presque personne à part les barrons du défunt régime de son père. Avec le déterrement de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Macky Sall avait donné l’air de quelqu’un dont le seul souci, en poursuivant Karim Wade, était la reddition des comptes. On se rappelle sa déclaration, pour légitimer sa démarche, lors de la création de l’OFNAC dont il disait qu’elle est pour les nouveaux gouvernants alors que la CREI s’affairait à traquer les biens mal acquis. Délaissé par un peuple qui lui en voulait lui et son père pour la mauvaise gestion du pays, Karim Wade passera 4 ans dans les liens de la détention avant de bénéficier d’une grâce présidentielle au terme d’un protocole dit de Doha.

Khalifa Sall: la caisse d’avance et la reddition des comptes
Le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall tout comme Karim Wade, appartient à un appareil politique influent. Mais son refus de se ranger dans la mouvance présidentielle, après l’élection de 2012, contrairement à la ligne de conduite de son parti, va courroucer le président Sall qui voit en lui une potentielle menace. Son opposition de laisser la mairie aux membres de l’APR, parti au pouvoir, va déclencher une hostilité sans précédent de la part des partisans du pouvoir. En 2014, Khalifa Sall gagne à nouveau Dakar et l’ensemble des mairies s’y trouvant sous la bannière de son mouvement And Taxawu Dakar. Une défait que Macky Sall ne digèrera pas puisqu’il démettra la Première ministre Amy Touré par ailleurs rivale de Khalifa Sall dans la circonscription de Grand Yoff.

Le maire de Dakar a été notamment accusé de mauvaise gestion dans le dossier de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Même s’il avait trouvé des justifications à son acte, ses arguments ne convainquaient pas tout le monde, encore moins le juge. Son inculpation et sa condamnation étaient basées sur le droit, quoique ses prédécesseurs à l’hôtel de ville l’avaient lavé à grande eau sous prétexte qu’eux même procédaient de la même façon. Ces témoignages de Pape Diop et de Mamadou Diop n’avaient pas permis aux juges de lui trouver des circonstances atténuantes. Khalifa Ababacar Sall sera ainsi condamné conformément à la loi, même si une instrumentalisation de la justice se faisait noter à chaque étape de la procédure.

Ousmane Sonko: l’exception à la règle
Il n’appartient certes pas à une formation politique dite traditionnelle mais son idéologie a fait des émules à travers le pays. Inversement aux partis politiques traditionnels qui comptent des bases sur des régions données, Ousmane Sonko a sa base éparpillée dans le pays. Les jeunes, la plus grande frange de ceux qui l’adoubent, le suivent sans aucune arrière pensée. Ils voient en lui un libérateur, un messie, à l’image de Thomas Sankara et de Patrice Lumumba. De ce fait, le leader de Pastef s’érige en alternative, la seule alternative aux yeux des jeunes qui appellent de tous leurs vœux une indépendance réelle et une rupture avec l’ex colonisateur.

Le cas de Sonko est donc différent dans le fond comme dans la forme. Il ne s’agit pas d’une affaire financière (le fond), et tout laisse croire qu’il s’agit d’un complot (la forme). D’ailleurs, tous ou presque s’accordent à dire qu’il s »agit d’un scénario mal pensé, mal rédigé et mal joué. Alors que la probité de l’homme n’a jamais été l’objet de doute, ni en termes de finances ni en termes de morale, il s’avère difficile de faire croire à la thèse du viol. Le deuxième élément qui a fait que Sonko a réussi son bras de fer est son appel à la résistance. Il croyait et continue de croire que seul le rapport de force peut le tirer des griffes de la justice aux ordres du pouvoir. Chat échaudé craint l’eau froide!

Si son appel à la résistance a porté ses fruits, ce n’est pas seulement pour ses beaux yeux. C’est surtout parce que la population en a ras-le-bol de la façon de gérer du régime actuel qui se nourrit d’arrogance et d’injustice. Il suffit de voir le hashtag « FreeSenegal pour s’assurer que le combat dépasse la personne de Sonko. Nombre de ceux qui manifestent pensent que le Sénégal est victime de ses politiques. « Une démocratie prise en otage par ses élites », pour parler comme Abdou Latif Coulibaly.
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