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Stationnements tous azimuts, quand l’anarchie dicte sa loi a Dakar
Publié le mercredi 3 fevrier 2021  |  seneplus.com
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© aDakar.com par DR
Les taximens qui avaient emprunté une passerelle piétonne à Camberène sront sanctionnés
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Désengorger la ville de Dakar et lui donner un nouvel éclat, c’était la volonté de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall qui avait d’ailleurs posé les jalons de ce grand projet

Désengorger la ville de Dakar et lui donner un nouvel éclat, c’était la volonté de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall qui avait d’ailleurs posé les jalons de ce grand projet. D’autant qu’il s’avère que de nombreux usagers se plaignaient des problèmes récurrents de stationnement. Pour cause, la plupart des parkings aménagés à la Place de l’Indépendance et ses alentours appartiennent à des privés. Les rares endroits restants sont occupés par des jeunes laveurs de voitures pour la plupart, qui érigent ces espaces en des parkings payants. Du coup, garer sa voiture au centre-ville est devenu un véritable casse-tête pour les automobilistes qui accusent la mairie de Dakar.

«Pikine, Guédiawaye, Parcelles, Tenguedj, Maristes, Grand-Yoff. Madame où allez-vous ? Il ne reste qu’une place pour les Parcelles Assainies !» hèle ainsi un homme d’une quarantaine d’années. Nous sommes en plein centre-ville où des rabatteurs se ruent vers les passants à la recherche de potentiels clients de taxis-clandos. Juste derrière le mur de l’Hôtel de Ville de Dakar. Ici, l’ambiance est grande. Les gens semblent ne pas s’inquiéter de la seconde vague du coronavirus avec son lot de décès, encore moins de la variante britannique qui a fait son apparition dans notre pays depuis quelque temps. Quelques hommes discutent en groupe, sans aucun respect des mesures barrières. Rares sont ceux qui portent un masque. A côté d’eux, on constate une file de voitures sur un espace public transformé en parking.

Trouvé sur les lieux, Balla Diaw, le gérant du «garage» depuis plus d’une vingtaine d’années, déclare : «Chaque mois, la mairie nous envoie une facture que nous allons payer directement au niveau du Trésor Public». Même s’il n’a pas voulu se prononcer sur le montant de la somme, il souligne qu’avant de quitter le parking, chaque chauffeur doit verser une somme de 300 Fcfa. «Cette somme nous permet de nous acquitter de notre redevance envers la mairie, de donner la dépense quotidienne aux chauffeurs retraités de notre garage, de nous soigner en cas de maladie», renseigne-t-il.

A moins de 500 mètres de là se trouve un autre parking situé à la façade du Port de Dakar. Ici, le chef de garage est un certain Lambaye, du nom de son village d’origine «Lambaye» (département de Bambey, région de Diourbel). «Nous avons obtenu cet espace à la suite de négociations avec les syndicats des transporteurs, plus précisément Gora Khouma. Ce dernier aurait convaincu à l’époque les autorités municipales de nous laisser ici gagner dignement notre vie», affirme Lambaye. Chaque jour, informe-t-il, les chauffeurs versent 300 FCFA dans un compte logé dans une banque de la place. «Il peut arriver que des particuliers viennent dans le garage, à leur retour de travail, pour faire le taxi-clando. Une situation qui s’explique par la cherté de la vie. La vie est très dure. Parfois même, les gens qui ont des salaires ont des difficultés à joindre les deux bouts, donc ils viennent ici vers 16h30 ou 17h et avant de partir, ils paient 200 FCFA», indique-t-il. Ces cotisations permettent, renseigne-t-il, de subvenir aux besoins des chauffeurs qui travaillent dans le garage.

Agé d’environ 15 ans, Moussa s’affaire au lavage d’une voiture. Interrogé sur l’occupation de la voirie, le garçon affirme : «Nous sommes ici pour gagner notre vie, mais nous savons que cet endroit est un espace public». Même s’ils sont souvent sommés par l’administration du Port de quitter les lieux, ils finissent toujours par revenir. A la Place de l’Indépendance, le décor est autre. Il est constitué de segments de peinture banche utilisée sur le sol pour délimiter un espace de stationnement de voitures, de tableaux en fer sur lesquels on peut lire «Place Réservée», de voitures garées çà et là, de jeunes qui font signe à des conducteurs en leur montrant des places libres pour stationner.

Trouvé en pleine action, Talla Ndiaye, un laveur de véhicules, détient par devers lui une trentaine de clefs de voitures. «Ce parking appartient à une société de la place qui l’a acquise auprès de la Mairie de Dakar», révèle le jeune garçon. Les clefs qu’il garde appartiennent à des automobilistes qui sont juste de passage dans les parages. «Et étant donné que le parking est privé, dès qu’un propriétaire libère une place, celle-ci est utilisée le temps de son absence», dit-il. Contrairement à certains laveurs, Talla Ndiaye soutient ne pas fixer de prix pour le stationnement. «Je ne fixe pas de prix, il arrive que certains automobilistes me remettent 5 000 FCFA, d’autres 200 FCFA ou 500 FCFA, tout dépend du client.» Seulement, ajoute le jeune laveur, il arrive qu’il fasse quatre à cinq fois le tour de la Place de l’Indépendance afin de trouver un espace où garer la voiture.

«DANS MON PARKING, LE STATIONNEMENT EST A 1000 F PAR VOITURE»

Contrairement à Talla, un laveur rencontré à côté de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) affirme que le stationnement est payant dans «son parking». Les raisons sont simples, à l’en croire. «La mairie me loue cet espace à 200 000 FCFA l’année, donc j’ai le droit d’exiger aux automobilistes des frais de stationnement dans la mesure où je suis le maître des lieux», clame-t-il. Et d’ajouter : «Mieux vaut payer 1000 FCFA que d’être saboté», dit-il en souriant. En effet, lorsqu’un automobiliste stationne de manière illégale, il est victime de sabot et devra payer la somme de 6000 FCFA aux agents de la maire.

A l’image de notre interlocuteur, ils sont nombreux ces jeunes qui ont érigé l’espace public en des parkings payants. Une situation qui met parfois les usagers dans le désarroi total. C’est le cas de Mme Touré venue se faire consulter dans une clinique de la place. Pour garer sa voiture, elle a vécu un véritable calvaire. «Parfois, je préfère venir en taxi, car il est difficile de trouver un endroit pour stationner et même si on en trouve, il est payant et c’est anormal», peste la dame. «C’est la responsabilité de la Mairie qui est engagée», fulmine de son côté Abdou Fall. Venu faire quelques courses en ville, il voulait en profiter pour effectuer sa prière du vendredi à la mosquée omarienne, mais cela s’est avéré impossible, parce qu’il n’a pas trouvé d’endroits pour se garer. A l’en croire, il appartient à la Mairie de mettre fin à cette anarchie qui ne dit pas son nom.

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SEYDOU CAMARA, CHEF DE LA DIVISION DES RECETTES DE LA COMMUNE DE DAKAR-PLATEAU «Chaque année et par véhicule, le contribuable verse 250 000 FCFA à la mairie»

« Les parkings sont loués à hauteur de 250 000 FCFA par véhicule. Par exemple, celui qui a quatre véhicules paie un million FCFA à la commune. Celle-ci a voté une délibération qui stipule que chaque année et par véhicule, le contribuable verse 250 000 FCFA à la commune. Cette délibération a été votée depuis 2019 ; auparavant en 2018, la somme était de 200 000 FCFA par véhicule. Avant l’arrivée d’Alioune Ndoye à la tête de la commune, le parking était de 125 000 FCFA l’année. Donc c’est à la suite de demandes pressantes qu’il y a eu l’augmentation des taxes. Presque tous les parkings sont maîtrisés par la commune. Et on a un fichier de presque 2500 contribuables. Mais souvent, il y a des contribuables qui acquièrent par exemple 20 à 30 parkings et versent leurs redevances à la commune. Pour la gestion de ce parking, ils vont prendre de jeunes laveurs. Par exemple, la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal (Bicis) loue chaque année 60 parkings pour ses agents dont certains, pour sécuriser le leur, embauchent un laveur. Et il peut arriver qu’un laveur se retrouve avec 10 parkings à surveiller. Il peut arriver qu’un agent quitte le bureau plus tôt que prévu et pendant ce temps, le laveur loue la place. Par exemple, un usager peut venir à la Bicis faire quelques transactions, le laveur lui propose un endroit où stationner, mais à la condition que le propriétaire lui laisse les clefs de la voiture. Entre-temps, si le propriétaire du parking vient, il sort le véhicule et le gare dans un autre parking. C’est ça le système de manière générale. A la Place de l’Indépendance, la Bicis loue presque 65 places, Hdih 144 places, la Sgbs une quarantaine de places, Axa environ 20 Places, la Banque Agricole 37 places. Ce sont des structures qui viennent chaque année se régulariser au niveau de la commune. Le stationnement est interdit sur l’axe allant du rond-point Sandaga jusqu’à l’avenue Faidherbe. La commune utilise souvent des sabots comme remède au stationnement interdit, mais souvent il y a des prises de bec. Donc, le maire a donné ordre de surseoir à ces sabots. C’est la police qui gère cela actuellement et toutes les contraventions sont directement versées dans les caisses de la commune. Les taxis-clandos ne sont pas en règle et n’ont aucun papier à la commune»
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