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Au Sénégal, des maîtres coraniques s’opposent au retrait des enfants de la rue
Publié le mercredi 3 fevrier 2021  |  africa.la-croix.com
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© aDakar.com par DR
des enfants dans les rues au Sénégal
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Au Sénégal, des maîtres coraniques ont élevé la voix, dimanche 31 janvier, dans les régions de Thiès, Dakar, Kaolack et Ziguinchor pour dénoncer le retrait des enfants de la rue. Une grande partie de ceux-ci sont des talibés– du nom des apprenants des écoles coraniques.
Plusieurs enseignants d’écoles coraniques au Sénégal sont opposés à l’évacuation des enfants de la rue, dont une partie importante fait partie de leurs pensionnaires, les talibés.

En 2016, le Sénégal a décidé de retirer tous les enfants de la rue. Cette directive du chef de l’État Macky Sall est conduite par le ministère de la femme, de la famille et de l’enfant mais ne s’exécute pas sans difficultés. Le 28 janvier 2021, les autorités administratives sénégalaises ont tenté de mettre en application leur plan d’éradication de la mendicité des enfants. À Dakar, ils se sont heurtés au refus catégorique d’un maître coranique, Taha Niang, qui s’est opposé à l’évacuation d’enfants-mendiants. Brutalisé – selon ses collègues en colère – par les forces de l’ordre qui supervisaient les opérations, il est en situation d’incapacité temporaire de travail.

Politique contraire à l’islam

À Ziguinchor, dans le sud du pays, d’autres maîtres coraniques ont élevé la voix, le 31 janvier, pour exprimer leur mécontentement, non sans lancer des avertissements. « Les autorités doivent comprendre que notre religion est foncièrement contre cette pratique, s’est insurgé Ibrahima Fall, coordinateur régional des associations d’écoles coraniques de la région. Il faut également qu’elles sachent que la mendicité est liée à un des piliers de l’islam, en l’occurrence la zakat ».

Dans cette ville, 140 enfants ont été retirés de la rue le même jour pour être évacués dans leur localité et pays d’origine.

Cette même ligne a été défendue à Thiès (ouest) au cours d’une journée nationale « d’alerte » organisée le 31 janvier à la grande mosquée de Mbour 2. « Désormais, nous n’accepterons plus d’être foulés aux pieds avec des convocations à la police ou au tribunal dans l’exercice de notre travail d’éducation des enfants », a prévenu Thierno Djibril Bâ, porte-parole du jour. Pour lui, la « traque » des enfants talibés est la preuve que « les ennemis de l’islam ne sont pas prêts à renoncer à leur plan de guerre contre les écoles coraniques ». Djibril Bâ et ses collègues assurent qu’ils sont décidés « à se défendre et à veiller sur l’éducation des talibés ».

À Kaolack, dans le centre-ouest, la section régionale de la fédération des maîtres coraniques est également en colère. « En réalité, nous formons des enfants qui doivent assurer demain la relève. Nous avons été préparés à cette mission, et personne ne réussira à nous détourner de cet objectif », a protesté l’imam Mouhamadou Lamine Fall qui a dénoncé une cabale contre les écoles coraniques et invité le chef de l’État à privilégier la concertation.

Début du retrait

Le programme « retrait des enfants de la rue » avait été lancé dans un premier temps en juin 2016. Cette première opération (juin 2016 à juin 2017) avait permis de retirer 1 585 mineurs dont plus de 600 Sénégalais. Une deuxième opération, conduite en février 2018, pendant 6 mois, a permis de retirer 339 talibés. En 2019, la ministre de la femme, de la famille, du genre et de la protection de l’enfance, avait annoncé la relance de ce programme sous une forme « holistique et inclusive », à travers l’élaboration d’un projet de loi.

Charles Senghor (à Dakar)
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