SantéNouvelle variante Britannique de la Covid-19 : Entre fermeture, prolongation des fêtes et retour aux classes à double flux, l’école sénégalaise à la croisée des chemins...
Avec la découverte de la nouvelle variante Britannique de la Covid-19 dans une bonne partie du Sénégal, les spécialistes de la santé et autres experts ne cessent d'alerter les autorités et les citoyens à prendre leurs responsabilités par rapport aux mesures barrières. Aujourd’hui, l’école sénégalaise est exposée avec les nombreux élèves et enseignants qui fréquentent leurs établissements respectifs souvent en faisant fi des gestes qui les protègent de la maladie à Coronavirus. En effet, à Touba Toul, le directeur de l'école Touba Toul 1 a été emporté par la Covid-19 et deux de ses enseignants sont suivis à domicile. Une situation qui pousse certains enseignants à plaider pour la fermeture des établissements scolaires. Par contre d’autres acteurs de l’école tels le président de l’Unapess, n’approuve pas une telle décision. Dakaractu a interrogé des syndicalistes, des enseignants et des parents d'élèves pour recueillir leurs impressions et donner des esquisses de solutions avant que l'irréparable ne se produise.
Abdoulaye Fané Unapees : ‘’ Je ne vois pas la raison véritable de fermer les établissements’’
Le président de l’Union nationale des associations de parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapees), Abdoulaye Fané ne partage pas l’avis de fermeture des établissements scolaires. Selon lui, il y a plus de dix mille (10 000) écoles élémentaires et beaucoup de lycées dans l’espace éducatif du Sénégal. Si nous constatons qu’au niveau de ce pays, il y a 4 ou 5 écoles où les personnels sont infectés, M. Fané ne voit pas de raison véritable pour fermer les établissements. Ainsi, il avance que pour les parents d’élèves, ce n’est pas véritablement à l’ordre du jour et de surcroit, dit-il, les vacances ont débuté le vendredi.
Seulement, pour lutter contre cette nouvelle variante, il estime qu’il va falloir réactiver les comités de veille qui sont au niveau des établissements et demander aux autorités de renouveler les actions qu’ils avaient initiés le 25 juin passé pendant l’ouverture des classes, c’est-à-dire organiser des examens, remettre en place les dispositifs et doter de tous les établissements de dispositifs de prévention individuelle et collective.
Le président de l’Unapees recommande aux sénégalais d’apprendre à vivre avec le virus et la solution est d’agir de manière intelligente en respectant les mesures barrières.
Face aux difficultés que l’État rencontre pour lutter contre la Covid-19, M. Fané de dire que l’État a pour mission de prendre en charge les préoccupations des sénégalais et il doit chercher les moyens pour sécuriser les établissements. « Je ne peux pas comprendre que 1. 000 milliards aient été mis à la disposition de l’État et qu'actuellement ils nous disent qu'il n'y a plus rien. Ils doivent s’organiser pour prendre en charge ces questions », exhorte-t-il.
Abdou Faty : « Aujourd’hui, il est impératif que les élèves puissent être séparés en groupes de double flux »
Abdou Faty pense qu’aujourd’hui l’État devrait mettre à profit ces vacances et les prolonger de 15 jours pour qu’on puisse prendre très rapidement toutes les dispositions nécessaires. Parce qu’il y a la virulence de cette nouvelle variante. Il propose la redynamisation des comités de veille dans les écoles et de mettre tous les dispositifs à savoir les lave-mains, les thermoflashs, mais aussi travailler à s’assurer de la disponibilité de l’eau dans les écoles.
Pour M. Faty, la distanciation sociale est fondamentale surtout avec les classes qui ont un nombre pléthorique. « Aujourd’hui, il est impératif que les élèves puissent être séparés en groupes et faire des cours alternatifs, mais également organiser des doubles flux. Ce faisant, on pourra minorer l’impact de ce virus dans les écoles, » propose t-il. Pour lui, l’école est un maillon important de la société, le virus a muté et on commence à décompter des morts dans nos rangs.
Il a abordé la question du protocole sanitaire qui devra identifier les enseignants qui ont des maladies chroniques et leur demander de rester chez eux. Contrairement à l’idée d'Abdoulaye Fané qui se dit contre la prolongation et la fermeture des écoles, Abdou Faty pense qu’il faut que les gens soient conséquents et voient la réalité en face. « Nous sommes des professionnels de l’école et personne ne veut que les enfants restent à la maison, mais à l’impossibilité nul n’est tenu. »
Il souligne que le virus continue à évoluer avec cette nouvelle variante, et nous avons 4 millions d’élèves qui font des va-et-vient. Pour lui, s'il est impossible de respecter les mesures de distanciation sociale, il faut que les écoles soient fermées.
Saourou Sène : « La fermeture est la solution la plus facile, mais elle n'est pas forcément la meilleure »
Saourou Sène laisse penser que cette nouvelle variante annoncée par les spécialistes du domaine inquiète plus d'un surtout dans le secteur de l'éducation qui est une zone de contact et de concertation. Ainsi, il appelle les acteurs, gouvernement, collectivités locales, associations et même les associations sportives et culturelles à plus de vigilance et de solidarité.
Il encourage même les entreprises à participer en terme de masques, de gel hydro-alcoolique, de lavoirs pour mains. Pour lui, la fermeture est la solution la plus facile, mais elle n'est pas forcément la meilleure. Il préconise le double flux. « Pour limiter les contacts et la mobilité nous devons envisager le double flux au regard du déficit noté en tables-bancs, mais surtout instaurer la journée continue à l'école au lieu de déplacer les élèves et les autres acteurs quatre fois dans la journée. »
Par contre, il propose à ce que les porteurs de maladies chroniques soient pris au sérieux qu'on les libèrent en attendant que la situation s'améliore.
D'ailleurs test pour test, il pense que ces quelques jours de vacances permettront d'apprécier le rôle de l'école dans l'évolution de cette pandémie. « On verra s'il y a un impact significatif ou pas. »
Ahmed Suzanne Camara : « Il n’y a pas péril en la demeure même si des cas ont été notés dans certains établissements »
Ahmed Suzanne Camara, membre du parti au pouvoir, pense qu'il n’y a pas péril en la demeure même si des cas ont été notés dans certains établissements. Il ne manque pas de souligner que la situation générale est devenue inquiétante parce qu’il y a beaucoup d'infections.
M. Camara de faire savoir que l'autorité suit de très près la situation et qu'elle est maîtrisée. "Au moment opportun, l'État va prendre la décision de fermeture provisoire ou de repousser les fêtes de façon courageuse et responsable," pense-t-il. Il encourage les élèves et les enseignants qui sont actuellement en vacances à continuer de respecter les gestes barrières. Pour lui, il n'est pas possible de garantir l'absence de cas de covid dans les écoles parce que les élèves et enseignants viennent des maisons et sont en contact avec les gens qui sont au dehors. Devant ces situations, il trouve normal qu'un enseignant ou un élève chope le virus.
Il préconise que les mesures barrières soient respectées à l'école comme à la maison.