Depuis hier, la bande frontalière, à cheval entre les départements de Goudomp et de Ziguinchor, qui ceinture la Guinée Bissau, est déchirée par des tirs à l’arme lourde. Cette situation serait la résultante d’une opération de sécurisation de l’Armée, confrontée à des forces d’Atika qui tentent toujours de s’opposer au retour des populations déplacées au niveau de leurs terroirs.
A Goudomp, des tirs à l’arme lourde dans la forêt de Djibanar ont réveillé des populations hier. L’Armée mène dans cette zone frontalière à la Guinée Bissau une vaste opération de sécurisation qui est à l’origine de ces coups de feu qui ont suscité la peur et l’inquiétude chez des populations de cette zone. Perceptibles dès les premières heures de la matinée, ces tirs sporadiques à l’arme lourde ont perturbé ce mardi le calme, jusque-là précaire, qui règne dans cette zone. Si des annonces persistantes parlent des localités environnantes de Kaour qui seraient affectées par cette situation, des informations recueillies sur le terrain situent ces tirs entre l’extrême Est de la région de Ziguinchor et le sud-ouest du département de Goudomp dans la zone de Djibanar, à quelques encablures de Bafata vers la Guinée Bissau.
Ces tirs étaient aussi perceptibles au niveau des localités comme Bilass, Sikoune, Bafata situées à la lisière de la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. L’avion de reconnaissance de l’Armée a survolé toute la matinée le théâtre des opérations en appoint à une forte présence d’hommes et d’engins de guerre, aux opérations de ratissage enclenchées par les troupes du colonel Kandé.
Des témoignages concordants font état d’un vaste mouvement de plus d’une trentaine de véhicules militaires vers la bande. Depuis quelque temps, les populations de Niaguis ont constaté un véritable mouvement de troupes au niveau de leur contrée. Une valse incessante de véhicules et de militaires qui s’est accentuée ces derniers jours. Des troupes venues, selon nos sources, renforcer les bases militaires de Bindjalou Manjacque et autres cantonnements militaires établis dans cette zone frontalière de la Guinée Bissau et qui polarise des localités des départements de Ziguinchor et de Goudomp.
Il s’agit d’un lieu de retraite de bandes armées qui ont installé une base dans la localité de Sicoune. Ceux qui s’aventurent dans ce no man’s land ont souvent payé le prix de leur témérité. C’est le cas notamment des jeunes chercheurs de bois ou de fruits sauvages qui y ont vécu une véritable mésaventure alors que le retour des populations déplacées s’est heurté au veto des délinquants. Cette situation favorise le banditisme transfrontalier marqué par le vol récurrent du bétail, devenu un véritable fléau dont les populations du Balantacounda font toujours les frais.
En guise de réponse aux multiples appels à l’aide des victimes de cette razzia du bétail, l’Armée s’est signalée par cette descente musclée ponctuée de tirs à l’arme lourde. Le calme n’est revenu qu’aux environs de 14 h, moment où un avion militaire de reconnaissance survolant la zone accentue la peur des populations qui redoutent une confrontation à l’approche de la saison de l’anacarde ou l’or noir considéré comme le nerf de la guerre.
Ces accrochages laissent augurer de nouveaux affrontements entre l’Armée et des combattants du Mfdc qui digèrent encore mal la nouvelle donne géopolitique imposée par l’Armée nationale avec le retour au bercail de populations déplacées. Dans cette zone, les personnes civiles qui s’y aventurent sont souvent victimes de sévices et d’exécutions, d’accidents par mines. Les combattants du Mfdc qui s’opposent toujours au retour des populations déplacées restent dans le viseur de l’Armée.
Pour l’instant, rien n’a encore filtré du bilan de cette opération menée par des soldats de la zone militaire no 6 six qui procèdent au toilettage d’une zone réputée dangereuse.