Le chanteur sénégalais Mamadou Lamine Maïga, qui fait un come-back remarqué, dix ans après son dernier album, juge que le "semblant de désordre", ajouté à une sorte d’imprévisibilité dans la création musicale, faisait la force du Super Diamono, célèbre groupe sénégalais créé au milieu des années 1970 et dont il était une des voix d’or.
"La force du Super Diamono résidait essentiellement dans ce semblant de désordre" qui régnait au sein de ce groupe mythique dont le musicien Omar Pène reste le leader-vocal. "Chaque membre était une référence et un leader", a souligné Maïga dans un entretien publié vendredi par Le Témoin Quotidien.
Selon le chanteur, de retour au premier plan avec un nouvel opus intitulé "Expérience", dont la promotion est en cours depuis quelques jours, l’audience et le succès du Super Diamono tenaient également à "cette sorte d’indiscipline" qui caractérisait ledit groupe.
"Nous étions vus comme des rebelles, et cela attirait la frange jeune de la population. Notre secret résidait dans le fait que nous étions imprévisibles en matière de création musicale. Nous étions avant-gardistes et nous surfions sur tous les genres sans perdre notre identité", a-t-il dit, en parlant notamment des "sensations" du groupe en matière de composition musicale.
Cette posture du Super Diamono "a payé" et a fait connaître le groupe, selon Mamadou Lamine Maïga, qui vit depuis quelques années en Italie, où il poursuit une carrière solo.
"Avec cette singularité, nous avons réussi à faire le tour du monde à plusieurs reprises (...), et le succès était toujours au rendez-vous", a insisté le chanteur, qui a également fait les beaux jours du Lemzo Diamono, un autre groupe sénégalais ayant acquis une grande audience dans les années 1990.
"Au Super Diamono, rappelle Mamadou Lamine Maïga, tout le monde était star, ce qui est très difficile. Mais nous l’avions parfaitement réussi."
Il assure avoir toujours sa place dans le milieu musical sénégalais. Maïga dit être "revenu pour indiquer la bonne voie aux jeunes", dont la plupart évoluent "dans la facilité".
Il affirme avoir constaté avec tout le monde que "les gens continuent d’évoluer dans la facilité". "Les jeunes n’écoutent pas trop les anciens. Au contraire, ils usent et abusent des commodités des nouvelles technologies." Cette attitude "entraîne [les jeunes] dans une voie sans issue", dit-il.
De cette manière, les jeunes "se perdent. Il leur arrive de faire 50 morceaux en une journée, grâce à la technologie. Il faut reconnaître que ce n’est pas du travail sérieux. C’est la machine qui produit à leur place. C’est une manière d’occulter le travail des anciens, et cela n’est pas possible", assène Maïga.
"Tout le monde reconnait que la musique est malade au Sénégal. Ce qui est vrai ! On trouve du n’importe quoi. Je me suis dit qu’en sortant l’album ’Expérience’, cela va ouvrir leurs yeux, les inciter à arrêter cette mascarade et à revenir à l’orthodoxie", poursuit-il en parlant des jeunes acteurs de la scène musicale sénégalaise.
"Il est temps d’effectuer un retour salutaire (...) en privilégiant le travail de recherche. La matière première existe bel et bien", estime Mamadou Lamine Maïga, convaincu d’avoir "toujours [sa] place dans le milieu musical sénégalais".
"J’ai mon nom qui figure déjà en bonne place dans notre panthéon musical, et c’est un fait connu et reconnu par tout le monde. Il faut marquer son territoire et imposer son style de sorte que, même si on est hors du Sénégal, personne ne pourra prendre votre place", déclare le chanteur, qui dit évoluer "à un autre niveau", en comparaison de la nouvelle génération.
Il ajoute : "Maïga est un cas particulier, car j’ai démarré avec les sommités et les icônes de la musique. D’ailleurs, ils sont toujours en activité. Je fais partie de cette génération de pionniers."