Dans un entretien accordé à nos confrères du «Soleil» Aymérou Gningue, président du Groupe parlementaire de la majorité a commenté l’actualité. Il s’est exprimé sur le situation au Mali, en Côte d’Ivoire, sur les litiges fonciers et autres. Ci-dessus quelques extraits.
Le Mali : «Toute rupture du cours institutionnel normal dans un pays démocratique est un échec pour l’Afrique dans son ensemble. Il est utile de rappeler que c’est dans le cadre de la Fédération du Mali que nos deux pays ont accédé à l’indépendance en 1960 ; ce qui justifie la relation particulière entre nos deux États, une singularité prise en charge par le Président Macky Sall via son implication quotidienne, sur les plans bilatéral et multilatéral, dans toutes les tentatives de règlement pacifique de cette crise. Le Sénégal a, dans ce sens, fourni les effectifs parmi les plus importants dans les forces onusiennes de maintien de la paix au Mali.
La position du Sénégal : «Notre pays est et continuera d’être fidèle à sa position de principe de respect de la légalité constitutionnelle au Mali, comme partout ailleurs dans le monde. Position qui, au demeurant, se confond avec celle de la Cedeao, de l’Union africaine et de toutes les institutions internationales. Nous continuerons d’inviter les dirigeants maliens de toutes obédiences à recourir aux vertus d’un dialogue politique sans exclusive afin de faire revenir le pays à la légalité constitutionnelle et épargner le peuple malien des épreuves sans issue de coups d’État qu’il connaît depuis 1969. »
Situation en Côte d’Ivoire : «Moi, je crois à la ‘‘jurisprudence’’ Macky Sall. Lorsqu’en 2012, il s’est posé le débat sur le 3ème mandat du Président Wade, le candidat Macky Sall avait déclaré haut et fort qu’il respecterait, en toute circonstance, la décision du Conseil constitutionnel, juridiction seule habilitée, dans notre pays, à valider ou invalider une candidature. Lorsque la Cour s’est prononcée, il est allé sereinement en campagne électorale, vendre son projet de société aux Sénégalais des villes, des campagnes et de la diaspora. On connaît la suite ; les électeurs se sont exprimés et l’ont élu à près de 70 %. L’Afrique qui se construit dans la démocratie est celle qui fait confiance aux institutions de la République et au citoyen-électeur. «
Le Dialogue national : «Tout ce qui se passe autour de nous et à travers le monde me conforte dans ma conviction que le Président Macky Sall a été particulièrement inspiré et clairvoyant pour initier cet important exercice de maturité démocratique en appelant à un Dialogue national inclusif, malgré sa victoire éclatante lors du scrutin présidentiel de février 2019. L’ampleur et la complexité des défis sanitaires et sécuritaires auxquels nos pays font face commandent, de nos jours, des approches concertées et inclusives dans la gouvernance de nos sociétés exposées à des agressions et des chocs. Ce qui fait appel à de grandes capacités de résilience et de riposte ainsi qu’à la construction de consensus les plus larges possibles pour réaliser les réformes majeures venues à maturité. Les conditions qui garantissent l’optimum de résultats dans la conduite de ces réformes pour le pays et les citoyens sont la sécurité et la stabilité. C’est dans cette optique qu’il faut situer l’enjeu du Dialogue national en cours dans notre pays et espérer qu’il débouche rapidement sur des consensus majeurs qui renforcent davantage les moyens du Président de la République de poursuivre et d’intensifier les réformes économiques et sociales qui conduisent à nos ambitions d’émergence.»
La place du Sénégal : «J’insiste toutefois pour qu’on garde à l’esprit que nous appartenons à une entité communautaire sous régionale où tout ce qui se passe nous interpelle directement. Je sais l’attention et l’énergie que le Président y consacre. Notre pays reste parmi les principaux pôles de stabilité dans notre continent ; ce qui nous confère des responsabilités particulières dont nous devons prendre conscience et que, de notre part, comptons pleinement assumer aux côtés du Chef de l’État dans tous les secteurs où nous sommes dépositaires de sa confiance, au niveau des institutions de la République comme sur le terrain de l’engagement militant dans nos terroirs.»
Litiges fonciers : «C’est, en effet, une situation très sérieuse qui mérite des réflexions de fond. Il nous faut concilier les besoins d’investissements qui sont importants dans l’agriculture industrielle, seule à même d’utiliser les espaces de productivité disponibles ou sous-exploités avec les schémas classiques de notre organisation agricole familiale et hivernale. Autant nous devons protéger les fermes agricoles familiales, autant il nous faut favoriser les investissements dans le secteur agricole qui sont capables booster la croissance et d’asseoir une base industrielle de transformation, laquelle améliore la chaîne de valeur. Ceci dit, je crois qu’il faut que nous soyons plus vigilants dans le traitement des demandes d’affectation des terres du terroir au profit des investisseurs nationaux et étrangers.»
La solution : «Si l’investisseur a besoin, à juste raison, de sécuriser ses investissements par un accès à la propriété, il me semble que l’attribution d’un bail, qui est un titre de propriété, devrait suffire et nous éviter d’aller à la titrisation quasi systématique. L’application stricte du Code général des collectivités territoriales, en son article 248 qui astreint le Gouvernement à soumettre à l’Assemblée nationale, en début de chaque session ordinaire, un rapport sur le contrôle de légalité à l’égard des actes des collectivités territoriales, devrait aussi aider à prévenir les conflits. Par ailleurs, une réflexion est en cours chez nos collègues sur une proposition de loi qui encadrerait mieux la gestion du foncier du domaine public maritime et des terres du terroir.»