Même si certains acteurs au dialogue politique, préfèrent parler de «questions différées» pour éviter d’admettre l’absence de consensus sur les grandes questions liées à la gouvernance et à l’approfondissement de la démocratie, il reste constant que les «dialogueurs» ne sont pas parvenus pas à s’accorder sur bien des aspects. Ou du moins, sur le bulletin unique, la caution pour les prochaines élections, le parrainage, l’article 80, l’arrêté Ousmane Ngom, ou encore le cumul de fonctions de chef de parti et de président de la République, etc, rien n’a été retenu jusqu’à la remise du rapport au chef de l’Etat. Lequel contient quelques points de consensus toujours en souffrance dans les tiroirs du président Sall.
Dans l’euphorie de sa réélection à plus de 58%, le président de la République, Macky Sall, a promis un dialogue national «sans exclusive», lors de sa prestation de serment, le 2 avril dernier. Mieux, au lancement dudit dialogue, le 28 mai dernier, le chef de l’Etat qui dit avoir «toujours pensé que la démocratie ne saurait ou ne devrait être réduite à la confrontation permanente entre pouvoir et opposition, entre majorité et minorité», a appelé «à la bonne volonté de toutes les composantes de notre nation pour bâtir ensemble une gouvernance concertée». Cette forte aspiration de l’initiateur du dialogue national, contraste avec les positions, parfois figées, de ses représentants lors des concertations au niveau de la commission politique, mais aussi avec le silence assourdissant du chef de l’Etat sur l’application des points de consensus obtenus et mis dans le rapport qui lui a été remis.
En effet, comme accords obtenus, on peut citer entre autres, le report des élections locales, l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus, l’élection des maires au suffrage universel direct, ou encore le règlement intérieur pour accorder à l’opposition certains postes au niveau des commissions dans les mairies.
Au-delà de ces quelques points de consensus, le dialogue politique a buté sur quasiment tous les sujets liés à la gouvernance et à l’approfondissement de la démocratie et surtout celles qui ont un impact direct sur l’organisation des élections à venir. En effet, sur beaucoup de questions susceptibles de faire avancer la démocratie du pays, notamment le bulletin unique, la caution pour les prochaines élections, le parrainage, l’article 80, l’arrêté Ousmane Ngom, ou encore le cumul de fonctions de chef de parti et de président de la République, sans oublier la liberté de candidature, les mandataires du camp au pouvoir avaient soit tout bonnement rejeté les propositions qui sont faites par les deux autres pôles, y compris même la société civile, soit proposé de les confier à une commission technique.
Quid des termes de référence qui prévoient l’arbitrage du président Sall sur tous les points d’achoppement, mais aussi la mise en application de l’ensemble des points de consensus ? Il nous revient que la commission cellulaire du dialogue politique prévoit de reprendre les concertations pour discuter des «questions différées». Ce que du reste certains observateurs trouvent inutile car estimant que les acteurs politiques, surtout du camp du pouvoir, ne bougeront pas d’un iota sur certaines questions. Ils pensent ainsi que le président Sall devrait plutôt trancher très rapidement ces questions en suspens, en tant que chef de l’Etat et non de parti. Mieux, ils estiment qu’il urge d’appliquer l’ensemble des points à consensus pour clarifier le jeu politique, très trouble en ces temps qui courent.