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Explosion de gas à Ngadiaga: Un blessé grave et des machines consumées
Publié le mardi 22 decembre 2020  |  Enquête Plus
Incendie
© aDakar.com par SB
Incendie au marché Petersen
Dakar, le 30 mars 2019 - Le marché Petersen de Dakar a été confronté à un violent incendie. Le feu a presque tout ravagé.
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Un des 11 puits de gaz installés au village de Ngadiaga, dans la commune de Notto Gouye Diama, a été victime d’une grosse explosion, avant-hier, faisant état d’un blessé grave et de cinq machines endommagées. Le maire de cette localité crie au scandale ; la tutelle annonce qu’ils essaient d’éteindre le feu et de boucher le trou par où passe le gaz.

L’explosion d’un puits de gaz, en phase de test, ce samedi, a fait un blessé grave, à Ngadiaga, dans la commune de Notto Gouye Diama. Des outils de travail ont été consumés et les pertes économiques seraient énormes. La victime, dit-on, qui s’en est sortie avec de graves brûlures, est un ingénieur. Il a, explique-t-on, tenté de débrancher les fils d’un groupe électrogène pour éviter que le feu ne se propage. Mais ce geste a été vain, puisque les flammes ont réussi à envahir la quasi-totalité du périmètre.

Pendant plus de quatre heures, les sapeurs-pompiers du département de Tivaouane, épaulés par leurs collègues de la 21e compagnie d’incendie et de secours de Thiès, ont essayé de circonscrire le feu. Mais la tâche a été compliquée par l’ampleur et le rythme de progression du feu.

A Ngadiaga, la journée a été longue et les populations paniquées. Quant au maire de la commune de Notto Gouye Diama, il dénonce l’entêtement de la société nationale Petrosen et Forteza qui, d’après lui, ont décidé par tous les moyens d’y installer ce puits, mettant en danger la vie des populations. Ces dernières, dit-il, ont longtemps dit niet à l’installation de cette usine dans leur village. Par contre, Forteza s’y est accrochée. ‘’Nous avons toujours dit non à Forteza dans notre zone. Vu le danger qu’encourent les populations, nous avons alerté, nous avons marché contre cette usine qui se trouve dans une zone d’insécurité. Mais elle a fini par s’implanter. Aujourd’hui, l’histoire nous donne raison, car des villageois ont frôlé la mort. Nous avons tout fait pour arrêter ce danger. Mais personne ne nous a écoutés’’, martèle Maguèye Ndiaye.

Ruminant toujours sa colère, le premier magistrat de la ville de Notto Gouye Diama soutient avoir toujours déclaré que ‘’toutes les conditions d’une quelconque exploitation gazière n’étaient pas réunies’’ à Ngadiaga. C’est pourquoi il demande au président de la République, Macky Sall, d’organiser une rencontre tripartite entre la société Forteza, Petrosen et la municipalité, afin de travailler à trouver une solution définitive et épargner les populations de tout danger. A son avis, la recherche de la solution, c’est ‘’maintenant ou jamais’’.

Poursuivant, Maguèye Ndiaye, qui s’est rendu sur le site avec ses administrés, invite à nouveau le chef de l’État et son gouvernement à déployer des moyens de sécurité conséquents dans les usines d’exploitation de gaz, afin d’éviter au Sénégal de connaitre un drame que tous pourraient regretter.

Comme l’édile, le porte-parole des villageois de Ngadiaga souligne qu’avant que Forteza ne débarque dans leur localité, les populations avaient dit toutes leurs craintes et inquiétudes. Le village de Ngadiaga a fait appel à l’activiste ‘’national’’ Guy Marius Sagna pour aider les populations à résoudre les difficultés que leur inflige Forteza. Mais ce point de presse qu’ils ont voulu tenir sur le site n’a jamais eu lieu. Car, avant même de procéder à la déclaration, Samba Gadiaga rappelle que des gendarmes, en compagnie de l’autorité préfectorale, sont venus les ‘’encercler et les menacer’’ de vider les lieux.

‘’Aujourd’hui, le danger est permanent, avec l’explosion de ce puits. Cette explosion a provoqué de graves brûlures à Henry, l’ingénieur américain, chef de la plateforme. Nous interpellons le chef de l’État qui connait mieux que quiconque les difficultés de la localité, pour y avoir été directeur général de Petrosen à faire tout son possible pour épargner les villageois de Ngadiaga de tout danger’’, souligne Samba Gadiaga.

Les assurances de la tutelle

Venue s’enquérir de la situation, la ministre du Pétrole et des Energies, Sophie Gladima Siby, rassure sur ‘’tout risque d’explosion’’. Cependant, l’ancienne ministre en charge de l’exploitation minière précise que cet incendie risque de prendre du temps, ‘’parce que ça va prendre quelques jours pour boucher complètement le trou’’. Sur place, elle a expliqué ce qui a conduit à cet incendie. ‘’C’est la première fois que l’on voit un tel évènement. On ne peut pas affirmer qu’il n’y a pas de danger (…). C’est une étincelle qui a amené ce feu-là. C’est le même phénomène que l’on voit au niveau de la Société africaine de raffinage (Sar), avec la torche qui brûle. Tant qu’il y a cette venue de gaz, il y aura toujours cette flamme. Avec Petrosen et Forteza, nous sommes en train de voir comment faire pour localiser cette venue de gaz. Nous allons essayer de boucher le trou. Donc, ça va prendre quelques jours, mais cela ne sera pas long. Tout le monde est à pied d’œuvre’’, tente d’apaiser Aissatou Sophie Gladima Siby. La ministre n’a pas manqué de remercier la gendarmerie nationale ‘’qui a contenu la population qui a voulu manifester ce matin’’.

Y a-t-il eu une défaillance technique ayant conduit à cette explosion au niveau du puits de Sadiaratou 2 ? La ministre du Pétrole et des Énergies répond par la négative. Elle rappelle que cette entreprise opère dans ce site depuis bientôt trois décennies (1996) et ‘’c’est la première fois qu’un tel incident arrive’’. Pour elle, tout est loin d’être un accident technique. Pour le moment, les pertes économiques qui sont provoquées par l’incendie du puits de gaz à Ngadiaga n’ont pas encore été quantifiées.

En revanche, le directeur général de la filiale Petrosen E&P SA, Joseph Oufam Médou, pense qu’elles ‘’restent énormes’’.

CEINTUREES PAR LES PIPELINES DE FORTEZA

Les populations craignent le pire

Les assurances de la ministre du Pétrole et des Energies, de même que celles des ingénieurs de Forteza qui exploite les puits de gaz de Ngadiaga, ne rassurent pas les populations qui craignent le pire, avec les pipelines de cette société qui ceinturent leur village. ‘’Il y a encore 7 puits qui sont exploités et l’un d’eux, qui fait 2 000 m de profondeur, a pris feu, le samedi, vers 9 h. Et depuis lors, le feu n’a pas été éteint. L’Etat sénégalais est incapable de l’éteindre, de même que la société elle-même. Ce qui est paradoxal, c’est que Ngadiaga est maillé par des pipelines qui centralisent le gaz au niveau central qui est presque à 10 m des maisons. C’est inquiétant, surtout pour la sécurité des populations et des enfants qui doivent faire cours demain (aujourd’hui) dans ces conditions’’, alerte notre source, un fonctionnaire qui a requis l’anonymat.

Notre interlocuteur confie qu’ils sont tous victimes de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) des sociétés qui s’installent dans leur zone et qui exploitent le gaz, les mines, etc. Or, ce gaz méthane alimente l’usine de la Société africaine de raffinage (Sar) et la Sococim. ‘’Il y a des impacts environnementaux. Ils ont certes construit notre école, mais cela a été très dur. Notre directeur d’école a demandé 50 tables-blancs, depuis trois ans. Mais il ne peut pas les avoir. Les enfants s’assoient par quatre. Alors qu’à côté, il y a un gaz qui est exploité. Les populations sont là, les jeunes mènent des marches pacifiques pour que la société puisse respecter sa RSE. C’est basique et c’est douloureux’’, regrette-t-elle.

Notre source renseigne également que leur village est dépourvu d’infrastructures sociales de base. Les sapeurs-pompiers viennent de Thiès. ‘’S’il y a un incendie d’un pipeline, tout Ngadiaga va brûler. L’école n’est pas achevée, l’électrification n’est pas faite. On nous dit que l’ingénieur est parti. Il n’y a pas de case de santé, etc. La mairie ne bénéficie rien de Forteza, à part, lors des ‘navétanes’, où elle apporte quelques maillots. Ce qui est terrible. Notre lycée a un déficit de deux salles de classe. Les élèves sont obligés de faire un timing de 8 h à 16 h. Il y a au minimum 900 élèves dans le lycée. Le proviseur avait sollicité Forteza pour la construction de salles de classe. Mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. Ils ont juste donné quatre rames de papier’’, s’insurge notre source contre l’entreprise.
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