En migrant, les jeunes changent leur position sociale dans la famille traditionnelle et dans les rapports sociaux, les rôles et prééminences se redistribuent. Nelly Robin décrypte ces changement fondamentaux de la société sénégalaise dans The Conversation.
Depuis l’automne, l’archipel des îles Canaries connaît une forte accélération des arrivées de migrants subsahariens, candidats à l’immigration en Europe. Plus de 2 000 ont accosté en seulement deux jours, début novembre. Parmi eux, des mineurs sénégalais. Leur présence questionne les logiques habituelles de l’émigration sénégalaise et interroge ce désir de partir coûte que coûte au péril de sa vie.
Les relations de parenté, un enjeu ambigu
Aujourd’hui, comme le montre notre récente étude, le départ du cadet, parfois très jeune, devient de plus en plus une réalité. Cela encourage-t-il une renégociation de la position sociale des nouveaux migrants au sein de la parenté ?
Dans la famille sénégalaise, au sein d’une même génération, l’autorité appartient d’abord aux aînés. L’émigration actuelle, souvent initiée par le cadet, très tôt en rupture scolaire (en raison de la surcharge des classes en primaire et de la précarité économique des familles), interroge ces principes du système de parenté et du réseau des familles qui lui sont apparentés.
La décision d’émigrer s’est individualisée. Elle n’est plus pensée dans un processus de transmission à l’intérieur du lignage ; elle substitue au droit d’aînesse l’initiative personnelle, stimulée par les responsabilités que chacun considère avoir vis-à-vis de ses parents et de l’économie familiale.... suite de l'article sur Autre presse