Ils sont nombreux à subir les variations de la température en ce mois de novembre habituellement marqué par la fraîcheur. Souvent trop vêtus ou pas assez couverts, hommes et femmes vivent des perturbations. Ces oscillations du mercure mettent en déroute des économies et des choix vestimentaires.
La grisaille est encore présente. Il fait frisquet en ce jour d’école. Nombre de visages d’écoliers ressemblent à des tableaux de peinture quelconque. Des contours des cils, du cuir chevelu sont comme tracés par la craie. Des peaux desquamées et des lèvres gercées. Le lait de corps et autres baumes hydratants marquent de traits délébiles leur importance. Le plastique des potaches pâtit de cette déshydratation. En effet, un air frais et très sec a asséché bien des épidermes.
Si certains ont bénéficié des soins bienveillants de leurs parents en alignant de beaux blousons, d’autres n’ont que leur T-shirt et leur blouse au nom de l’école Médina-Mbao Gare 1. À des degrés différents, ils sont exposés à une baisse de températures inattendue ou du moins prévue par empirisme. En fait, certains ont été pris au dépourvu à cause de la forte canicule d’avant-hier et même des jours précédents. Même si les prévisions météorologiques avaient indiqué pareille situation, d’aucuns se suffisent de leur expérience. Pourtant, elle leur joue des tours depuis bien longtemps.
En ce mois de novembre où la norme géo-climatique était une fraîcheur constante à Dakar, les variations thermiques persistantes viennent mettre en doute beaucoup de certitudes. Maguette Séne est rabatteur à l’arrêt bus de Keur Mbaye Fall. Sous un ciel gris, il se prépare à rejoindre son lieu de travail. Il est, aujourd’hui, vêtu d’un pantalon kaki et d’un sweat-shirt noir. Ce quinquagénaire n’est pas trop adepte des produits hydratants. Pourtant, il lui en faut ; au moins, pour ses mains. Elles semblent sortir d’un sac de ciment. Son teint noir souligne davantage cette desquamation de la peau. Il ne comprend plus rien à ce climat. «Le temps est inconstant. Il peut faire frais le matin mais durant la journée, de fortes températures se font ressentir. Face à cette situation, je tarde à prendre mes précautions parce que je ne sais pas quel temps il fera la seconde d’après. Je préfère attendre que le climat se stabilise avant de laver les pull-overs que je n’ai pas portés depuis l’année dernière », explique-t-il. Maguette a du mal à comprendre ce chamboulement climatique. Originaire de la région de Diourbel où vit sa famille, il affirme que ces changements s’observent dans cette zone de la même manière. «D’habitude, la fraîcheur s’installe à la fin des récoltes. Mais en ce moment, chez-moi, mon épouse m’a dit qu’il fait chaud toute la journée et que les températures baissent la nuit ; mais remontent dès les premières lueurs du matin», ajoute-t-il.
Temps trop changeant
La même incompréhension saisit Fatoumata Baldé. Elle est Bissau-guinéenne. Cette ménagère établie à Dakar depuis plus de 15 ans, avec sa famille, dit être perdue. En fait, elle tient une friperie devant sa maison. À la mi-journée, alors que le soleil au zénith se fait ressentir assez faiblement, elle raconte avoir totalisé quelques ventes. «J’ai acheté ce lot de tenues pour le froid, il y a bientôt un mois. Mais je peine à les écouler du fait de la persistance de chaleur ces derniers jours. Par contre, aujourd’hui, j’ai pu en céder quelques-unes puisqu’il fait un peu frais. J’espère que cela va perdurer», souhaite-t-elle avec un wolof soutenu. Elle ajoute, par ailleurs, que c’était la même situation l’année dernière, Fatoumata confie qu’elle n’a pas pu réaliser le bénéfice escompté car le temps était trop changeant.
Par opposition à Maguette et Fatoumata, Ousmane Mbaye est convaincu que la fraîcheur est bien installée malgré les oscillations des températures. Il révèle qu’il a déjà fait ses emplettes en conséquence. Il est vendeur de bijoux au marché de Keur Mbaye Fall. «J’ai réalisé une bonne affaire dernièrement. J’en ai profité pour payer des tenues adaptées et une grande bouteille de lait de corps pour mes deux enfants », déclare-t-il. Il soutient qu’à chaque année, la fraîcheur tarde à s’installer mais finit par être effective tout de même. «Alors mieux vaut se préparer à l’avance parce de toute façon, je pense que c’est une saison inéluctable», est-il, convaincu.