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Entretien avec le président du Cng de lutte – LES DERNIERS COUPS DE POING DE ALIOUNE SARR
Publié le vendredi 6 novembre 2020  |  Le Quotidien
Entretien
© Autre presse
Entretien avec le président du Cng de lutte, ALIOUNE SARR
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L’attente fut longue. Pour un rendez-vous fixé à 16h 00, c’est finalement au-delà de 18h 30 que nous avons fait face à Alioune Sarr. Normal ; entre les consultations, les coups de fil et les urgences du médecin-gynécologue, il fallait être patient et surtout s’armer de «gris-gris» au fond de son «Thioumou­kaye». Car quand on fait un «face2face» avec le patron de la lutte sénégalaise pour son «dernier combat», il faut être blindé. Du coup, cette longue attente était tout bénef’ car nous ayant permis de mieux peaufiner notre armada mystique, pour pouvoir bousculer celui qui a «terrassé» tous ceux qui voulaient mettre du sable dans son projet de professionnaliser le «sport de chez nous». Rigueur, sérénité, droit sur ses principes mais aussi avec une bonne écoute : voilà ce qui caractérise l’homme. Imperturbable aux attaques, le Dr Sarr est resté zen durant tout son long magistère. Fort d’un bilan positif, pour avoir permis aux lutteurs d’être enfin considérés et de découvrir une certaine assise financière, le désormais ex-patron de la lutte sénégalaise quitte l’arène la tête haute, «sans regret, soulagé, tranquille». Balancement de bras avec ce lutteur hors pair, au «Nguimb de fer» et qui, avec la confiance de 13 ministres des Sports, a su dompter la lutte avec frappe pendant 26 ans.

Président, avant d’entrer dans le vif du sujet, racontez-nous votre dernière réunion avec vos collaborateurs du Cng…
Effectivement nous nous sommes réunis lundi (26 octobre) au niveau du Comité national. Comme vous le savez, le mandat en cours devait se terminer le 31 octobre qui est tombé un samedi. Il était donc normal que nous nous réunissions ce lundi qui est notre habituel jour de réunion hebdomadaire.
Nous rendons grâce à Dieu parce que déjà en 2018, peut-être que beaucoup de personnes ne le savaient pas, le comité que je dirige savait qu’il vivait son dernier mandat qui a expiré le 31 octobre.

Ah bon ! Vous faites-là une révélation…
En effet, en accord avec le ministre des Sports, Matar Ba, il a été retenu que le mandat du Cng, reconduit en 2018 pour deux ans, ne serait pas renouvelé. C’était consensuel. Le ministre et moi nous avons arrêté en 2018 que c’était le dernier mandat du Cng que moi Alioune Sarr je dirigerai. C’était clair.

Vous avez donc dû rire sous cape pendant ces deux ans où certains lâchaient le même refrain : «Alioune Sarr doit partir !»…
(Rire). Toutes ces excitations ces deux dernières années c’était du temps perdu. Disons que je m’amusais à reprendre l’expression : «Ceux qui en parlent le plus ce sont ceux qui en savent le moins.» Comme on dit, les tonneaux vides font beaucoup de bruit. Ceux qui s’agitaient disent connaître la lutte alors qu’ils ne sont au courant de rien.
Mais quand même, c’est l’occasion pour nous de rendre grâce à Dieu de nous avoir permis, pendant 26 ans et quelques mois (mars 94), de servir notre pays à travers l’activité sportive qu’est la lutte. Nous avons eu la chance de partager ce comité avec des hommes de très grande qualité, très grande valeur. Des professeurs d’université, des enseignants, des médecins, des banquiers, des officiers supérieurs de la Douane, de grands champions de lutte qui ont fait leurs preuves, etc. Et ce qui m’a le plus plu c’est la façon dont la mission a été acceptée. Mission que nous avons partagée avec beaucoup de conviction.

Côté ambiance, on imagine qu’il y a eu de l’émotion au cours de cette dernière rencontre ?
Ah oui ! A cette dernière réunion il y a eu beaucoup d’émotion surtout par rapport à nos disparus. Nous avons eu tous une pensée pieuse pour ceux qui étaient avec nous et qui sont partis. Je peux citer Mactar Diop, le grand arbitre international, le grand reporter Moustapha Ndiaye, l’homme de «Sport de chez nous». Il était mon premier conseiller au niveau de la lutte et qui m’a énormément apporté, par son expérience, sa sagesse et sa belle vision du monde. Il y a Maguette Diop, éminent magistrat, le président Pape Armand Ndiaye, ingénieur en génie civil, Ibrahima Ndoye, ancien Directeur général de la Sotrac. Comme vous voyez au sein du comité il y avait du grand monde, de grands hommes. Que tous ces gens et ceux qui ont accompagné le Cng dans l’anonymat trouvent ici toute ma reconnaissance et ma gratitude à leur égard. Nous allons partir mais je pense que nous allons avoir une chance très rare : c’est qu’au moment de notre départ tout le monde sera content.

C’est-à-dire ? Précisez votre pensée…
Je parle de ceux qui nous ont accompagnés à tous les niveaux et qui depuis quelques années souhaitaient mon départ parce qu’ils avaient mal d’entendre certaines choses non fondées ; oui ces gens seront contents. Et j’ai une pensée pieuse pour certains d’entre eux que je ne citerai pas pour respecter leur discrétion de leur vivant. Ceux qui se sont déplacés jusqu’à mon lieu de travail pour me demander de quitter le Cng parce qu’ils avaient mal par rapport à ce qu’ils entendaient seront aussi contents. Ceux qui à travers les réseaux sociaux m’insultaient, ils seront heureux parce qu’enfin Alioune Sarr est parti (rire). Donc c’est rare en partant de faire plaisir à tout le monde. Et ce Cng que je dirige va le réussir. C’est ça la vie !
J’ai toujours l’habitude de dire que toute chose a une fin. Aujourd’hui la seule chose qui est reprochée au Cng c’est d’avoir une longue durée, une longue vie à la gestion de la lutte au Sénégal.

Justement, en parlant de ces 26 ans à la tête du Cng, quel bilan en tirez-vous ?
Force est de constater qu’en mars 1994 quand le ministre Ousmane Paye nous confiait le Cng, il y avait peu d’activités au niveau de la lutte. 26 ans après, reconnaissons quand même qu’il y a eu des avancées. La première chose est que nous avons donné une âme à la lutte à travers les textes. J’avais promis de faire en sorte que les lutteurs, les promoteurs et les amateurs ne soient pas les perdants dans leurs activités. Combien étaient les lutteurs avant 94 qui avaient une vie décente, une bonne assise financière ? Ils étaient très peu nombreux. Aujourd’hui je ne dis pas qu’ils font légion mais ils en existent quand même. Dans tous les foyers maintenant on souhaite avoir un lutteur qui puisse apporter 100 millions ou plus. Les champions ont acquis une reconnaissance sociale maintenant et peuvent rencontrer les autorités nationales et même internationales sans problème. Il y aussi les promoteurs. Ceux d’entre eux qui ont voulu travailler dans la droiture ont trouvé leur bonheur dans la lutte. De même que les amateurs en général. Mais une œuvre humaine n’est jamais parfaite. Mais je persiste et signe je ne regrette rien dans tout ce que j’ai fait au sein du comité. Parce que rien n’a été fait sous le coup de l’émotion ou de la colère. Tout a été mûrement réfléchi, tout a toujours été une décision collégiale et nous nous sommes toujours appuyés sur les textes pour prendre les décisions.

Sous votre présidence, reconnaissons que le lutteur a gagné en considération et aussi financièrement…
En 1994 pour mon premier mandat, j’avais dit que je ferai en sorte que les composantes de la lutte se retrouvent dans leur activité. Que les amateurs ne soient pas déçus par des combats qui se terminaient dans la confusion ; que les promoteurs qui investissent leur argent puissent y trouver leur compte ; que les lutteurs qui descendent dans l’arène et qui sont les acteurs principaux puissent vivre de leur métier. Et je pense que pour ces trois objectifs, nous avons essayé de faire de notre mieux.

Au moment de partir, qu’est-ce que vous ressentez personnellement ?
Je fais partie des hommes que les missions chargent. Quand on est nommé, on doit avoir peur, peur de décevoir. Partout où je suis passé, tant sur le plan sportif que professionnel, j’ai donné tout ce que j’avais. Parce que je voulais le jour du départ pouvoir regarder tout le monde dans les yeux et leur dire merci. Et cette mission en fait partie.
Je pars sans regret, je pars soulagé, tranquille, parce que je pense que j’ai accompli au mieux ma mission. Nous partons sans regret, soulagés, tranquilles, parce que tout ce que nous avons fait nous l’avons fait pour l’intérêt général.

A chaque fois vous avez été reconduit pendant 26 ans par 13 ministres des Sports. Quel est votre secret ?
Faut reconnaître qu’il y a toujours eu une confiance entre le Cng et la tutelle et cela corroboré par la transmission régulière des rapports administratifs et financiers. Nous avons géré sans état d’âme, en sanctionnant positivement ou négativement. Et contrairement à ce que disent certains, nous avons le sens de l’écoute. Nous savons analyser et nous savons aussi prendre des mesures fortes. Je n’ai jamais été gêné dans la prise de décision parce que nous ne nous reprochons rien. Et c’est l’occasion de remercier ces 13 ministres des Sports, de Diouf, Wade et Macky Sall, qui ont fait confiance au Cng et qui nous ont donné l’occasion d’exprimer notre amour notre passion pour notre pays.

N’avez-vous pas hésité au moment de prendre certaines décisions fortes, comme la suspension de Tyson et celle des arbitres ?
Du tout ! Ces décisions ont été prises sans état d’âme. Parlons de Tyson. Il a été ces 20 dernières années le phénomène le plus «puissant» de la lutte sénégalaise. Il est venu avec une nouvelle philosophie. Une anecdote : je me souviens lors de son combat gagnant contre Moustapha Guèye en 1997 avec le drapeau «Solidarité Partage», il est venu dans la loge où il y avait l’épouse du président de la République, Abdou Diou. Quand Tyson s’est retourné en regardant la tribune découverte, il s’est mis à pleurer. Mme Abdou Diouf m’avait demandé de lui poser la question pourquoi il pleurait. Tyson a répondu qu’il pense à demain. Soutenant qu’aujourd’hui tout ce beau monde est heureux parce qu’il a gagné. Et qu’en sera-t-il le jour où il perdra ? Une réflexion qui en dit long sur l’état d’esprit de ce champion. Evidemment il y a cette tache noire liée à sa suspension. Le jour de son combat contre Bombardier, d’après l’arbitre, ils sont allés tous les deux au sol. Les juges ont souhaité que le combat reprenne. Il en a décidé autrement. Et nous avons appliqué le règlement qui est clair pour ce genre d’attitude. Tyson a été sanctionné en fonction de la gravité de sa faute. Parce que ce jour-là, avec un stade archi plein il pouvait y avoir des morts. Un combat pour ce qu’il y a de meilleur dans l’arène qui se termine en queue de poisson, il fallait prendre une décision pour l’exemple. Mais reconnaissons-lui une chose : il est resté égal à lui-même durant sa suspension. On ne l’a pas entendu dire certaines contre-vérités juste pour tirer la couverture de son côté. Et par la suite Dieu a fait qu’on a partagé le Cng pendant deux ans. Il nous arrivait de revenir sur cette sanction en riant…

Cette lourde sanction contre les arbitres a aussi fait polémique…
Nous avons été défiés par les arbitres. En réunion de bureau, leur président a dit si vous ne réglez pas nos problèmes, nous allons en grève. Et le président de la Commission règlement et discipline lui a tout de suite répondu : je ne vous le conseille pas. Il a insisté et j’ai clos le débat en leur disant si vous prenez vos responsabilités, le Cng aussi saura prendre les siennes. Ce qui a été fait. Les arbitres ont été entendus par la Commission discipline qui a proposé des sanctions et qui ont été transmises aux intéressés. A eux maintenant de remettre en cause ces sanctions en interjetant appel. Ce qu’ils n’ont pas fait, préférant aller vers les médias pour tirer sur le Cng. Ils ont même dit qu’ils voulaient des assurances. Le problème a été posé et accepté mais pas seulement pour les arbitres mais pour tout le monde, tous ceux qui sont exposés y compris les organisateurs. Ils ont donné l’exemple des lutteurs oubliant que les lutteurs s’assurent avec leur argent. Donc vraiment pour ces deux cas on n’a rien à se reprocher.

Vous avez une famille, des proches, des sympathisants. Avec toutes ces attaques venant d’un peu partout, est-ce que, à un moment donné pendant ces 26 ans, vous n’avez pas pensé à démissionner ?
Du tout (catégorique). Ce n’est pas mon tempérament, ce n’est pas ma nature. On est prêt à tout pour sauvegarder notre dignité et notre loyauté. La devise du Sénégal c’est «on nous tue, mais on ne nous déshonore pas». C’était difficile, mais nous n’avons jamais reculé devant la difficulté parce que la nature humaine elle est faite ainsi. Il faut savoir dépasser les difficultés, les transformer en énergie positive pour mieux rebondir. C’est vrai, il y a eu des moments difficiles, mais nous avons toujours eu cette philosophie en se disant que ceux qui critiquaient étaient convaincus eux-mêmes qu’ils ne disaient pas la vérité. Ça toujours été ma conviction. Et ceux qui parlaient se cachaient derrière un petit micro ou un petit écran pour dire certaines choses. Mais ils n’ont jamais eu le courage, alors qu’ils avaient la possibilité de venir au Cng ou de faire face à Alioune Sarr. C’étaient plutôt des coups de poignard dans le dos. Personnellement donc je refuse de boxer dans ces catégories-là.

Avec tout ce qui s’est passé, avec des fois des attaques méchantes et personnelles, vous en voulez à certains ?
Aujourd’hui, je demande pardon à tout le monde et je pardonne à tout le monde. Je demande pardon à tous ceux qui ont été de mon côté, ma propre famille biologique, ma famille élargie, mes amis, mes collaborateurs au niveau du bureau et du Cng élargi. Je demande pardon à ces Sénégalais que je n’ai jamais vus, que je n’ai jamais croisés mais qui à travers mes interventions m’ont aimé, ont prié pour moi, m’ont accompagné. Et sous ce chapitre, une petite anecdote : un jour, ici à côté de mon bureau, un vendredi, je tombe sur un Monsieur qui m’interpelle. Je ne le connaissais pas. Il se présente : «Je suis un Inspecteur général d’Etat.» Et c’est juste pour me dire : «J’apprécie bien ce que vous faites. Et j’ai dit autour de moi que votre leadership devait être enseigné à l’Ecole nationale d’administration.» J’ai répondu : «Mon Dieu, vous êtes gentil ! Je vous remercie.» Un tel témoignage, des milliards ne peuvent le remplacer. C’est magnifique venant de gens qui ne vous connaissent pas, qui n’attendent rien de vous et qui sont certainement mieux outillés que vous intellectuellement. J’ai aussi croisé des hommes de Dieu qui m’ont dit : «Je ne vous connais pas mais chaque nuit je prie pour vous.» Donc comment pouvez-vous avoir rencontré tous ces gens et en vouloir à des égarés ? (rire). Je suis convaincu d’une chose : Dieu est très juste. Et quand face à la difficulté, vous vous mettez sous son aile protectrice, vous avez toujours une lumière qui va jaillir pour vous aider à continuer. Ce que je regrette par contre, c’est qu’il y ait certains qui ont dit des choses sur lesquelles il y avait plus de la méchanceté que plutôt l’intérêt de faire avancer la lutte. Mais je le répète, je n’en veux à personne. Je pardonne à tout le monde et je demande pardon à tout le monde. Ça n’a jamais été dans ma volonté personnelle de faire mal pour faire mal. Par contre, je n’ai jamais hésité par rapport aux moyens qui étaient entre mes mains, de les utiliser pour faire avancer les choses dans l’intérêt du groupe.

Durant ces 26 ans, est-ce que vous aviez souhaité faire quelque chose que vous n’avez pas pu faire ?
Certainement trouver plus de moyens pour le Cng qui en manque. Et j’espère que l’Etat fera encore un peu plus d’effort pour aider ceux qui vont venir. Ce que le bureau que j’ai dirigé pendant 26 ans a accepté, sera-t-il facile pour ceux qui vont venir de l’accepter ? De mettre leur argent, de mettre leur énergie juste pour la passion et la Nation ? Je le leur souhaite vivement. Mais je sais que ce ne sera pas facile.
Durant ces 26 ans, faut dire que la lutte a été visible, elle a été beaucoup aimée à travers le monde. Jusqu’à ce que la Fédération internationale me confie la Commission mondiale de lutte africaine pour travailler pour sa reconnaissance, à travers un maximum de pays en dehors de l’Afrique et pourquoi pas un jour aux Jeux Olympiques. Ça prouve que quelque chose a été fait.

Le débat sur la mise en place d’une Fédération de lutte fait toujours rage…
J’ai entendu dire que seuls au Niger et au Nigeria, il y a des Comités nationaux de lutte et non des Fédérations, mais acceptés par le Comité international olympique (Cio) et les Fédérations. Et là je me pose la question : est-ce que c’est le nom qui est important ou la finalité de ce qui se fait dans le contenu ? On pourrait avoir une Fédération alors qu’il n’y a rien derrière. J’ai toujours refusé de me cacher derrière mon petit doigt. Si les autorités sportives qui sont venues au Sénégal, comme le président de la Fédération internationale, les membres du Cio, ont accepté et reconnu la lutte sénégalaise, c’est parce qu’elles savent que l’objectif d’une fédération ou d’une association c’est de faire en sorte que la discipline s’épanouisse. Et à notre niveau, ça été fait. Donc les terminologies ce n’est pas le plus important. Ce qui est important c’est le contenu, le management, la façon dont on dirige. C’est mon avis.

Maintenant pour la mise en place oui ou non d’une Fédération et dans combien temps ? Dès l’instant que j’ai tourné le dos, je laisse le soin à la nouvelle équipe dirigeante de se prononcer.
D’aucuns pensaient que la lutte allait aborder un nouveau tournant suite aux Assises de 2018…
Ces Assises de 2018 sont venues à un moment décidé par l’autorité politique, le ministre des Sports. En tant que démembrement de l’Etat, nous avons participé à ces Assises. Nous avons donné nos points de vue et il y a eu des conclusions. Nous avons essayé au mieux d’être en phase avec la réalité du terrain. Vous savez dans les grandes rencontres, il y a beaucoup de théories et souvent très loin de la réalité. Et de par ma déformation de médecin, je veux toujours rester un homme pratique.

Un mot sur votre longue collaboration (6 ans) avec Matar Ba, le dernier ministre des Sports que vous avez pratiqué ?
Si on a duré ensemble autant d’années (2014-2020), c’est parce qu’on se connait bien. Si on n’était pas des hommes de principe, on ne serait pas restés ensemble aussi longtemps. Je le remercie pour cette confiance renouvelée plusieurs fois. Je lui souhaite beaucoup de chance pour ses missions actuelles et à venir au niveau de l’Etat.

Et votre avenir ? Allez-vous rester dans la lutte avec vos charges de pré­si­dent de la Commis­sion mondiale de lutte africaine ?
Je vais en discuter avec les autorités de la Fédération internationale. Si j’ai encore leur confiance, je continuerai ma mission.

Qu’est-ce qui vous tient à cœur ? Avez-vous un message pour cette jeunesse sportive ?
Ce qui me tient à cœur c’est le devenir du citoyen. Le sport est une belle activité mais à très courte durée par rapport à la vie de quelqu’un. Et souvent j’entends dire au niveau des autres disciplines, ce que les principaux acteurs, les footballeurs, les athlètes… sont devenus en parlant de réussite. Mais oui ces footballeurs, ces athlètes ils ont été à l’école. J’ai vu un jeune qui jouait dans une équipe française, celle de Nice, qui avait un Bac S, mention Très bien, et qui a choisi de devenir footballeur. Celui-là demain peut devenir quelqu’un. Mais qu’en sera-t-il de celui qui n’a pas été à l’école, qui n’a pas de métier ? C’est pourquoi j’insiste souvent pour que les lutteurs apprennent un métier, qu’ils aillent à l’école. Il faut pousser ces jeunes à avoir un métier. Il y aura beaucoup d’appelés mais très peu d’élus. Et je pense que tous ces jeunes qui aujourd’hui prennent la mer au détriment de leur vie, s’ils avaient un métier, s’ils avaient été à l’école, ce chemin-là ne serait pas emprunté. Donc il faut que depuis les parents, depuis l’école, depuis l’Etat que nous aidions cette jeunesse qui sera le Sénégal de demain. Faire comprendre à ces jeunes que dans ce Sénégal, leur pays, ils peuvent avoir tout ce qu’ils veulent ; mais à condition qu’ils acceptent de se battre, loyalement, loin de la méchanceté, loin de la médisance, loin de la tricherie, à la sueur de leur front, au respect de l’autre.
Et pour conclure, permettez-moi de remercier les autorités politiques et particulièrement le président de la République. Vous avez le Président Macky Sall a beaucoup fait pour la lutte. D’abord en tant que simple ministre et ensuite comme Premier ministre. Il a été le premier à mettre 10 millions dans le Drapeau du chef de l’Etat et il n’était pas encore président de la République. Nous avons eu l’Arène nationale sous son mandat. Il a été toujours présent pour la lutte et même au-delà, pour tout ce qui touche le citoyen sénégalais en général. Nous le remercions du fond du cœur. Que Dieu l’aide dans sa mission, qu’il puisse l’accomplir au mieux pour l’intérêt général. Merci à tous les ministres qui m’ont accepté, mes collaborateurs aussi qui m’ont aidé, qui m’ont assisté. Je remercie tout le monde et je pardonne à tout le monde.
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