Installé sur le podium de Ligue 2, Sochaux va mieux que les saisons dernières. Omar Daf, le coach des Lionceaux, ne boude évidemment pas son plaisir. Surtout que pour lui, il s’agit de son club de toujours. Le coach sochalien parle également de sa relation avec le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé.
Sochaux en haut de la Ligue 2, cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé...
C’est une belle surprise, nous n’en sommes qu’à la septième journée, mais ce que nous montrons est prometteur, et l'équipe est invaincue. La dernière fois que nous avons perdu, c’est contre le Paris-SG en amical juste avant le Final 8 de la Ligue des champions (0-1). Si ce début de saison est réussi, on le doit en partie à la préparation estivale. On a bien bossé. Avec le staff, pendant le confinement, nous avions beaucoup échangé sur ce qu’on devait faire pendant la préparation. En sachant que l’effectif allait beaucoup changer, avec un mercato plus long que d’habitude. Les recrues se sont vite et bien adaptées, cela a facilité les choses.
Quel objectif vos dirigeants ont-ils fixé, pour cette saison ?
La dixième place. La Ligue 1 fait partie des projets à moyen terme, c’est l’objectif d’ici trois ans. Je me doute bien que certains supporters commencent à en rêver, c’est normal. Le FCSM est descendu en Ligue 2 en 2014, et pour un club qui a évolué si longtemps en L1, c’est très long. Aujourd’hui, on savoure. On voit des supporters qui reviennent au stade, qui semblent prendre du plaisir et qui sont heureux de voir leur équipe faire un bon début de saison. Cela fait du bien de voir des sourires, on va donc essayer de maintenir cette dynamique, mais nous savons très bien que d’autres équipes ont des effectifs faits pour jouer la montée.
Pas le vôtre ?
On a de la qualité. Il y a un mélange de jeunes, dont certains étaient déjà là la saison dernière, et de mecs plus âgés. Nous avons fait venir Florentin Pogba, Christophe Dhiedhiou, Johan Martial, Joseph Lopy - qui est un ancien club... Bref, des joueurs qui connaissent la Ligue 2. On avait besoin de ces éléments expérimentés, pour encadrer les jeunes. Mais regardez les effectifs de certaines équipes, qui jouent ouvertement la montée... Sur le papier, ils ont plus d’arguments que nous. On vient de vivre des saisons compliquées, donc parler de Ligue 1 aujourd’hui, c’est encore trop tôt. Vous allez me dire que tout peut arriver, que ce ne sont pas forcément les équipes qui ont les meilleurs effectifs et les plus gros budgets qui montent systématiquement... C’est vrai. Mais moi, je me contente juste, avec mon staff, de faire progresser cette équipe et de prendre des points. La L2, c’est difficile et très disputé. Qui sait où nous en serons dans trois, dans six mois ?
Votre équipe, depuis le début de la saison, propose un jeu plutôt offensif.
Oui, c’est la volonté du staff technique. Je fais partie de ces entraîneurs qui pensent que l’on peut avoir des résultats en jouant bien. C’est important, aussi, que les supporters qui viennent au stade prennent du plaisir. Les joueurs en prennent également et l’ADN du club, je le connais très bien : c’est de bien jouer. Il y a eu des périodes, dans l’histoire du club, où c’était peut-être moins le cas. Quand on m’a appelé en novembre 2018, j’avais un objectif qui était le maintien. On a fait avec nos armes, ce n’était peut-être pas toujours spectaculaire, mais il fallait sauver le club de la relégation. Je ne suis pas inconscient : parfois, il faut savoir jouer différemment. En fonction des évènements, parce qu’on a des absents, parce que l’adversaire est plus fort, avec un bloc plus bas... Bien jouer, c’est une chose. Mais si tu ne défends pas bien, ça ne va pas te mener bien loin.
Cela a toujours été le cas. Financièrement, la situation s’améliore. Il y a encore un peu plus d’un an, le club s’était vu imposer par la DNCG un encadrement de sa masse salariale. Pour recruter, c’était plus délicat. On a besoin de former nos joueurs qui savent qu’à Sochaux, ils auront la possibilité d’évoluer assez rapidement au niveau professionnel et d’être valorisés. Mais ils ont aussi besoin d’être encadrés par des mecs plus expérimentés, d’où notre recrutement estival.
Vous êtes un enfant du club, est-ce un atout par rapport aux supporters ?
Je ne sais pas. Ils me connaissent très bien, j’ai longtemps été joueur du FCSM, puis j’y ai commencé ma carrière d’entraîneur en assurant l’intérim en 2013 entre Éric Hély et Hervé Renard. J’y ai été adjoint, puis on m’a nommé à la tête de l’équipe première. Ils savent que pour moi, Sochaux est quelque chose à part. Ici, c’est chez moi et je m’y sens bien. Le club représente beaucoup, pour moi. Je peux vous dire que quand on se battait pour le maintien, j’ai passé quelques nuits agitées. Je veux donner le maximum avec mon staff, des gens compétents et impliqués. Je comprends parfaitement l’impatience des supporters, qui ont envie de retrouver la Ligue 1. Je ne sais pas s’ils seront plus indulgents ou plus exigeants, par rapport à moi.
Vous avez souffert intérieurement, quand Sochaux partait dans tous les sens ?
Beaucoup ! J’étais au club, donc je vivais les choses de l’intérieur. C’était compliqué sportivement, économiquement. Il a été racheté par le groupe chinois Ledus, on a ensuite vu les Espagnols arriver, et Sochaux est devenu un club satellite d’Alavés. Il y avait des mouvements de joueurs sans arrêt, les entraîneurs se succédaient. On voyait que les supporters étaient inquiets, ils ne comprenaient plus... Les dernières années n’ont pas toujours été drôles, on se demandait comment ça allait finir. Aujourd’hui, la situation est apaisée. Ce dont Sochaux a besoin, c’est de stabilité.
Il n’empêche que vous serez en fin de contrat, avec votre staff, le 30 juin prochain.
Oui. Pour l’instant, je n’ai pas eu d’échange avec mes dirigeants à ce propos. Je reste focus sur mon job, sur les matchs à venir.
Vous avez longtemps été l’adjoint d’Aliou Cissé au sein de la sélection sénégalaise, pourriez-vous le redevenir ?
On a fait la Coupe du monde ensemble, mais depuis je suis l’entraîneur de Sochaux, ce n’est plus possible. Avec Aliou, il y a un lien très fort. On s'appelle régulièrement, il est passé à Sochaux cet été. On retravaillera peut-être ensemble, un jour. Je suis un jeune entraîneur, j’ai besoin d’être sur le terrain tous les jours. Sélectionneur, c’est une autre façon de travailler. Je ne dis pas que je ne serai jamais tenté par une sélection, c’est quelque chose de passionnant. On verra ce que l’avenir nous dira, car dans ce milieu, il ne faut fermer aucune porte.