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La BM annonce des pertes de production de 115 millions de dollars
Publié le samedi 10 octobre 2020  |  Enquête Plus
Ousmane
© Autre presse par DR
Ousmane Diagana, le nouveau directeur des Operations de la Banque mondiale
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Cette année, le ralentissement sensible de l’activité économique devrait coûter au moins 115 millions de dollars de pertes de production à la région. On s’attend à un recul de 6 % du produit intérieur brut (PIB) par habitant, entraîné notamment par la baisse de la consommation intérieure et de l’investissement. C’est ce que révèle le rapport Africa’s Pulse du bureau de l’économiste en chef de la région Afrique de la Banque mondiale publié hier.



Plombée par les retombées économiques de la pandémie de Covid-19, la croissance en Afrique subsaharienne devrait chuter à -3,3 % en 2020, entraînant la région dans sa première récession économique en 25 ans. C’est ce qui ressort de la dernière analyse de l’économie régionale Africa’s Pulse de la Banque mondiale intitulé ‘’Tracer la voie de la relance économique’’, rendu public hier.

‘’La pandémie risque aussi de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. Cette année, le ralentissement sensible de l’activité économique devrait coûter au moins 115 millions de dollars de pertes de production à la région’’, rapporte le document.

Ainsi, il est attendu un recul de 6 % du produit intérieur brut (PIB) par habitant, entraîné notamment par la baisse de la consommation intérieure et de l’investissement découlant des mesures de confinement mises en place pour ralentir la propagation du coronavirus. ‘’Bien que la pandémie n’ait pas dit son dernier mot et malgré les incertitudes liées à la résistance et à la propagation du virus, les gouvernements africains ont commencé à mettre en place des réformes et des programmes afin d’appuyer un redressement économique post-Covid-19 inclusif et durable’’, souligne le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe, Hafez Ghanem.

D’après lui, les pays de la région mettent en œuvre des politiques et des programmes créateurs d’emplois et permettant d’accélérer la transformation économique. Ceci afin de réduire dès maintenant l’impact économique de la pandémie, mais aussi de développer les capacités nécessaires à une future croissance économique inclusive. ‘’Alors que la pression exercée par la pandémie sur les économies africaines continue de se faire sentir, il est important, pour les décideurs politiques, de créer l’infrastructure nécessaire à une reprise rapide de l’économie. Des politiques solides créent les conditions nécessaires à un redressement durable et inclusif, ainsi qu’à une plus grande résilience aux chocs à venir’’, rappelle le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Ousmane Diagana.

Avec plus d’un million de cas de Covid-19 déclarés à travers le continent, la pandémie n’apparaît pas encore maîtrisée en Afrique subsaharienne. Certains pays, comme le Sénégal ou Maurice, ont su réagir à temps pour limiter la propagation des infections. Néanmoins, les mesures de confinement efficaces s’accompagnent de coûts ‘’très élevés’’ pour l’économie, comme il a été constaté à travers le monde.

‘’La voie de la relance économique s’annonce longue et difficile, mais elle peut être accélérée, solide et plus inclusive, si les pays africains accordent la priorité aux réformes et aux investissements qui permettront de relever le défi de créer davantage d’emplois inclusifs et de meilleure qualité’’, explique l’économiste en chef à la Banque mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack.

Le PIB réel de l’Afrique subsaharienne devrait remonter à 2,1 %, en 2021

Le rapport Africa’s Pulse indique également que le PIB réel de l’Afrique subsaharienne devrait remonter à 2,1 % en 2021, toujours en dessous des 2,4 % enregistrés en 2019 et inférieur à la croissance démographique. Et selon les hypothèses de projections de la BM, les nouveaux cas de Covid-19 continueront de baisser dans toute la région. De plus, de nouvelles reprises de la pandémie ‘’n’entraîneront pas’’ un confinement national. ‘’Les réponses politiques des gouvernements renforceront la confiance des entreprises et des consommateurs ; le rebond de l’économie mondiale se poursuivra et les prix des matières premières resteront stables. Si ces hypothèses se confirment, le PIB pourrait atteindre 3,2 % en 2022. L’Afrique de l’Est et l’Afrique australe devraient enregistrer une reprise d’activité légèrement plus forte, avec une croissance projetée à 2,7 % en moyenne en 2021, contre 1,3 % en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale’’, lit-on dans le rapport.
Dans le scénario pessimiste, la BM estime que le PIB de la région ne devrait augmenter que de 1,2 % en 2021 et de 2,1 % en 2022. Selon ce scénario, la forte incertitude liée à l’évolution de la pandémie limite la consommation et l’investissement intérieurs, tandis que la baisse des prix des matières premières pèsera sur les exportations. ‘’Bien que cela soit essentiel, il n’est pas facile de relancer la dynamique de réforme en temps de crise. Face à la faiblesse des bilans, les gouvernements devront mettre en œuvre des réformes difficiles pour garantir des positions budgétaires plus soutenables dans un avenir proche. Ces réformes devraient inclure une plus grande transparence et une meilleure gestion de la dette ainsi qu’une plus grande efficacité de la dépense publique’’, soutient le document.

Pour l’institution de Bretton Woods, la publication des emprunts prévus et des dettes éventuelles, et l’amélioration des systèmes d’enregistrement, de suivi et de production de rapports pourront contribuer à ‘’réduire l’opacité’’ des profils d’endettement des pays et renforcer la viabilité de la dette. ‘’Le renforcement des administrations fiscales, la réduction des flux financiers illicites et l’amélioration des systèmes de gestion des investissements publics, en particulier la gouvernance des infrastructures, pourraient améliorer l’effet de ces investissements sur la production. Ces réformes pourraient être extrêmement bénéfiques, mais nécessiteront des efforts significatifs’’, renchérit la Banque mondiale.

Pas de relance sans politiques saines

Pour les économistes de la BM, la voie de la relance souhaitée doit déboucher sur des emplois et une transformation économique, principales clés d’une croissance soutenue, inclusive et résiliente. ‘’La création d’emplois plus nombreux, meilleurs et inclusifs peut être réalisée grâce à la transformation numérique, à la réaffectation sectorielle et à l’intégration spatiale. Les pays devront étendre leur infrastructure numérique et assurer une connectivité abordable, fiable et universelle dans toute l’Afrique’’, préconisent-ils. Il sera également essentiel, d’après eux, d’assurer un transfert des ressources vers des secteurs économiques non traditionnels. Mais ayant une plus forte productivité économique, une plus faible volatilité et plus de valeur ajoutée, en tirant parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Enfin, pour la création d’emplois et la transformation économique, il est préconisé de transférer des ressources des sites moins créateurs d’emplois vers des zones plus efficaces en la matière, grâce à une meilleure connectivité entre le monde rural et le monde urbain, et entre les zones côtières et l’intérieur du pays.

Le rapport montre que l’expansion de l’infrastructure numérique et une connectivité abordable, fiable et universelle dans toute l’Afrique sont la promesse d’emplois inclusifs. Et que le recours à des solutions commerciales numériques améliore la productivité des entreprises d’Afrique subsaharienne, crée des emplois qualifiés et non qualifiés, et augmente le bien-être des ménages.

‘’Cependant, l’impact de cette révolution numérique en cours se heurte à plusieurs problèmes. Les réformes visant à combler les lacunes de l’infrastructure numérique, à améliorer l’accès aux équipements et aux services, et à développer une culture numérique sont essentielles pour élargir l’accès aux technologies numériques et réduire la fracture numérique entre les sexes, les entreprises de tailles différentes et entre les zones urbaines et rurales’’, précise le document.

Ainsi, il est suggéré que l’environnement réglementaire fournisse des ‘’incitations nécessaires’’ à une adoption rapide de la technologie numérique et à une concurrence accrue entre les opérateurs de téléphonie mobile. Ceci y compris des actions visant un accès universel et abordable à des services de communication de haute qualité, un appui à des services critiques et à une forte résilience des réseaux.

‘’Les compétences numériques, qui reposent sur les fondements mêmes du capital humain, se traduisent par de meilleures opportunités et seront donc cruciales pour éviter que des segments déjà marginalisés de la population soient exclus des avantages de la connectivité. Enfin, l’adéquation de compléments analogues est également essentielle pour profiter des avantages de l’économie numérique. Des réformes pour améliorer l’accès à l’électricité, sa fiabilité et sa consommation seront donc essentielles’’, poursuit la BM.

La Zlecaf peut jouer un ‘’rôle important’’, en réduisant les coûts de production

L’institution affirme que la création d’emplois en Afrique subsaharienne nécessitera une ‘’transition décisive’’ de l’exportation de matériaux bruts vers une augmentation de la valeur ajoutée et des chaînes de valeur intra-africaines. Pour la BM, des réformes encourageant la ‘’contestabilité des marchés’’, le commerce extérieur et les investissements directs étrangers ainsi que la participation à des chaînes de valeur mondiales pourraient exposer des entreprises africaines à une compétition plus forte.

‘’Cependant, comme il faudra du temps au commerce mondial pour se redresser, les décideurs de la région doivent promouvoir le développement de chaînes de valeur régionales tout en construisant les fondations et les capacités nécessaires à une participation continentale plus globale. La Zlecaf peut jouer un rôle important, en réduisant les coûts de production associés aux barrières tarifaires et non-tarifaires, et aux problèmes de facilitation des échanges. Des réformes réglementaires et le renforcement des capacités des institutions responsables de la mise en œuvre des obligations au titre du traité sont donc essentiels’’, souligne le rapport.

Le document note que l’amélioration de la connectivité entre zones rurales et urbaines, et entre zones côtières et intérieures et l’investissement dans les villes accroîtront la productivité agricole. Et aussi permettront de réaffecter des ressources à des sites plus efficaces et créateurs d’emplois. ‘’Les villes qui fonctionnent bien sont le berceau de l’innovation et augmentent la productivité des secteurs industriels et de services commercialisables. La stimulation de la productivité agricole et l’amélioration des conditions de vie en zone rurale, y compris la sécurité alimentaire, joueront un rôle essentiel. Les plates-formes numériques offrent aux producteurs et aux consommateurs une meilleure connectivité, améliorent l’efficacité et renforcent la transparence du système logistique alimentaire’’, relève le rapport.

Enfin, les économistes de la BM pensent que la planification des investissements dans les zones urbaines et rurales nécessite une augmentation des dépenses d’infrastructure, en particulier un accès plus large aux services infrastructurels de base.
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