L’accusé Bara Guèye, âgé de trente ans, a été condamné mercredi à cinq ans de travaux forcés, après avoir été reconnu coupable de meurtre par la Cour d’assises de Saint-Louis (Nord), siégeant à Louga (Nord), a constaté l’APS.
Le verdict a été rendu public par le président de la Cour, après une longue délibération avec ses deux assesseurs. Une sentence qui était du reste prévisible au regard des faits pour lesquels l’accusé comparaissait et du déroulement du procès.
Bara Guèye était jugé pour le meurtre d’un jeune berger intervenu le 5 août 2012 dans le village de Kadd Ballodji, dans l’arrondissement de Dahra (département de Linguère).
Ce jour-là, le corps sans vie de Déthié Diop a été retrouvé dans un champ, baignant dans son sang, recouvert de feuilles et de branches d’arbre.
Les constations d’usage des enquêteurs permirent de révéler des traces de sang et des empreintes de pas laissant croire à une lutte sur une distance de cent mètres à l’intérieur d’une prairie où le corps a été retrouvé, d’après l’accusation.
Un certificat de genre de mort produit le lendemain par un médecin du district de Dahra fait ainsi état d’une plaie profonde du cuir chevelu d’un centimètre de profondeur avec enfoncement crânien au niveau du lobe droit.
L’expert conclut à une mort probablement causée par une commotion cérébrale accompagnée d’une hémorragie massive par lésion d’un gros vaisseau.
Cette fin tragique serait la conséquence d’une bagarre ayant opposé l’accusé à la victime. Une altercation lors de laquelle Bara Guèye, saisonnier de son état, aurait asséné deux violents coups sur le cou et la tête de Déthié Diop avec une hilaire.
Selon l’accusation, les raisons de cette altercation sont à chercher dans les propos aigres-doux que les deux protagonistes se seraient échangés. Tout serait parti d’un différend né de la volonté de l’accusé de contraindre la victime, alors accompagné de ses jeunes frères, à éloigner ses bêtes de son exploitation agricole.
‘’La nature des blessures, les régions du corps visées et les différents éléments relevés dans la procédure d’enquête permettent d’asseoir l’intention de l’accusé de donner la mort. C’est un homicide volontaire’’, a soutenu le ministère public. Toutes choses qui l’ont poussé à requérir une peine de 15 ans de travaux forcés.
Ce contre quoi l’avocat de la défense, Me Moustapha Diop, s’est élevé, estimant que son client se trouvait au moment des faits dans une situation d’agressé. Selon lui, c’est la victime qui a d’abord donné deux coups de coupe-coupe sur l’avant-bras de l’accusé.
‘’Il n’y a pas de meurtre sans mobile. Et dans cette affaire, le mobile n’existe pas, puisque mon client ne connaissait même pas la victime. Il a certes porté aveuglément des coups, mais n’a visé aucune partie du corps’’, a-t-il dit.
Me Diop a ainsi sollicité une disqualification des faits de d’homicide volontaire en coups mortels sans avoir l’intention de donner la mort. Il a en outre invité la Cour à retenir l’excuse de provocation, tout en invoquant de larges circonstances atténuantes en faveur de son client.
En fin de compte, le président de la Cour et ses assesseurs ont semblé avoir coupé la poire en deux, tout en recevant la constitution de partie civile du père de la victime qui devra néanmoins produire un certificat d’hérédité avant la fixation du montant des dommages et intérêts.