A l’approche des élections locales prévues le 29 juin 2014, une nouvelle polémique enfle au Sénégal autour de la liste de la ville de Touba, cité religieuse, capitale de la puissante confrérie des mourides. Pour ces élections, une seule liste se présente, celle de la coalition présidentielle, mais elle ne respecte pas la nouvelle loi sur la parité.
Avec notre correspondante à Dakar,Carine Frenk
« Le Khalife général des mourides a choisi des hommes pour conduire la liste de Touba », explique Moustapha Cissé Lô, député de l'Alliance pour la Républiue (APR) de la Ville sainte. « Il faut respecter ce choix au nom de la religion, car la parité est contraire aux principes de l’islam ». Pour ce député, « c’est donc la loi sur la parité qui ne correspond pas aux réalités socio-culturelles du pays ». Faut-il, dans ces conditions, abroger la loi sur la parité intégrale ou prévoir un statut spécial pour la Ville de Touba qui, déjà dans les faits, bénéficie d’une telle exception ? Moustapha Cissé Lô se dit en tout cas déterminé à poser le débat.
« C’est parti pour être compliqué »
Du côté des autorités, abroger la loi n’est plus possible. Un statut spécial pour Touba ? « Il n’en est pas question, ce serait ouvrir une boite de pandore », s’insurge Cheikh Dionne, lui aussi député du parti de Macky Sall, l’APR. « Nous sommes en République et la République est une et indivisible », ajoute le député, qui se prononce pour l’invalidation pure et simple de cette liste, car elle n’est pas conforme au code électoral.
Valider ou invalider, c’est toute la question. Si les autorités politiques ne tranchent pas, explique une source au sein de la Commission électorale nationale autonome, la Céna se réunira pour prendre une décision finale. « C’est parti pour être compliqué », ironise un analyste politique sénégalais.