Pape Massata Diack ne cache pas sa colère contre la justice française. L’ancien conseiller marketing de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) a livré, hier, sa part de vérité et confirmé son appel contre sa condamnation à 5 ans de prison ferme et l’interdiction de toute activité relative au sport par la 32e Chambre de tribunal de grande instance de Paris.
La prolongation du procès de la corruption à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) se poursuit avec les sorties répétées de Pape Massata Diack impliqué dans le dossier. Le fils de Lamine Diack, condamné à 5 ans de prison ferme, a récidivé hier, à l’occasion d’une conférence de presse. L’agent marketing, frustré par le délibéré du 16 septembre dernier, s’en est pris à la France.
‘’La justice française a menti, dans cette affaire. Les Français n’ont aucune leçon de morale à nous donner. Nous n’allons jamais accepter des accusations fallacieuses. Désormais, toute divulgation par voie de presse venant de la France fera l’objet d’une réplique. Nous allons parler et je vous assure que si Lamine Diack parle, le Comité international olympique va exploser’’, a-t-il averti.
Il a, par la suite, pris le temps nécessaire pour récuser les sanctions prononcées contre sa personne et les infractions pour lesquelles il est poursuivi. Diack fils a attaqué le jugement rendu le 16 septembre dernier par la 32e Chambre du tribunal correctionnel de Paris qu’il qualifie de cabale contre lui et son père. ‘’Le procès a été programmé pour aboutir à une condamnation suivant les réquisitions du parquet’’, a-t-il souligné.
Selon lui, cette décision est dépourvue de toute logique, car elle le condamne à une peine beaucoup plus sévère que son père. ‘’Le juge explique que je ne suis qu’un émissaire de Lamine Diack et donc son complice. Mais le paradoxe, c’est qu’il me condamne à deux fois plus sévère. J’ai écopé plus du double des deux ans ferme prononcés contre mon père, c’est-à-dire cinq ans d’emprisonnement’’, indique-t-il.
D’après M. Diack, cette condamnation dont il fait l’objet démontre la volonté des juges consistant à le nuire, du moment qu’ils n’ont pas digéré son absence tout au long de la procédure. Le patron de Pamodzi précise tout de même que son absence ne signifie pas une fuite en avant. ‘’Je n’ai jamais fui, parce qu’il n’existe aucun élément pouvant me retenir en France. Je n’ai pas une résidence en terre française et je ne suis pas non plus un citoyen français. La justice française a mis en place une commission rogatoire avec le Sénégal. C’est dans ce sens-là que j’ai été entendu par la Division des investigations criminelles. Le dossier a été ensuite envoyé en France. J’ai envoyé mes deux avocats, Me Moussa Sarr et Me Aly Fall, pour me représenter en janvier 2020, quand le procès a été programmé pour la première fois’’.
Pape Massata Diack a, en outre, soutenu que les sanctions prononcées sont disproportionnées entre les Sénégalais et les Européens. ‘’Les Russes Melnicov et Balachnitchev’’ ne sont pas venus et on les condamne à 3 ans de prison ferme et sans amende, alors qu’ils sont poursuivis d’extorsion de fonds. Habib Cissé et son compatriote français ont été condamnés à des peines de sursis et à des amendes dérisoires’’, regrette-t-il.
Après les condamnations, l’ex-conseiller en marketing de l’IAAF s’est attaqué aux infractions que la justice française lui reproche. Pour lui, aucun des délits (corruption active, corruption passive et détournement de fonds) n’est constitué après quatre années d’enquête. Concernant le détournement de recettes d’un contrat de sponsoring par le biais d’un système mis en place par Lamine Diack, Pape Massata dit être surpris par cette accusation. Pour lui, les juges lui ont attribué à tort le titre de conseiller marketing de son père. ‘’Mes contrats sont là et l’argent que j’ai reçu a eu de la traçabilité avec des virements par compte bancaire. Il n'y a aucune nébuleuse ou corruption. J’ai gagné mon argent de façon légale grâce à mes commissions de contrats que j’avais signés avec la Russie, la Chine, Abu Dabi. Et pour cela, on m’a condamné sans pour autant auditionner mes mandataires’’, a-t-il insisté.
Violation de ses droits tout au long de la procédure
L’autre ‘’contresens juridique’’, selon le fils de l’ancien président de l’IAAF, c’est sa condamnation pour corruption avec des athlètes russes, alors que ces deniers n’ont été renvoyés devant aucune juridiction. ‘’Le délit de corruption suppose la présence de deux parties. Les 5 athlètes russes ont payé de l’argent et pourtant, ils n’ont jamais été inculpés ou mis en examen. Si on suit donc la logique du juge, les athlètes russes ont versé 3 450 000 euros à des personnes inconnues et il n’y a aucun corrompu. La vérité, c’est que les faits de raquette et de corruption sont imputés à Melnicov et Balachnitchev, informe-t-il.
L’ancien agent marketing de la Fédération sénégalaise de football n’a pas manqué de dénoncer la violation de ses droits de défense. Pour lui, la tenue du procès en pleine période de pandémie de Covid-19 a empêché ses avocats, Aly Fall et Moussa Sarr, de se déplacer à Pairs afin de le défendre. ‘’En ce qui me concerne, la procédure a été faite dans le sens de me condamner. Quand la justice française a renvoyé le procès de janvier à juin, les juges ont refusé de me transmettre le dossier pénal. Ils m’ont remis le document de 9 600 pages, le 5 juin, soit à cinq jours du procès. L’audience de mise à niveau a eu lieu également à l’insu de mes avocats. Il y a eu également l’incompétence du tribunal, parce que les faits ne se sont pas produits à Paris et personne n’a compris pourquoi l’instruction n’a pas eu lieu à Monaco. J’ai aussi noté des manquements de l’enquête qui n’a duré que 50 jours’’.
Cette sortie de Pape Massata Diack intervient quatre jours après l’annonce de son appel contre le jugement rendu en première instance par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Paris. Il a confirmé l’exercice de cette voie de recours et sa volonté de laisser le soin à ses avocats sénégalais Aly Fall et Moussa Sarr de le défendre jusqu’au bout de ce marathon judiciaire.