Un procès injuste et inéquitable. C’est en ces termes que Pape Massata Diack a qualifié le procès de l’affaire de corruption de l’Iaaf qui a retenu sa condamnation et celle de son père. Face à la presse et documents en mains, il promet de ne plus se laisser faire face à de fausses accusations.
La décision du juge de la 32e Chambre d’accusation française condamnant Pape Massata Diack à 5 ans de prison ferme et son père, Lamine Diack, à 4 ans dont 2 ans avec sursis dans l’affaire de corruption à l’Iaaf, est une pilule difficile à avaler pour le patron de Pamodzi Sport Consulting. Ce dernier a saisi hier le prétexte d’une conférence de presse pour réfuter les accusations portées à son encontre et à l’endroit de son pater. Dans sa déposition devant les journalistes, Pape Massata Diack n’a pas caché son intention de ne pas se lasser détruire par un procès qu’il qualifie «d’inéquitable et d’injuste».
Quand son père a été arrêté, le temps d’information n’a duré que 50 jours, alors que pour Michel Platini, il a pris trois ans, soutient-il en guise d’exemple. Il trouve aussi que l’enquête n’est pas exhaustive comme le prétend le juge Baudel parce qu’il n’a jamais été entendu. Et ses avocats n’ont jamais été invités pour l’audience de mise à niveau, dénonce-t-il. Ce qui l’amène à dire qu’il va interjeter appel parce que la justice française lui a refusé ses droits de défense. Il se fera représenté par ses avocats, dit-il.
Revenant sur les faits qui lui sont reprochés, il démonte documents en mains, un à un les faits qui lui sont imputés. D’abord sur l’escroquerie, le fils de Lamine Diack botte tout en touche. «Il a été dit que Pape Massata Diack a cherché à escroquer de l’argent comme tout le monde en demandant 650 mille euros à l’athlète turque. Et quand j’ai vu le dossier pénal j’ai rigolé. Je ne l’ai jamais rencontrée de ma vie», a-t-il déclaré.
Cependant, le directeur de Pamodzi Sport reconnait être en son temps, très proche de son père avec qui il a travaillé depuis 1990. Mais cela ne veut pas dire qu’il occupait tous les domaines, précise-t-il à l’intention de ses détracteurs. «Ils ont besoin de moi, il y a une réunion. Ils m’ont dit : «Pape Massata tu peux te joindre à nous pour aider à argumenter le dossier auprès d’un client d’une télévision qui va acheter les droits.» J’ai préféré me taire parce qu’il y avait un problème familial. Il y a aussi le fait que la Turquie entretenait une très bonne relation politique et économique avec le Sénégal. La réalisation de l’aéroport de Diass a été confiée à la Turquie, le Dakar Arena et d’autres chantiers. Je me suis dit, mieux vaut ne pas envenimer cette affaire. Et j’ai avalé la couleuvre et j’ai laissé passer», ajoute-t-il.
Mais malgré qu’ils n’ont aucune preuve, aucune évidence m’impliquant sur quoi que ce soit, ils ont préféré intenter le procès, déplore le fils de l’ancien président l’Iaaf.
A propos de la corruption passive et de complicité et de négociation de contrat Btb et Rtl, dont il lui est aussi reproché, Pape Massa Diack se veut plus clair. «Je vous dis tout de suite que Btb est le client de l’Iaaf depuis 2007. Voici la lettre de Btb signée le 20 décembre 2016 par André Kostine, adressée à Lamine Diack», brandit-il. Avant de contester avec véhémence la qualification de la justice française disant «qu’on a cherché à gagner de l’argent de Btb suite à ce problème de dopage».
Selon Pape Massata, tous les documents exhibés qui sont dans la commission rogatoire, ont été envoyés par le ministère de la Justice sénégalaise au mois de novembre 2019. Mais ils ont été zappés par la justice française.
Accusé d’avoir gagné des dizaines millions dollars sur ce contrat, Diack-fils dira que le montant comptabilisé dans le rapport de l’Iaaf qu’il a déposé le 3 mai 2015, est de 30 millions 367 mille dollars.
Diack-fils lave son père
Sur les droits de télévision en Russie, il lui est reproché de les avoir négociés à hauteur de 6 millions d’euros pour les cas de dopage en contrepartie de cet argent. Cette allégation est fausse, dit-il, en précisant que la télévision russe dit qu’elle ne peut acheter les droits que pour 1 million 300 mille dollars.
Pour l’abus de confiance qui lui est reproché, Massata dit que «les comptes ont été budgétisés, exécutés, audités, certifiés par le cabinet Alain à Monaco». A l’en croire, ce procès est dépourvu de sens. Si on l’accuse de complicité dans cette affaire, Massata Diack ne s’explique pas la peine la plus lourde qui lui a été infligée. «On dit que Lamine Diack et son fils auraient détourné des sommes importantes appartenant à l’Iaaf alors que Sebastien Coe était vice-président de l’Iaaf. Lamine Diack en tant que président entre 2001 et 2015 a fait 4 congrès. A aucun moment les finances de l’Iaaf n’ont été mises en mal», plaide-t-il. Il trouve que c’est parce qu’il n’a pas déféré à sa convocation au procès qu’il a été sévèrement condamné.
«Si Lamine Diack parlait, l’Iaaf et le Cio éclateraient»
Mais il n’est pas le seul dans ce cas. «Les Russes ne sont pas venus en France et ne se sont pas fait représenter. On les condamne à 3 ans ferme sans amende financière, alors qu’on dit qu’ils ont extorqué de l’argent à l’Iaaf», dénonce-t-il.
D’après lui, il a été dit qu’un système de corruption était mis en place par son père pour l’enrichir. C’est une accusation mensongère, ajoute-t-il, en faisant dans la menace. «C’est fini, on ne va plus laisser passer. On n’en sait beaucoup sur eux. Si Lamine Diack parlait, l’Iaaf et le Cio vont éclateraient. On ne va plus se taire», avertit Pape Massata Diack qui dit continuer sa passion contrairement à l’interdiction du jugement d’exercer dans le sport pendant dix ans.