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Dr Cheikh Dieng sur la départementalisation de Keur Massar : «Une réponse politicienne aux inondations»
Publié le lundi 21 septembre 2020  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Dr Cheikh Dieng
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Dr Dieng analyse le passage du chef de l’Etat en banlieue, et parle aussi des milliards annoncés pour assister les familles impactés par les inondations. Par ailleurs, ce responsable du Pds déclare que l’Assemblée nationale a failli à sa mission en refusant l’audit des milliards injectés dans le Plan décennal de la lutte contre les inondations. Entre autres questions.

Récemment le chef de l’Etat a effectué une visite à Keur Massar, à la suite des inondations qui ont affecté cette commune. Quelle lecture faites-vous de cette visite ?
Cette visite du président de la République pour témoigner de sa compassion, mais surtout pour apporter des solutions à la question lancinante des inondations dans la banlieue était attendue depuis très longtemps. Il est venu en banlieue, plus précisément à Keur Massar qui est l’épicentre des inondations. Et voilà qu’il a fait encore des promesses. Il faut saluer cette visite, même s’il faut déplorer qu’elle ait été très tardive, après de nombreuses souffrances des populations. Il a promis de débloquer 30 milliards de francs Cfa pour participer à l’assainissement de Keur Massar. Je dois dire d’abord qu’il faut déplorer que 10 jours après le déclenchement du Plan Orsec, nous ayons connu des retards par rapport à la mobilisation de ressources de ce Plan Orsec, financé à hauteur de 10 milliards de francs Cfa. Pour l’essentiel, les ressources ne sont pas encore disponibles. J’étais à Keur Massar le mercredi dernier. Quand vous allez dans beaucoup de quartiers, comme Aladji Pathé, Keur Dior, les populations se plaignent qu’elles n’ont vu aucun soutien ni de la part de l’Etat ni de la part de leur municipalité. Et mieux elles doivent se cotiser pour faire fonctionner les motopompes que des bonnes volontés ont bien voulu mettre à leur disposition. Je pense que l’urgence aujourd’hui, c’est de mobiliser les ressources du Plan Orsec, mais c’est aussi de mobiliser davantage des ressources humaines.

Le ministre Mansour Faye a fait savoir que 3 milliards de francs Cfa ont été dégagés pour assister les impactés des inondations. Jugez-vous ce montant suffisant ?
Le gouvernement peine à mobiliser ces 3 milliards, parce que ceux qui en ont besoin, ceux à qui ces 3 milliards de francs Cfa sont destinés, attendent depuis plus de 10 jours. Et c’est seulement le jeudi dernier que le ministre Mansour Faye a commencé à faire des transferts, pour préparer la descente du Président. Depuis lors, ces transferts ont été arrêtés. Ce qui illustre encore le sens de mobilisation des ressources du Plans Orsec qui est un plan d’urgence et qui doit être financé en urgence par le gouvernement de la République du Sénégal. Et je dis bien, la plupart des impactés n’ont encore rien reçu. Nous avons des informations qui nous proviennent de toutes les zones impactées, Keur Massar Pikine, Yeumbeul Nord et Sud, Tivaouane Diaksao, où les populations sont dans le désarroi et ne sont même pas pris en charge en vue de leur relogement. Pourtant, le Président avait beaucoup fait pour les malades du Covid-19, a logé ces gens dans des conditions dignes, dans les hôtels de la place. Je demande au ministre de l’Intérieur de réquisitionner les hôtels tout autour de Mbao, Rufisque et Dakar pour reloger ces populations dans des conditions de dignité.

667 Milliards de francs Cfa ont été injectés pour la lutte contre les inondations, est-ce qu’aujourd’hui il est normal que le pays soit dans une situation pareille ?
C’est en 2012 que le président de la République avait annoncé le Plan décennal de lutte contre les inondations. Financé à hauteur de 667 milliards de francs Cfa. 8 ans après la mise en œuvre de ce Plan décennal, nous sommes retournés au point de départ de 2012, où presque beaucoup de régions et de grandes villes, comme Thiès, Ziguinchor, Mbour, Kaffrine et Dakar, sont inondées. La problématique de la transparence du point de vue technique, est de préciser quels sont les travaux qui ont été réellement exécutés. Ils nous ont cité quelques coins et recoins à l’intérieur de la région de Dakar, où la question des inondations a été réglée. Mais pour l’essentiel le problème demeure entier. Et c’est face à cette situation que le Parti démocrate sénégalais avait exigé un audit technique et financier du Plan décennal de lutte contre les inondations, pour éclairer les Sénégalais sur l’Etat d’exécution technique réel de ce plan, et le montant des dépenses financières qui ont été consenties. Mais le gouvernement a fait la sourde oreille par rapport à cette requête du Pds.

Quelle lecture faites-vous de la fin de non-recevoir de votre requête à l’Assemblée ?
Le groupe majoritaire a empêché le Peuple sénégalais d’avoir la lumière sur l’exécution de ce Plan décennal de lutte contre les inondations. Et en lieu et place, le groupe majoritaire Bby a fait dans la dissimulation en proposant de mettre en place une simple Mission d’information. C’est dire aujourd’hui, que l’Assem­blée nationale démissionne de sa mission régalienne de contrôle, d’évaluation et de suivi de l’action publique, et c’est regrettable.

Dans ces conditions, pensez-vous que ces 30 milliards vont régler le problème ?
Il est évident que, là où il a injecté 667 milliards de francs Cfa, on se demande bien comment 30 petits milliards de francs Cfa pourront le problème. Je pense que c’est un effet d’annonce, que le Président Macky Sall reviendra sur cette décision lorsque des études techniques sérieuses seront faites, pour véritablement tracer un schéma technique de règlement définitif des problèmes d’inondations.

La commune de Keur Massar érigée en département est-ce que c’est le moment, en cette période, de soulever cette question ?
C’est une réponse politicienne aux problèmes des inondations. C’est juste la satisfaction d’une très vieille doléance des populations de Keur Massar.
Sen-eau devait depuis le mois de juillet, procéder à un rabattement de la nappe phréatique en prévision des fortes pluies qui ont été annoncées. Sen-eau a failli à cette mission. La Dgpi, Direction générale de la protection contre les inondations devait faire le curage, l’entretien des camions. La Dgpi a failli à sa mission. L’Onas devait faire un curage de ces canaux dans la banlieue, elle aussi a failli à sa mission. Quant à l’Ageroute, elle devait terminer les travaux de canalisation qu’elle a entrepris dans la cadre du Promoville, la finalisation des routes, depuis 2016 pour la route de Nietty Mbar par exemple. Depuis 5 ans, cette route est en chantier. Ageroute est incapable de la terminer. Voilà donc une incompétence de ces services-là. Au demeurant, annoncer la départementalisation de Keur Massar est une mesure qui, à mon avis, mériterait d’être beaucoup plus réfléchie. Il est vrai que le président de la République avait abdiqué depuis 2013, au moment de l’acte III de la décentralisation, dans le redimensionnement des communes, de sorte à avoir une cohérence territoriale de ces collectivités territoriales, pour leur permettre d’avoir une viabilité financière permettant de remplir correctement leurs missions. Dire aujourd’hui qu’on érige Keur Massar en département, est une déclaration à l’emporte-pièce, qui risque de susciter énormément d’interrogations. S’agira-t-il de l’arrondissement des Niayes, qui sera érigé en département. ? S’agira t-il de la commune de Keur Massar qui va être saucissonnée en communes qui seront qui seront non-viables ? S’agira-t-il donc de mettre dans l’arrondissement des Niayes une partie de Mbao ce qui, d’un point de vue de cohérence territoriale, permettrait d’aller jusqu’à la mer ? Nous ne savons pas.

Le statut de l’opposition soulève du bruit au niveau du pouvoir comme de l’opposition. Votre point de vue à ce sujet ?
C’est un os qui a été agité par le gouvernement du Sénégal et qui a contribué à installer une profonde diversion. Cela a suscité des divergences au niveau de l’opposition. Et prouve encore une fois que le Pds avait raison, que ce dialogue n’était pas un dialogue sérieux ni sincère, c’était un vaste deal entre le Président Macky Sall et certains de ses opposants. Si nous voulons être sérieux, on devrait demander au chef du parti majoritaire à l’Assemblée d’incarner ce chef de l’opposition. Mais au delà du statut du chef de l’opposition, le plus important est la définition du statut de l’opposition, qui permet d’élargir les libertés démocratiques et le champ d’expression de l’opposition.

Et s’agissant de l’idée de report des élections locales ?
Notre position en tant que maire est très claire. Les mandats confèrent une légitimité durant une période déterminée, qui est une période de 5 ans, pendant laquelle ce mandat est valable. Au-delà, tous les mandats sont frappés d’illégitimité. Il faut bien que le président de la République apprenne à respecter le calendrier républicain et dans le cadre précis des élections territoriales à venir, le Pds exige que ces élections soient tenues au plus tard le 28 mars prochain, conformément à la dernière déclaration du ministre de lIntérieur. Qui au demeurant ne doit plus organiser nos élections au Sénégal.
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