Dakar, 13 mai 2014 - Plusieurs organisations féminines maliennes ont dénoncé un "silence coupable des chefs d’Etat et de gouvernement" sur l’enlèvement, mi-avril, de plus de 200 lycéennes au Nigeria revendiqué par le groupe islamiste armé Boko Haram, dans une déclaration obtenue mardi par l’AFP.
Cet enlèvement "rocambolesque" a suscité chez les femmes du Mali "une grande émotion" et du désarroi, affirment ces ONG rassemblées dans le "Groupe Pivot/Droits et citoyenneté des femmes (GP/DCF)" dans leur déclaration remise à la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel), qui l’a diffusée.
"Nous, organisations féminines du Mali, prenons à témoins les plus hautes autorités et l’opinion publique internationale sur les crimes d’enlèvement et d’exactions dont sont victimes ces jeunes filles nigérianes, (nous) dénonçons le silence coupable des chefs d’Etat et de gouvernement sur ces actes indescriptibles", déclarent-elles.
Elles lancent "un appel pressant à toutes les autorités et personnalités islamiques à condamner" ce kidnapping massif qui, selon elles, est un "acte odieux qui n’honore nullement l’image de l’islam".
Elles les invitent aussi "à prendre toutes les dispositions nécessaires" pour permettre la libération immédiate des lycéennes, une demande également adressée à "la communauté internationale et particulièrement (aux) autorités nigérianes".
Dans un communiqué diffusé mardi, la Misahel a affirmé de son côté se joindre "à la déclaration des organisations féminines du Mali contre l’enlèvement des jeunes filles au Nigeria".
Au total, 276 lycéennes ont été enlevées le 14 avril dans la ville de Chibok, dans l’Etat de Borno (nord-est). Certaines ont réussi à s’enfuir, 223 d’entre elles demeuraient otages mardi.
Ces jeunes filles sont traitées en "esclaves", "vendues" et "mariées" de force, avait déclaré le chef de Boko Haram dans une vidéo obtenue le 5 mai par
l’AFP.
Lundi, le groupe des ravisseurs a diffusé une nouvelle vidéo d’une centaine de jeunes femmes présentées comme les lycéennes enlevées, affirmant les avoir
converties à l’islam et exigeant la libération de prisonniers du groupe islamiste en échange de celle des jeunes filles.
Après avoir rejeté cette revendication lundi, le Nigeria s’est déclaré
mardi soir prêt à dialoguer avec Boko Haram pour assurer la libération des lycéennes.
Ces enlèvements massifs ont suscité une mobilisation mondiale en faveur des
jeunes filles, particulièrement sur les réseaux sociaux, mais peu de réactions officielles dans les pays de la région et plus généralement en Afrique.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont dépêché des équipes au Nigeria, Israël et la Chine ont proposé leur aide à Abuja.