Les quotidiens parvenus mardi à l'APS soulignent l'âpreté du combat politique entre des acteurs clés de la scène sénégalaise, ce qui les amène à exhumer des cafards tels que la loi Ezzan que des partisans du pouvoir voudraient abroger pour que cessent les attaques de l'ancien président Abdoulaye Wade visant son successeur Macky Sall.
"Des épées sur les têtes de Me Wade et d’Idy", affiche Le Populaire à sa Une, avant de préciser à travers une seconde manchette dans ses pages intérieures : "L’affaire Me Sèye exhumée, Idy menacée d’être traduit devant la CREI", la Cour de répression de l’enrichissement illicite.
"C'est la guerre totale entre le régime de Macky Sall et le +duo+ Abdoulaye Wade-Idrissa Seck", écrit "Le Pop". Les jeunesses de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, "ont annoncé l’abrogation prochaine de la Loi Ezzan, non sans menacer le maire de Thiès d’être traduit devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI)", ajoute le journal.
La loi Ezzan, du nom d’un ancien député sénégalais aujourd’hui disparu, avait amnistié les infractions politiques, criminelles ou délictuelles qui se sont déroulées de 1993 à 2004 en relation avec des élections générales ou locales.
"Le retour bruyant de Me Abdoulaye Wade et celui non moins médiatique de Idrissa Seck ont donné des idées aux jeunes de l’Alliance pour la République. Qui promettent sous peu une proposition de loi abrogeant la loi Ezzan pour permettre une deuxième lumière sur la mort du magistrat Babacar Sèye en 1994, ainsi qu’une poursuite contre le maire de Thiès pour enrichissement illicite", relève de son côté le quotidien Enquête.
Walfadjri creuse le même sillon, qui affiche "Vers une abrogation de la loi Ezzan". "Les jeunes de l’APR veulent contraindre l’ancien président Wade et Idrissa Seck à garder le silence et à arrêter leurs attaques contre Macky Sall et son régime", peut-on lire dans les colonnes de ce journal.
"Pour y arriver, ajoute Walfadjri, Mame Mbaye Niang et ses camarades ont décidé de saisir les jeunes députés +apéristes+ en leur demandant de déposer une proposition de loi pour abroger la loi Ezzan qui a amnistié tous les crimes politiques commis entre 1993 et 2004".
"Wade à la haute Cour, Idy à la CREI", résume Rewmi quotidien. "C'est un duo en intelligence qui s’est embrouillé lors du partage du butin", rapporte aussi L'As, citant des propos de Mame Mbaye Niang visant l'ancien président de la République et son ex-Premier ministre, devenu par la force du choc des ambitions un adversaire majeur de l’actuel chef de l’Etat Macky Sall.
A la Une de La Tribune, les jeunes partisans du président de la République enfoncent le clou. "Idy et Wade méritent la prison", déclarent-ils, se disant "choqués (par certains propos) +vides, provocateurs, graves et inacceptables+" de ces deux personnalités politiques devenus des opposants de fait malgré leur appartenance commune à la famille libérale, avec le président Macky Sall.
"Les apéristes ne sont pas contents des tirs de Idy sur le +Macky+ (pour dire le régime du président Macky sall). Mais l’ancien Premier ministre ne semble pas ébranlé outre mesure", commente Direct Info dans son billet du jour. "La preuve, c'est qu'il "continue de pilonner le camp des +Mackysards+".
Cela dit, note ce journal, M. Seck, par ailleurs président du parti Rewmi, compte "accueillir en républicain le chef de l’Etat du Sénégal lors du Conseil interministériel décentralisé", prévu à Thiès la ville dont il est le maire.
"Histoire certainement de lui rappeler sa formule fétiche : +Le parti avant la patrie+". Un rappel qui peut ne rien à voir avec le dessein prêté par L’Observateur à l'ancien Premier ministre Idrissa Seck : "L’objectif, dit-il dans des propos rapportés par ce quotidien, c’est de mettre au pouvoir un membre de la famille libérale en 2017".