Et si certaines entreprises ou gouvernements profitaient de la crise sanitaire pour surveiller leurs salariés' L'idée, qui parait folle, commence à faire son petit bonhomme de chemin, après la découverte de puces électroniques dans certains masques en France.
Elle nous en fait voir de toutes les couleurs, depuis de début de l'année. En plus d'être le virus encore insaisissable sur le plan médical, la Covid-19 fait l'oeuvre de plusieurs théories. Fabriquée par les Chinois pour lutter contre les Etats-Unis, selon le président Trump ou encore une invention d'un laboratoire français, d'après une vidéo devenue virale en début de pandémie, son origine fait toujours débat, même si la plupart des chercheurs semblent penser qu'elle est issue d'une transmission d'un animal à l'homme.
Seulement, ces débats ne s'arrêtent plus qu'à la conception du coronavirus et intègrent maintenant les masques de protection. Et un bruit agite, depuis plusieurs semaines quelques milieux : des puces seraient insérées dans certains masques de protection contre la Covid-19.
C'est en France que le débat s'est intensifié durant le weekend écoulé. Jérôme Salomon, le directeur général français de la Santé, a été pris au dépourvu par un auditeur qui lui a demandé pourquoi de nombreux masques sont composés de puces de traçage. Ce dernier a répondu, dans des propos rapportés par "Le Parisien'' : "Je peux vous dire que les masques français en tissus sont excellents; j'en porte tous les jours et ils ont un impact bien meilleur sur notre environnement. On peut les laver, les réutiliser. Ils sont fabriqués en France, à proximité de chez vous et n'ont pas de puce intégrée, je peux vous le garantir.''
Un évitement de la question qui a poussé beaucoup de personnes à s'interroger sur la véracité de cette révélation. D'autant plus que l'auditeur en question a donné plus de précisions en continuant son interrogatoire: "Trouvez-vous normal que certains fabricants proposent des masques avec des puces RFID incorporées ? J'ai regardé sur Internet le nombre de fabricants avec puce, c'est impressionnant. Il y a même des vidéos qui circulent, des gens qui décortiquent leurs masques. Quel est l'intérêt de ces puces ?''
Mais une recherche sur la question permet de voir que cette idée n'est pas farfelue. Bien au contraire, car certains modèles sont bien dotés de puces ! Et souvent des puces de type RFID (radio-identification). Mais, s'empressent de se défendre des fabricants, il s'agit exclusivement de masques spéciaux destinés aux salariés de certaines entreprises, dans l'unique but de compter le nombre de lavages avant de devoir se débarrasser du modèle. En général au bout de 30 ou 60 utilisations''.
Une méthode utilisée pour stocker et récupérer des données à distance
Dans un article publié par la revue "Futura-Sciences'', l'on explique que le sigle RFID désigne une méthode utilisée pour stocker et récupérer des données à distance, en utilisant des balises métalliques, les "Tags RFID''. Ces balises, qui peuvent être collées ou incorporées dans des produits, réagissent aux ondes radio et transmettent des informations à distance. Cette technologie pourrait, à terme, remplacer les codes-barres. Mais sa redoutable efficacité pose des problèmes d'éthique et de confidentialité.
Aussi, la technologie RFID est utilisée - même si c'est au début, de façon confidentielle, pour des applications militaires - depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'elle se popularise. Dans le secteur de la logistique, elle participe à la traçabilité des produits de l'entrepôt au magasin. Ensuite, elle se transforme en système antivol et en moyen d'identification des produits en caisse. Dans les bibliothèques, la RFID aide à identifier les livres. Et on la trouve aussi sur les passeports, sur les cartes d'accès aux transports en commun et même dans les puces qui servent à identifier nos chiens et nos chats. Plus récemment, elle a permis d'imaginer la commercialisation d'objets communicants.
Au coeur de cette technologie, l'on trouve d'abord des lecteurs RFID. Ils émettent des radiofréquences destinées à activer les puces RFID se trouvant dans les environs - de quelques centimètres à plusieurs centaines de mètres pour les plus performants - et permettant ainsi d'échanger des informations avec elles. Les fréquences les plus élevées sont utilisées pour échanger plus d'informations à un débit plus important. Les fréquences les moins élevées aident à mieux pénétrer dans la matière.
Pour des entreprises fabricantes, c'est le masque qui est tracé et pas l'utilisateur. L'entreprise UBI Solutions a intégré des puces RFID ainsi qu'un flash-code pour que l'utilisateur puisse "contrôler le nombre de lavages avec une application smartphone'', peut-on lire sur leur site. Et l'enjeu de cette technologie, assure son président à "Ouest-France'', n'est pas de tracer les faits et gestes des individus, ni d'atteindre leurs libertés, car "il n'y a aucun lien entre l'identité du porteur du masque et le masque''.
Toutefois, les possibilités extraordinaires qu'offre cette technologie amènent forcément à rester prudent sur son utilisation. Au Sénégal, si la présence de ces masques ne se pose pas encore dans le débat public, elle pourrait inciter à promouvoir l'utilisation des masques en tissu de fabrication artisanale, plus adéquats pour passer inaperçu.