L’art africain se cherche encore sur le marché mondial. Dans une communication présentée hier, autour du thème : « Les institutions d’art contemporain : les foires, les festivals, les maisons de vente, musées et biennales », Soraya El Mezouari Glaoui, présidente-directrice générale de « 1 :54 Contempory african art fair », a souligné que seulement 5% d’artistes africains sont présents dans les foires internationales.
Les communications faites hier, sur le thème : « Les institutions d’art contemporain : les foires, les festivals, les maisons de vente, musées et biennales », dans le cadre des tables rondes du Dak’Art, ont permis de constater la sous-représentation de l’Afrique sur le marché mondial de l’art. Selon la marocaine Soraya El Mezouari Glaoui, présidente- directrice de « 1 :54 Contempory african art fair », une plateforme de promotion des artistes et des galeries spécialisées dans l’art contemporain africain et de sa diaspora basée à Londres, seuls 5% d’artistes africains sont présents dans les foires internationales d’art contemporain. « S’il paraît évident que les artistes contemporains africains commencent à acquérir une certaine visibilité, on peut remarquer qu’ils sont assez peu présents dans les foires internationales d’art contemporain », a-t-elle fait comprendre. A l’en croire, les deux plus grandes foires au monde que sont Frieze et de Basel n’ont que deux galeries sud-africaines, il n’y a pas d’autres artistes du continent. Beaucoup de créateurs africains ne sont pas représentés par les galeries internationales qui participent à ces grandes foires.
Si la directrice de « 1 :54 Contempory african art fair » admet une présence marginale des Africains sur le marché mondial de l’art, elle défend néanmoins l’idée selon laquelle les artistes africains commencent à acquérir une certaine visibilité. « Alors qu’il y a une vingtaine d’années, le marché de l’art contemporain semblait être réservé uniquement aux créateurs occidentaux, il s’ouvre peu à peu aux artistes de tous les continents. Après l’Amérique du Sud et l’Asie, l’Afrique émerge où elle était encore quasiment invisible jusqu’à la fin des années 1980 », soutient-elle.
De l’avis de Mme Glaoui, la reconnaissance des artistes est assez parallèle avec l’économie des pays. Par exemple en Afrique du Sud et au Maroc, la scène artistique est beaucoup plus développée. Dans lesdits pays, depuis des années, les gens travaillent pour le développement de leur scène artistique. Ce faisant, ils ont plus de chance d’avoir des galeries qui répondent aux programmes internationaux de ces foires et donc d’être sélectionnés.
Mauvais clichés
Parmi les causes de cette présence timide africaine dans les grandes foires internationales d’art, Soraya El Mezouari Glaoui cite les mauvais clichés auxquels renvoie l’image du continent associée aux guerres et à la famine. « Il y a des préjugés autour de certaines nouvelles à la télé. Avec notre structure, on essaie de montrer une image réelle de l’Afrique, loin des clichés de la guerre et de la famine », avance-t-elle. A son avis, les créateurs africains doivent aujourd’hui se mettre à la même hauteur que les artistes internationaux.
Aujourd’hui, poursuit-elle, il y a un grand focus sur l’Afrique en général d’un point de vue économique et géographique. Les gens investissent beaucoup sur le continent et il y a aussi un grand changement d’attitude des pays du Nord qui, au début, étaient tous tournés vers l’Europe. « Aujourd’hui, ils (les pays du Nord) sont tous orientés vers l’Afrique et sont prêts à développer des business et à faire un échange économique et social », a laissé entendre la Pdg de « 1 : 54 Contempory african art fair », structure dont la vocation est de mettre en place une foire d’art contemporain entièrement dédiée à la création venue de l’Afrique et de sa diaspora en vue de lui donner une vraie visibilité « à ce marché en plein expansion ».
Salimata Diop, curatrice : « Il urge que les entreprises accompagnent la production artistique »
Diplômée de l’Institut d’études supérieures d’art de Paris et de l’Université de Warwick en histoire et commerce de l’art et de collecte, Salimata Diop a, dans sa communication, soulevé la nécessité pour les entreprises sénégalaises d’accompagner la production artistique à travers le mécénat.
S’exprimant à propos du thème : « Les marchands d’art, les acheteurs, les collectionneurs, les mécènes », Salimata Diop, spécialiste en commerce d’art, a fait part de l’urgence pour les entreprises sénégalaises d’accompagner la production artistique. Selon elle, le mécénat n’est pas encore de mise dans notre pays.
Au sujet du marché africain de l’art, d’après la curatrice, actuellement, le constat est qu’il y a des améliorations avec des galeries ouvertes et un marché qui commence à se créer. C’est le cas, a-t-elle fait comprendre, du Nigeria, qui a véritablement un marché avec des gens commençant à s’intéresser aux œuvres d’art. « On parle beaucoup d’un boom de l’art contemporain africain parce qu’il y a eu plusieurs nouvelles institutions qui le défendent notamment en Europe et aux Etats -Unis. Le public qui est basé là-bas s’agrandit avec de nouvelles galeries qui s’ouvrent », informe-t-elle.
Par ailleurs, avance Salimata Diop, généralement au Sénégal, le marché des créateurs se trouve à l’étranger. Les artistes ne parviennent pas à trouver une reconnaissance sur place.
« On a des artistes qui se débrouillent bien mais, ils peinent à avoir un public au niveau local », soutient-elle.
Ce faisant, pour changer la donne, elle suggère de mener une sensibilisation aux métiers de l’art dès l’école en vue de pousser les gens à s’y intéresser.
Salimata Diop est diplomée de l’Institut d’études supérieures d’art de Paris et de l’Université de Warwick en histoire et commerce de l’Art et de collecte. Actuellement, elle travaille sur plusieurs initiatives prometteuses en Afrique.