Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Respect des mesures barrières: Macky Sall hausse le ton
Publié le vendredi 7 aout 2020  |  Enquête Plus
Macky
© Présidence par LM
Macky Sall célébrant l`Aid El Kebir à son domicile
Dakar, le 31 juillet 2020 - Le président de la République Macky Sall a sacrifié à la tradition de l`Aid El Kebir à son domicile.
Comment


Avec la recrudescence des contaminations et des morts au coronavirus, les autorités gouvernementales re-brandissent les mesures coercitives pour discipliner les Sénégalais et faire respecter les mesures barrières.

Retour à la situation ante ! La panique, qui semblait définitivement quitter l’esprit de bien des Sénégalais, commence à reprendre ses droits. La multitude de morts annoncés, ces derniers jours, à longueur de colonnes des journaux, est passée par là. Une situation qui ne laisse pas indifférentes les plus hautes autorités du pays.

Hier, en Conseil des ministres, le chef de l’Etat a donné des instructions fermes à ses collaborateurs pour faire respecter les mesures barrières. Il ne se contente pas de s’adresser au ministre de l’Intérieur ; il lance aussi un appel à celui en charge des Forces armées. ‘’Le président de la République, lit-on dans le communiqué, a demandé au ministre de l’Intérieur et à celui des Forces armées de déployer sur le terrain un dispositif spécial de régulation et de contrôle de l’accès aux plages et des rassemblements publics, sur l’étendue du territoire national’’.

Ce n’est pas tout. Macky Sall compte également sur les mouvements de jeunes pour vulgariser davantage le message sur l’observance généralisée de telles mesures, notamment le port obligatoire et systématique du masque dans les transports et les lieux recevant du public, sous peine d’amende, en cas d’infraction.

Le mal, à entendre les autorités gouvernementales, serait dans l’inobservation des mesures barrières. Quelques instants seulement avant la publication de ce communiqué, Libération online révélait qu’Aly Ngouille Ndiaye menace de sévir à nouveau. ‘’De sources bien informées, le ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a décidé d'appliquer avec ses hommes, à partir de ce vendredi, une nouvelle série de décisions visant à faire respecter les mesures de prévention édictées par les autorités sanitaires’’, précisait la plateforme. Selon la source du journal en ligne, ‘’ces mesures concerneront les espaces et lieux de rassemblements : lieux de culte, plages, restaurants, salles de sport, marchés ainsi que les événements tels que les funérailles, baptêmes, mariages, de même que les transports en commun’’.

De quoi s’agit-il exactement ? En fait, depuis la levée de l’état d’urgence et les premières mesures d’assouplissement, l’Etat du Sénégal mise sur le respect des mesures barrières pour contrer la propagation de la Covid-19. Dans un communiqué en date du 10 juillet 2020, le ministre Aly Ngouille Ndiaye invitait déjà les Sénégalais à un meilleur respect de ces mesures, suite à la décision du chef de l’Etat de lever l’état d’urgence et son corolaire, le couvre-feu.

Mais cette décision, dont l’un des objectifs principaux était de relancer l’économie nationale, s’avérera surtout comme un des facteurs explicatifs d’un relâchement quasi généralisé.

Elle a été suivie d’une augmentation exponentielle des nouveaux cas et du nombre de décès. Une courbe qui, depuis lors, continue son ascension fulgurante. D’ailleurs, pour beaucoup de Sénégalais, l’Etat ne dit pas tout. Aussi bien les nouvelles contaminations que le nombre de décès seraient sous-évalués. Ce qui est fort probable avec la nouvelle stratégie relative aux tests. Même les contacts à haut risque ne font plus l’objet d’un contrôle systématique. Aussi, certaines familles refusent catégoriquement que leur ‘’mort’’ soit comptabilisé parmi les décès Covid, au risque de ne pouvoir lui assurer des funérailles méritoires.

Récemment, une source digne de foi racontait ce cas de décès aux HLM Las Palmas. ‘’Suite aux analyses post mortem, il a été révélé que le vieux avait le coronavirus. Les équipes de prise en charge étaient venues pour récupérer le corps et s’occuper de son enterrement, mais les habitants se sont mobilisés et ont dit niet. Finalement, ils ont rebroussé chemin et la famille a enterré son mort normalement’’.

C’est donc dans ce contexte que l’Etat, qui semblait capituler, envisage de renouer avec la politique répressive.

Mais pourquoi donc attendre le bâton pour agir en responsable ? Docteur Ousmane Guèye, membre du CNGE (Comité national de gestion des épidémies), déclare : ‘’Ma conviction est que les Sénégalais ne devraient pas attendre d’être contraints pour respecter ces mesures barrières. Il faut comprendre que, dans cette situation, ce n’est pas le président de la République qui peut les protéger. Ce n’est pas le ministre, ce n’est pas Dr Ousmane Guèye. La solution est d’abord et avant tout individuelle. Il appartient à chacun de prendre ses dispositions pour se mettre à l’abri, protéger sa famille.’’

A ceux qui soutiennent que c’est l’Etat qui a un peu sonné le glas de la lutte, avec quelques mesures hasardeuses et incohérentes, le médecin rétorque : ‘’Moi, je pense que les autorités ont fait ce qu’elles devaient faire. Le ministre de l’Intérieur avait pris un arrêté pour exiger le port du masque dans certains endroits. Les forces de l’ordre ont veillé du mieux qu’elles peuvent à les faire respecter. Mais c’est au Sénégalais d’apporter sa partition pour que la lutte soit efficace. Pour moi, il n’y a pas eu de flou dans la communication. On ne peut dire à un Etat : arrêtez toutes les activités pendant 4, 5 ou 6 mois. Ce n’est pas possible, il faut être raisonnable. C’est comme ça qu’il faut comprendre la levée de certaines mesures restrictives. En lieu et place, le gouvernement a misé sur les mesures barrières. Il n’y a aucun problème à ce niveau’’, déclare le directeur du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips).



Un coup d’épée dans l’eau, tant que les comorbidités ne feront pas l’objet d’un suivi approprié

Face à cette situation, en tout cas, c’est surtout les patients trainant des comorbidités qui sont les plus grandes victimes. Derrière la plupart des cas de disparition imputés, à tort ou à raison, au coronavirus, il y a des maladies chroniques plus graves. Si ce n’est pas le diabète, ce sont les maladies cardiovasculaires ou l’insuffisance rénale.

Pourtant, bien prises en charge, ces catégories de malades auraient pu avoir autant de chance de survie que les cas simples de Covid. C’est du moins l’avis de certains spécialistes. A les en croire, sans cela, les mesures édictées porteront difficilement les fruits escomptés. Hélas, par les temps qui courent, la prise en charge de ces catégories pose d’énormes problèmes. Alors que l’Etat semble n’accorder de l’importance qu’au nouveau coronavirus qui défraie la chronique à l’échelle internationale, que les populations stigmatisent cette nouvelle maladie, certains malades chroniques ont pris la résolution ferme de fuir les hôpitaux. Comme s’ils préfèrent la mort au fait d’être testé positif au Sars-CoV-2.

Souvent, ils attendent le dernier moment pour se rendre à l’hôpital. Ce qui ne rend pas la tâche aisée au corps médical. Le docteur Ousmane Guèye explique : ‘’Il faut que ces personnes continuent de fréquenter les structures de soins et d’honorer leur rendez-vous. Il faut aussi qu’ils continuent à respecter scrupuleusement leur traitement. Quand ils ont une alerte, il faut très rapidement se rendre dans une structure hospitalière. Très souvent, c’est le recours tardif qui nous pose problème.’’

Mais est-ce qu’il y a, au niveau des centres de traitement épidémiologique, des spécialistes pour une prise en charge appropriée de chaque patient trainant une comorbidité ? A cette interrogation, Dr Guèye rétorque : ‘’Il faut savoir que la médecine est multidisciplinaire. Chaque fois qu’il existe quelqu’un qui traine une pathologie, il est pris en charge de façon collégiale avec l’ensemble des spécialistes. Les gens communiquent ; ils prennent l’avis des spécialistes… Car, comme je l’ai dit, la prise en charge est multidisciplinaire ; elle est globale. En réanimation, si le médecin est confronté à une difficulté, il contacte ses collègues et on se concerte. Il n’y a donc aucun problème à ce niveau. Nous avons entièrement confiance aux personnels au niveau des CTE.’’

Appelant les jeunes à mieux se soucier du sort de ces couches vulnérables, il rappelle les mesures barrières, en accordant une place capitale au port du masque.

Mais est-ce que les Sénégalais portent bien le masque ? La réponse du médecin est mitigée. ‘’Non, les Sénégalais ne portent pas bien le masque. Mais ils devraient pouvoir le faire. Depuis longtemps, nous sensibilisons et il y a des spots diffusés un peu partout’’. Il n’empêche, la leçon ne semble toujours pas sue par nombre de Sénégalais.

A propos de l’usage correct et efficace du masque, le Dr Ousmane Guèye rappelle : ‘’Il faut au moins deux masques par 24 heures. Un masque peut servir 6 à 8 heures de temps. Il peut être lavable pendant 20 fois. Je pense que personne ne peut invoquer le problème de disponibilité des masques. C’est disponible et à la portée de toutes les bourses. Il faut juste que les Sénégalais prennent davantage conscience.’’

Selon lui, il ne faudrait surtout pas céder à la panique. ‘’Il ne faut pas avoir peur. Il faut juste prendre conscience de la situation. Je ne dirai pas que l’heure est grave parce qu’elle n’a jamais été très facile. Le constat est qu’il y a des cas positifs qui augmentent, une transmission communautaire qui s’accentue. Il ne s’agit pas d’installer la psychose, mais il faut attirer l’attention et ramener la conscience. Pour ce faire, il faut respecter scrupuleusement les mesures. Surtout porter un masque, éviter les rassemblements’’, souligne l’expert.
Commentaires

Dans le dossier

Épidémie de Coronavirus
Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment