L'importance croissante de l'Afrique peut-elle garantir au continent le rôle de prochaine frontière pour le nouvel aventurisme militaire de la Russie qui veut tenir la dragée haute aux rivaux traditionnels de Moscou, en l’occurrence, la Chine et les Etats-Unis ?
L'aventurisme militaire russe dans au moins six pays africains est une réalité, à en croire un rapport du journal allemand Bild.
Selon la presse allemande, Moscou a déjà scellé des accords historiques avec le Mozambique, l'Egypte, l'Erythrée, Madagascar, le Soudan et la République centrafricaine qui permettraient à la Russie d'établir des bases militaires dans ces pays.
Moscou a des engagements diplomatiques et militaires actifs avec quelque 21 pays africains, ce qui lui donne divers degrés d'accès à leurs territoires à des fins militaires.
Bild cite le contenu d'un document secret appartenant au ministère allemand des Affaires étrangères qui semble suggérer que depuis 2015, la Russie entretient avec soin des relations militaires avec des pays qu'elle considère stratégiques en Afrique pour réaliser ses éventuels projets aventuristes sur le continent.
Les six pays en question ont déjà bénéficié d'une formation par des experts militaires de Moscou utilisant des structures de soutien déjà sur le terrain, comprenant entre autres, des troupes régulières russes et une équipe paramilitaire privée du Groupe Wagner.
L'équipe a été impliquée en Afrique en tant qu'agence contractuelle militaire privée, en particulier au Soudan, avant la chute d'Omar al-Béchir, au Soudan du Sud et peut-être en Libye.
Les experts pensent qu'un autre avantage pour les dirigeants des pays africains ayant de tels accords avec Moscou est d'éviter un éventuel changement de régime, en particulier dans les sociétés qui réclament un changement politique.
Trois de ces pays ne sont même pas des démocraties naissantes où la présence militaire de Moscou pourrait dissuader les groupes pro-démocratie qui pourraient vouloir tenter leurs chances.
En vertu de ces accords, la Russie recevra le soutien sans réserve de certains de ces pays africains lors de réunions cruciales de l'ONU où les questions seront mises aux voix.
Cependant, rappelant les années de guerre froide, le regain d'intérêt militaire de la Russie pour l'Afrique va attirer l'attention et susciter l'intérêt de rivaux potentiels sur le continent, en particulier les puissances traditionnelles, tels que les Etats-Unis, la Chine et la France.
Alors que l'armée américaine sous son Commandement pour l'Afrique est bien connue, Pékin a déjà établi sa première base militaire sur le continent à Djibouti, pour laquelle il a dépensé 590 millions de dollars pour sa construction.
La France, avec une histoire de présence coloniale dominante à travers le continent derrière elle, conserve encore une partie de sa puissance militaire en Afrique de l'ouest, notamment au Mali, au Burkina Faso, en République centrafricaine et au Tchad.
Comme le dit un expert, l'Afrique est en train de resurgir comme un champ de bataille diplomatique pour les grandes puissances mondiales, mais ses principaux acteurs devraient insister sur le fait que l'Occident, la Russie et la Chine devraient payer beaucoup plus pour son rôle dans ce jeu d'échecs