Les quantités d’oignon et de pomme de terre stockées sont suffisantes pour les besoins de la Tabaski et même au-delà. L’assurance a été donnée par le directeur du Commerce intérieur (DCI) Ousmane Mbaye et le président de l’Association pour la promotion des produits agricoles du Sénégal (Appasen) Issa Oumar Basse, joints au téléphone d’’’EnQuête’’.
Pour la fête de la Tabaski, qui sera célébrée ce vendredi au Sénégal, d’un point de vue offre, ‘’il n’y a pas d’inquiétude à se faire’’ quant à la disponibilité de l’oignon et de la pomme de terre. C’est l’assurance faite par le directeur du Commerce intérieur (DCI) Ousmane Mbaye et le président de l’Association pour la promotion des produits agricoles du Sénégal (Appasen) Issa Oumar Basse, contactés par ‘’EnQuête’’.
‘’Pour l’oignon et la pomme de terre, nous n’avons que la production locale sur le marché. Depuis janvier, nous avons fermé les frontières. Jusqu’à présent, c’est la production locale qui couvre les besoins du marché. C’est sur la pomme de terre que nous avons, ces dernières années, des difficultés. Il y avait une production qui, à pareille période, n’était disponible qu’à Mbane avec Senegindia, et il fallait faire 300 km pour faire venir, via des camions, la pomme de terre sur Dakar et assurer aussi l’approvisionnement dans les régions du pays. Et à 5 jours de la Tabaski, cette distribution était perturbée par le manque de moins en moins de main-d’œuvre disponible’’, explique le DCI.
Cette année, Ousmane Mbaye a fait savoir qu’ils ont travaillé avec Senegindia, pour essayer de positionner et de rapprocher cette production de Dakar. Donc, Senegindia a installé une chambre froide à Diamniadio d’une capacité de 10 000 t où, d’après lui, ils ont stocké 5 000 t qu’on a réservées à la Tabaski, pour ‘’régler définitivement’’ cette question de l’offre. ‘’C’est ce qui fait que depuis une semaine, les approvisionnements ont été ouverts à Diamniadio. Mbane aussi continue de desservir les zones comme Touba, un peu le Nord, etc. Les opérateurs qui ont une logistique peuvent aussi s’approvisionner là-bas. Pour le stock de Diamniadio, tout est déjà dans des sacs de 25 kg et tous les circuits de distribution sont déjà approvisionnés. Nous n’avons pas d’inquiétude à se faire en termes de disponibilité du produit. C’est aussi valable pour l’oignon. On est allé jusqu’à Potou pour constater la situation’’, renchérit-il.
Si, pour la pomme de terre, la production est ‘’maitrisée’’, parce que déjà agrégée, pour l’oignon, par contre, M. Mbaye indique que ce sont des milliers de petits producteurs avec des difficultés en termes d’appréciation globale de ces stocks. ‘’C’est vrai que les paramètres de mesures que sont les quantités qui sortent, permettent de nous faire une idée sur la disponibilité du stock. Ce que nous avons vu là-bas et aussi dans les centres de classement que nous avons eu à visiter, tels que celui de Gueule tapée, aux Parcelles-Assainies, comme à Thiaroye également, l’évaluation faite montre que nous n’avons pas de problème du point de vue offre. Sur l’ensemble du pays, les relevés que nous avons par le biais de nos services indiquent les mêmes tendances de disponibilité de stocks’’, dit-il.
100 000 t d’oignon attendues pour un besoin de 25 000 t
Toutefois, le DCI souligne que les producteurs parlent, pour l’oignon, d’une disponibilité de 100 000 t et c’est des prévisions qui prennent en compte la quantité qui n’est pas encore récoltée. ‘’Alors que les besoins de la Tabaski tournent autour de 25 000 t pour l’oignon. Pour la pomme de terre, c’est entre 12 000 et 15 000 t’’, renseigne M. Mbaye.
A ce propos, le président de l’Appasen a relevé qu’il y a au niveau de la zone des Niayes, de Potou et de Gandiole ‘’suffisamment de production’’. ‘’Nous avons eu des problèmes, cette année. On a eu les Français, les Marocains à qui l’Anida a donné des terres et qui cultivent beaucoup, en même temps que Senegindia qui n’était pas l’oignon qui a produit au moins 24 000 t. Tout cela a été déversé sur le marché en même temps. Au début, nous avions eu un sérieux problème de commercialisation. Ce qui fait que les prix avaient beaucoup baissé’’, signale Issa Oumar Basse.
Pour les Français, notre interlocuteur souligne que, généralement, leur production était destinée à l’exportation. Mais, cette année, à cause de la maladie, beaucoup n’ont pas pu importer. Eux aussi ont tout déversé dans le monde. ‘’Mais, graduellement, les prix ont augmenté. Parce que les quantités ont commencé à diminuer. Actuellement au Fouta, on n’a plus d’oignon. Dans la zone des Niayes, ce qu’on avait récolté pour la variété ‘Ngagne Mbaye’ que nous avons récoltée depuis mai-juin, est encore disponible. Parce que c’est de la très bonne qualité. L’oignon est ferme et il n’a pas d’eau’’, renchérit-il.
Au fait, M. Basse explique qu’il existe deux variétés d’oignon. La première, appelée ‘’Ngagne Mbaye’’, est cultivée pendant la période de froid, entre janvier, février et mars. Elle ne peut pas être cultivée en période de pluies. ‘’Donc, nous récoltons entre mars, avril, mai et juin. En ce moment, nous gardons des stocks énormes. Parce qu’au niveau de la vallée du fleuve, au Fouta, ils augmentent chaque année leur production en oignon. Parce que la terre est très fertile et il y a beaucoup d’eau. C’est pourquoi la qualité de l’oignon qui vient de cette localité n’est pas la meilleure, à cause des pratiques agricoles. Ils ne maitrisent pas complètement les techniques agricoles de l’oignon. Parfois, ils mettent beaucoup d’engrais, parfois beaucoup d’eau. Ce qui fait que l’oignon qu’ils récoltent est rempli d’eau. Donc, dès qu’ils le récoltent, ils sont obligés de le vendre, car il ne peut pas être conservé’’, précise cet agriculteur de la zone des Niayes.
La deuxième variété est ‘’Soneta’’, qui est cultivée en période de chaleur et la saison des pluies. ‘’Nous avions planté beaucoup de ‘Soneta’ pour la saison des pluies. Et là, nous avons entamé les récoltes. Mais le problème avec cette variété est qu’elle ne peut pas être conservée pendant longtemps. Elle ne peut pas rester 45 jours après la récolte entre nos mains. Ce qui veut dire qu’il y a assez d’oignon pour la Tabaski et même au-delà, dans deux mois. Je pense que, graduellement, nous sommes en train de régler le problème de l’autosuffisance en oignon au Sénégal, si cela continue comme ça’’, estime-t-il.
Pour la pomme de terre, M. Basse a fait noter qu’en général, ils vendent leur production, quand ils récoltent entre janvier, février et mars. ‘’L’Autorité de régulation des marchés nous donne la possibilité de vendre notre production jusqu’au mois de juin. Et pendant ce temps, Senegindia met sa production dans des chambres froides, attendant qu’on termine notre stock. Actuellement, ils ont commencé à vendre leurs stocks’’, soutient-il.
Les prix arrêtés entre 400 et 500 F le kg par la tutelle
Au-delà des stocks, le DCI a, par ailleurs, notifié que sur les prix de la pomme de terre, il y a eu ‘’une nette stabilité’’. ‘’C’est sur l’oignon que nous avons enregistré une hausse sur le prix, il y a une dizaine de jours. Et la ministre du Commerce, pour stopper cette tendance haussière, a sorti l’arrêté n°12-006 du 22 juillet pour fixer les prix. Ce qui n’est pas d’usage. Pour ces produits périssables, nous n’avions que des prix conseillés. Mais, cette fois-ci, comme la tendance était très forte, nous avons coupé l’herbe sous les pieds et fixé des prix plafonds à ne pas dépasser’’, dit-il.
Selon Ousmane Mbaye, au niveau de la production, c’est à 325 F CFA pour l’oignon comme pour la pomme de terre. Le prix en gros à 360 F CFA pour ces deux produits et pour le détail à 400 F CFA. ‘’Maintenant, pour les régions éloignées, il y a un différentiel de transport qui s’applique et cela peut être de 25 ou 50 F CFA. L’objectif est de canaliser les prix sur l’ensemble du pays autour de 400 ou 500 F CFA. Cela peut sembler cher, parce que la situation économique est très difficile. Mais si nous avions importé de l’oignon ou de la pomme de terre, le prix serait au-dessus de ces fourchettes. Nous essayons donc de garantir un équilibre entre les efforts des producteurs et le pouvoir d’achat des consommateurs’’, admet-il.
Cependant, sachant que les prix restent au-delà de ceux fixés par la tutelle pour l’oignon et la pomme qui sont actuellement vendus dans certains marchés de Dakar à 500 F le kg, M. Mbaye a soutenu que depuis vendredi dernier, ils ont commencé des actions sur l’ensemble du pays. ‘’Nous avons noté des cas de trafics de prix comme d’habitude. Ce qu’il y a lieu de dire, c’est que quand on met les prix administrés, nous, cela nous donne juridiquement, toute la capacité de pouvoir réparer les trafics de prix illicites. Mais il faudrait aussi que les consommateurs nous aident en nous donnant l’information. C’est comme cela que notre action deviendra beaucoup plus efficace. Sur Dakar, les prix de l’oignon et de la pomme de terre ne devraient pas dépasser 400 F’’, fait-il savoir.
Là aussi, le président de l’Appasen a confirmé qu’ils ont eu des négociations avec l’ARM qui était venue leur rendre visite, il y a trois semaines, et ils sont d’accord pour vendre le kilo à 325 F bord champs. D’ailleurs, à un certain moment, le prix a chuté jusqu’à 250 F. ‘’Mais nous ne contrôlons pas le prix aux consommateurs. Ce que nous contrôlons, c’est celui au niveau dans notre secteur, là où nous vendons. Nous influençons ces prix. Mais quand cela sort de nos mains et se retrouve entre les mains des commerçants, en tant qu’agriculteurs, on ne peut rien faire. Par exemple, cette année, au mois de janvier, le prix du chou avait dégringolé jusqu’à 40 F le kilo. Mais le consommateur l’achetait à 300, voire 350 F. Et c’est ce qui se passe en ce moment-là’’, regrette Issa Oumar Basse.
Pourtant, le DCI a relevé que la pandémie de Covid-19, n’a pas eu d’impact négatif sur les prix. ‘’Aujourd’hui, il y a une nette accalmie sur les ventes. Il y a un ralentissement des ventes, du fait de la conjoncture économique et le pouvoir d’achat aussi s’est rétréci. Ce qui fait que les gens achètent de moins en moins. Il y a un produit dont les gens ne parlent pas trop et qui fait l’objet d’une très forte demande. C’est l’huile. Là, aussi, on a une nette stabilité sur les prix et même une tendance baissière. Le bidon de 20 litres, qui était vendu entre 16 et 17 000 F, il y a un mois, est actuellement entre 13 500 et 14 000 F et maximum 15 000 F dans les régions reculées’’, assure Ousmane Mbaye.
Concernant la hausse annoncée du prix de la pomme de terre et de l’oignon à Ziguinchor, qui serait de 1 000 F CFA, le DCI a tout nié en bloc. ‘’C’est une fausse information. D’ailleurs, le service régional a rétabli la situation en disant que le prix actuellement est entre 400 et 500 F CFA pour l’oignon et la pomme. Il n’y a aucune difficulté d’approvisionnement. Le marché de Ziguinchor continue d’être correctement approvisionné. Parce que les restrictions ne concernent pas les marchandises’’, défend-il. D’ailleurs, ‘’EnQuête’’ a aussi contacté des sources à Ziguinchor, qui ont confirmé que le prix de ces deux produits se situent entre 500 et 600 F CFA.