Va-t-on vers un bras de fer entre la Cena et le pouvoir exécutif ? En tout cas, le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye nous a donné un avant-goût de ce que pourra être cet imbroglio judiciaire. Il a révélé, hier, en conférence de presse que si la liste de Touba venait à être invalidée par la Cena, le président de la République usera de ses prérogatives constitutionnelles pour la valider.
La liste non paritaire de Benno Bokk Yakaar à Touba divise les acteurs politiques et la Société civile. De son côté, la Commission électorale nationale autonome (Cena) entend faire respecter la loi électorale, en dépit du statut spécial de la cité religieuse qu’évoque le Khalife général des Mourides pour justifier cette entorse à la loi. La Cena s’est autosaisie, mardi dernier, sur cette liste et entend utiliser les moyens juridiques que lui confère la loi du 11 mai 2005, en ses articles L6 et L13, pour faire respecter le Code électoral. Mais, le patron des structures de l’Apr exige que la liste de Touba soit laissée comme telle. «Tous les régimes qui se sont succédé ont conféré à Touba un statut spécial. Tout le monde sait que le Khalife général a toujours fait sa liste sans tenir compte de la parité. On ne peut pas comprendre que la liste soit invalidée», a martelé Mbaye Ndiaye, hier, face à la presse. Et de marteler : «Si par extraordinaire, à défaut de la saisine d’une partie qui se sentirait lésée- ce qui n’existe pas-, l’autorité de gestion de la Cena invalide la liste de Touba, Macky Sall, qui est le gardien de la Constitution, utilisera ses prérogatives pour la valider», dira-t-il sur un ton corrosif.
«Cohésion nationale»
«Le cas singulier de Touba ne doit pas poser problème. Si le tissu social de notre unité nationale est menacé, Macky Sall, le chef de l’Etat, avec son caractère de républicain intransigeant, prendra toutes ses responsabilités, pour éviter tout débordement qui pourrait saper notre cohésion nationale», fulmine-t-il. Non sans évoquer la jurisprudence Touba, à l’image de la Principauté de Monaco en France ou du Vatican en Italie. «Touba est une ville sainte à statut spécial. C’est une localité fondée sur les valeurs islamiques et le Khalife ne saurait y appliquer la parité. C’est cette situation que le Khalife voulait éviter en demandant un statut spécial du Conseil rural de Touba», a-t-il fait savoir. Tout en rappelant quoi qu’il en arrive, le président de la République pourrait utiliser ses prérogatives constitutionnelles pour contourner la décision de la Cena. «Macky Sall est la clé de voûte des institution et il n’acceptera jamais que la liste du Khalife soit invalidée. Il n’y a pas de problème de liste à Touba. C’est une liste sans concurrent», a-t-il laissé entendre, précisant que le cas singulier de Touba ne doit pas poser problème.
