Le Sénégal est un pays qui regorge hélas plusieurs niches d’emplois. L’immensité des chantiers à entreprendre est un bon indicateur des potentialités d’emploi. Pourtant l’impuissance à faire bon usage des ressources humaines disponibles pour réaliser ces chantiers, condamne ces dernières à une oisiveté et une indigence qui transforment cet atout en bombe social incontrôlable.
En effet, l’argument de l’inadéquation formation-emploi souvent brandi par le pouvoir en place nous semble faible. Cet argument ne profiterait qu’à ceux qui ne se seront pas encore beaucoup avancés dans les différents curricula en vigueur. Pour ceux, qui les ont déjà passé et obtenus leurs parchemins, l’heure est à l’identification des besoins sociaux, à la résolution desquels ils peuvent être préposés.
Dès lors, explorer toutes les possibilités d’insertion professionnelle pour ces ressources humaines est la principale tâche à laquelle nous devons tous nous atteler.
Pour rappel, le regroupement des diplômés sans emploi du Sénégal lors de la pandémie de la COVID-19 sur notre territoire, s’était rallié à l’effort national de lutte contre ce fléau et même engagé des initiatives de sensibilisation.
Le regroupement des diplômés sans emploi a toujours exprimé son patriotisme et son activisme citoyen en adoptant une démarche participative et inclusive avec des propositions durables pour la réduction du chômage des diplômés. Malheureusement les tentatives pour rencontrer certaines autorités en charge de la question sont souvent vaines et pour les rares fois que ses audiences ont lieu il n’est question que de négociations pour faire annuler ou suspendre une manifestation en vue.
Ainsi, fermement engagé dans le chantier de l’insertion professionnelle des diplômés le Regroupement de Diplômés Sans Emploi du Sénégal dans ses travaux de réflexion a diagnostiqué la question du chômage des jeunes diplômés et proposé des solutions à court et long terme.
Les solutions à court terme
Le recrutement massif dans la fonction publique et l’organisation régulière des concours peuvent aider à remédier au vieillissement des fonctionnaires et au double emploi. Le recrutement massif des jeunes diplômés des facultés de droit dans les fonctions libérales telles : Huissiers de justice, avocats, notaires, commissaires priseurs concourrait à la fois à une baisse considérable des diplômés cherchant insertion mais surtout au renforcement de l’Etat de droit.
Il est regrettable de constater qu’il y’a plus de magistrats presque 600 que d’avocats moins de 500 pour une population de près de 16 millions d’habitants. Egalement, sur 16 millions d’habitants on compte une cinquantaine de notaires et d’huissiers de justice. Le Sénégal compte moins de 500 avocats alors chaque année, les facultés de droit produisent des centaines de diplômés. Présentement, plusieurs régions souffrent d’un manque criard d’avocats alors que des diplômés traînent les rues de ces régions en perpétuelle quête de perspectives professionnelles décentes.
Ceci semble plus que paradoxale et constitue une forme d’injustice, une discrimination à laquelle il presse de remédier. Par conséquent, avec la législation communautaire qui préconise l’assistance des prévenus dès les premières heures de leur interpellation ou de la garde à vue, le relèvement du nombre d’avocats est ainsi devenu un impératif absolu. L’augmentation du nombre d’huissiers et de notaires est aussi une impérieuse nécessité au regard du nouveau découpage administratif et de la forte croissance démographique. Concrètement, nous réclamons la libéralisation de ces professions dites libérales afin de faciliter l’insertion des jeunes diplômés.
Aussi, le recrutement massif d’assistants parlementaires au niveau de l’Assemblée Nationale, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, du Conseil Economique et Environnemental pourrait contribuer positivement à améliorer la performance de ces institutions. Avec les 557 Communes et 14 Régions que compte le Sénégal, l’acte 3 de la décentralisation offre également de réelles possibilités d’insertion aux diplômés. La quête d’efficacité et de compétitivité dans la gestion locale a aboutit à l’installation récente du Haut Conseil de la Fonction publique locale. Cette institution pourrait travailler à mettre au service des structures locales toutes les ressources humaines disponibles (juristes et autres) pour une meilleure gestion des affaires locales.
La convention Etat-Employeur est également un outil efficace pour remédier à l’inadéquation entre la formation et l’emploi. En exonérant les entreprises de certaines taxes et impôts en contrepartie du recrutement de jeunes stagiaires, l’Etat encouragerait une insertion professionnelle progressive des jeunes diplômés. L’effective application de cette convention est vivement requise pour faire baisser sensiblement le nombre de candidats à l’émigration irrégulière.
Les solutions à long termes
Dans le long terme, l’enseignement du droit pourrait être intégré à bénéfice dans le cycle secondaire pour une initiation. Ce qui permettrait de régler la question de l’ignorance des droits fondamentaux par les citoyens des localités les plus reculées du pays car la promotion d’un Etat de droit s’accompagne de la maitrise par les populations des notions primaires du droit.
En effet, un enseignant de droit dans une localité pourrait en même temps jouer le rôle de conseiller juridique dans plusieurs domaines tels que : la matière civile, pénale et commerciale (le foncier, le régime matrimonial, mariage, état civil, procédure civile).
Fondamentalement, le droit est indispensable dans un Etat, l’enseigner aux citoyens est une obligation pour tout Etat garant de la stabilité d’un pays où le taux d’alphabétisation reste encore à améliorer. En clair, nous alertons l’Etat du Sénégal qui à travers son ministère de la fonction publique avait initié le programme pour la modernisation de l’administration, malheureusement cette réforme peine à produire des résultats convaincants. Cependant, nous reviendrons avec des détails et chiffres sur la réforme de l’administration publique surtout concernant le recrutement des effectifs.