Karim Wade et Khalifa Sall ! Deux hommes politiques à l’envol fulgurant et à la chute brutale et quasi similaire. Tous deux ont été victimes de leurs ambitions selon leurs proches respectifs. Qu’importe ! La machine judiciaire n’a pas été tendre avec eux. Pourtant, ils étaient bien parti pour se frayer un chemin vers le « Graal ».
Karim Wade fut le préféré de son père. Absent des luttes historiques des années de braise, Karim a su s’imposer comme une personnalité incontournable du régime de Abdoulaye Wade. Ce dernier nourrissait des ambitions pour lui au point d’en faire le « ministre du ciel et de la terre ». Karim avait ainsi cristallisait les rancœurs et était la cible des adversaires de Wade-père qui avaient réussi à convaincre l’opinion qu’une dévolution monarchique se tramait. D’aucuns l’indexent même comme étant le responsable de la défaite du Parti démocratique sénégalais (PDS) en 2012. Cet échec sonne le début de la descente aux enfers de Wade-fils. Il était le symbole de la traque des biens mal-acquis initiée par Macky Sall. Condamné par la cour de répression de l’enrichissement illicite, Karim Wade bénéficiera d’une grâce présidentielle après quelques années de détention. « Exilé » au Qatar, il n’a pas remis les pieds au Sénégal depuis 2016 mais son père s’est chargé d’occuper le terrain. Sa candidature à la présidentielle de 2019 sera rejetée. Toutefois, Wade père ne fait plus mystère de ses ambitions de lui léguer un parti où les défections se multiplient. Karim risque ainsi de régner sur une formation politique en lambeau.
Khalifa Sall avait quant à lui l’ambition d’hériter du parti socialiste et son parcours au sein de cette formation plaidait en sa faveur. Celui qui a intégré « les verts » à l’age de onze (11) ans a gravi les échelons pour s’imposer comme une personnalité incontournable. Une stature qui va être renforcée par son élection à la tête de la mairie de Dakar en 2009. De son fauteuil, Khalifa Sall va faire un tremplin. Le maire va peaufiner sa stratégie et tisser son réseau en enrôlant des jeunes prometteurs. Les « dakarois » avaient en ligne de mire le fauteuil d’Ousmane Tanor Dieng, alors puissant Secrétaire général et allié du Président de la République. Une alliance remise en cause par Khalifa Sall qui commençait à se démarquer des décisions du parti. Le maire de Dakar refuse de participer au dialogue national convoqué par Macky Sall en 2016. Le référendum constitutionnel du 20 mars 2016 sera l’autre point de friction entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall. Le secrétaire général des « verts » opte pour le « oui », le maire de Dakar bat campagne pour le « non ». C’était la provocation de trop qui va précipiter l’exclusion de Khalifa Sall et de ses soutiens du parti socialiste. Ce n’était que le début des épreuves pour le maire de Dakar qui sera accusé de malversation dans le cadre de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Il sera jugé et condamné. Radié de l’Assemblée nationale et déchu de son poste de maire, la candidature à la présidentielle de Khalifa Sall sera rejetée. Gracié après deux années d’incarcération, l’ancien maire de Dakar se fait discret sur la scène politique au point d’agacer ses partisans qui ne veulent qu’en découdre.
Karim Wade comme Khalifa Sall ont ainsi eu des chutes quasi similaires. Ils traînent comme un boulet leur condamnation et leur survie sur l’arène politique dépendrait d’une amnistie présidentielle. Macky Sall ne se précipite pas pour leur accorder cette faveur… Karim et Khalifa pourront-ils rebondir ?