La Tabaski se déroule cette année dans un contexte particulier, avec la pandémie de Covid-19 et le début de la saison des pluies, donc en pleine période de soudure pour le fourrage. Conséquences : les moutons sont chers, et le pouvoir d’achat est en berne.
Sous un abri de tôle au bord de la route, les moutons sont plutôt silencieux. « Il fait trop chaud », explique Sidi Mohamed, venu de Mauritanie avec quelque 400 bêtes jusqu’au marché de transit de Sandiara, dans le département de Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar.
Les frontières sont toujours fermées, mais pour les éleveurs, il y a des laisser-passer. Le président Macky Sall a demandé au gouvernement de veiller au bon approvisionnement du pays en moutons pour éviter toute pénurie.
Amadou Sall est chargé de la vente. Pour l’instant, ses clients potentiels prennent le temps de négocier, « wakhalé » en wolof. « Les clients, ils font wakhalé, et puis ils repartent. Mais ils n’ont pas encore acheté. » Le mouton le moins cher coûte environ 130 000 FCFA , et les prix peuvent monter jusqu’à 200 000 FCFA . En cause : le prix du fourrage, qui a augmenté.
200 000 FCFA le mouton, cela fait environ 300 euros, alors que le salaire médian est estimé à 54 000 FCFA. Un budget très lourd pour les familles, surtout après des mois d’activités économiques au ralenti pour cause de pandémie.
Djiby Ba revend des moutons à travers tout le pays. « Cette maladie cause beaucoup de problèmes. Il n’y a pas de travail, il n’y a pas d’argent pour avoir un bon mouton bien nourri. »
Le vendeur s’attend à ce que les clients arrivent à la dernière minute, pour ne pas avoir à nourrir les bêtes avant la fête. Du côté des acheteurs, certains se tournent vers les banques, qui proposent plusieurs formules de prêts « spécial Tabaski ».