Riverains et militants protestent contre la multiplication des constructions sur le littoral de la capitale sénégalaise.
L’État sénégalais a concédé plusieurs terrains à des particuliers à Dakar, sa capitale. Ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Une partie de la société civile s’est mobilisée pour stopper les chantiers. L’un d’eux, situé au pied du phare de la colline des Mamelles, a en effet particulièrement choqué les habitants car c'est un lieu emblématique, mythique de Dakar. Sur place, les riverains ont constaté le percement d’une brèche dans la roche et de la terre enlevée par des pelleteuses, il y a quelques semaines. Les équipes du phare, très étonnées de ces travaux, ont alors appelé les forces de l’ordre, et les gendarmes ont interrompu le travail des ouvriers. Mais le mal est fait. Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du forum social, une organisation de la société civile, constate les dégâts : "C’est quand même déroutant. Ils sont maintenant pratiquement à 300 mètres du sommet du phare des Mamelles."
On retrouve Mamadou Mignane Diouf devant ce qui reste du chantier. Pour lui, pas question de baisser la garde face au bénéficiaire du terrain qui a voulu le construire. "Le monsieur a brandi un papier montrant qu’il a un titre foncier qui lui a été attribué par le service des impôts, explique-t-il. Aussi légal que soit ce papier, il est immoral".
Quelqu’un a osé planter un couteau dans le dos du peuple sénégalais pour son égoïsme personnel, pour ses intérêts personnels, ignorant toute l’importance écologique de ce site-là.
Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du forum social
à franceinfo
La colline des Mamelles est une zone verte protégée. Les travaux sont maintenant définitivement gelés, d’après nos informations. Le cas est loin d’être isolé. Ceux qui construisent sur ces terrains face à l’océan sont le plus souvent dans leur droit. Ils ont obtenu un titre foncier remis par le service des domaines et donc par des fonctionnaires. Mais ce sont des terrains normalement inconstructibles. Un peu plus au sud de Dakar, les habitants ont par exemple assisté à la construction d’un complexe de logements sur la plage publique, dans le quartier de Mermoz.
Des élus dénoncent la corruption qui règnerait, selon eux, dans l’attribution des terrains, jusqu'au sommet de l’État, d’après certains dans l’opposition. Les autorités ont rejeté ces accusations. Le porte-parole du président Macky Sall a annoncé que tous les baux sur la corniche face à l’océan seront suspendus. Une loi à propos de l'aménagement du littoral sera examinée prochainement par les députés pour tenter d’endiguer l'appétit des promoteurs immobiliers. La pression foncière autour de l’espace disponible à Dakar est de plus en plus forte ces dernières années.