La cherté du loyer dans la ville de Dakar n’est plus à prouver. Elle s’expliquerait, selon certains, par la complicité qui existerait entre certains bailleurs et les différentes agences immobilières.
La cherté du loyer dans la ville de Dakar n’est plus à prouver. Elle s’expliquerait, selon certains, par la complicité qui existerait entre certains bailleurs et les différentes agences immobilières. Pour des raisons pécuniaires, les premiers refuseraient de louer leurs maisons à des sénégalais, leur préférence se portant sur les étrangers. le hic, c’est que ces maisons ou appartements sont loués sans qu’aucune enquête de moralité ne se fasse, lésant ainsi des autochtones qui peinent à avoir un toit.
Toutes les méthodes sont bonnes pour éliminer les Sénégalais dans la location de maisons ou d’appartements, voire de chambres. Pour les autochtones, même trouver un petit studio relève du parcours du combattant. Voire de l’exploit. Et pis, comme pour les écarter définitivement, l’avance de deux mois réclamée jadis a été portée à trois mois par les bailleurs. Une exigence presque impossible à satisfaire pour la majorité de nos compatriotes. Cette stratégie des agences serait pour elle une façon légale, certes, mais censitaire d’éloigner les Sénégalais au profit des étrangers dont certains casquent les yeux fermés tout ce que leur demandent les propriétaires de biens immobiliers. Selon un bailleur que nous avons rencontré, sa préférence va aux étrangers qui n’hésitent pas à mettre la main à la poche. « Il arrive très souvent qu’ils fassent une avance de 7 mois, voire même d’une année », confie notre interlocuteur. Et dans cette logique de surenchère, les investisseurs immobiliers ne sont sensibles qu’à l’argent, la raison du plus fortuné étant toujours la meilleure. « Le plus aberrant, c’est qu’aucune enquête de moralité n’est faite sérieusement. Il suffit juste de remplir un formulaire et d’allonger le blé pour qu’on te remette les clefs », se plaint une dame à la recherche d’un appartement et qui a été éconduite partout. « J’habite à Ouakam. Mais trouver un studio est trop difficile voire impossible. J’ai parcouru Dakar et sa banlieue durant plus d’un mois avant d’avoir où me loger. Les bailleurs ne se gênaient guère pour me dire qu’ils préféraient louer à des étrangers plutôt qu’à des Sénégalais qui ne s’acquittent pas régulièrement de leur loyer », confie Abdou Sylla, un jeune fonctionnaire, marié et père d’une petite fille. Aussi, interpelle-t-il l’Etat à mieux organiser le secteur de l’immobilier. Tout en se refusant à stigmatiser les étrangers, notre interlocuteur pense que les caprices des bailleurs portent atteinte à la dignité d’honnêtes gens. Malgré cette préférence pour les étrangers, pourtant, les Nigérians n’ont pas une bonne réputation auprès de certaines agences. « Ils sont très souvent mêlés à des activités malsaines comme l’escroquerie, le trafic de drogue et la cybercriminalité etc., » explique un bailleur.
A KEUR MASSAR, ON PREFERE LOUER AUX COMPATRIOTES
A Keur Massar, le jeune gérant d’une agence immobilière, Pape Cheikh Sarr, dont les bureaux se trouvent tout près d’une grande surface, ne loue pas aux Nigérians. « Nous préférons des compatriotes dont nous sommes sûrs qu’ils ont un emploi. Pour les autres nationalités, notre préférence va aux Gabonais, Béninois, Ivoiriens. Mais nous ne voulons pas des Nigérians parce que j’ai des collègues qui ont eu des problèmes avec eux. Ses locataires étaient dans la cybercriminalité. Personnellement, les deux expériences que j’ai vécues avec eux m’ont assez édifié », raconte le jeune gérant qui juge les Nigérians dangereux. Si beaucoup de bailleurs préfèrent des étrangers, ce n’est pas le cas pour Cheikh qui préfère louer ses villas, appartements ou chambres à des Sénégalais bon teint. « Non seulement ils savent entretenir une maison, mais également, ils sont du pays. Et en cas de problème, ils ne vont pas sortir du Sénégal.
En revanche, s’agissant des locataires des autres nationalités, du moins d’après ma modeste expérience, ils ne sont pas forts dans l’entretien. Et au terme du contrat, tout l’argent sera dépensé dans la réfection des appartements » confie ce bailleur. A Ouakam, un ancien « Modou Modou » qui a investi dans l’immobilier préfère es étrangers, les jugeant plus réglos et solvables car pouvant même payer à l’avance une année entière. « J’ai investi beaucoup d’argent dans l’immobilier et je ne suis pas dans des dispositions à gérer des cas sociaux », se défend-il. Pour l’enquête de moralité, notre interlocuteur pense que les gens sont difficiles à connaitre.
Toutefois, il reconnait que certaines nationalités ne sont pas dignes de confiance et c’est ce qui fait souvent que les bailleurs sont floués. A Sacré Cœur, M. Diop explique que les bailleurs sont de plus en plus exigeants. Malgré tout, lui, il préfère louer à un étranger plutôt qu’à ses compatriotes à moins qu’ils ne prouvent leur solvabilité. « Ils prennent possession d’un appartement et cinq mois après, ils commencent à accuser du retard et vous servent des explications décousues tout en peinant à tenir leurs promesses. Et pour les faire quitter, c’est tout un problème. C’est pourquoi je préfère louer aux étrangers », tranche net notre interlocuteur. Lequel, comme l’ancien « Modou – Modou » de Ouakam dit ne pas faire dans le social. En vérité, le coût très élevé du loyer à Dakar, en dépit de la loi instaurant une baisse de ce dernier, s’expliquerait par la préférence faite aux étrangers qui ont la réputation de payer rubis sur ongle et sans marchander au grand désespoir des autochtones qui peinent à trouver ne serait-ce qu’un studio… Lequel serait même devenu un luxe pour beaucoup d’entre eux !