Quand il a été convoqué lundi par la Gendarmerie, les Sénégalais pensaient que c'était pour les besoins de l’enquête le visant pour diffusion de fausses informations, concernant ses fracassantes révélations sur l'affaire des milliardaires libanais. Non, cette fois c'est une affaire de mœurs.
Les Sénégalais sont nombreux à avoir fait le lien entre sa convocation par les gendarmes ce lundi 22 juin et ses révélations sur l'affaire des milliardaires libanais qui défraie la chronique au Sénégal.
Convoqué, à la Section de recherches de Dakar, il a été retenu jusque tard dans la soirée, dans l’attente d’une décision du procureur de la République, avant d’être finalement autorisé à rentrer chez lui. Seulement, il devra repasser devant les gendarmes ce mardi. Selon Libération (un quotidien national), une commerçante de 29 ans, Ngoné Thiam, a cité le nom du journaliste dans une affaire d’avortement clandestin, sachant que l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est un acte très encadré par la législation sénégalaise.
Toujours selon le journal, il y a une dizaine de jours, les enquêteurs ont reçu une information selon laquelle cette commerçante aurait avorté grâce à Yaya Sow, un infirmier qui avait été déjà arrêté pour des faits similaires. Tous les deux ont été cueillis et ont reconnu les faits.
Lors de son interrogatoire, la dame affirme qu’elle était tombée enceinte du nommé «Cheikh Seck» qui lui aurait ensuite donné 200 mille francs CFA pour avorter. Elle reviendra à la charge pour préciser qu’il s’agit de Cheikh Yérim Seck et que l’argent lui a été envoyé par l’assistante de ce dernier. Interrogée à son tour, cette dernière confirme l’envoi d’argent, mais précise qu’elle n’était pas au courant de l’objet du transfert.
Pendant son interrogatoire, Cheikh Yérim Seck a formellement nié être l'auteur de la grossesse de Ngoné Thiam ou de lui avoir demandé d’avorter. Cependant, il a reconnu l’envoi des 200 mille francs. Mais, selon lui, Ngoné Thiam l’avait sollicité à cause de difficultés pour payer son loyer. Tous les deux ont persisté sur leurs déclarations lors d’une première confrontation.
Le second round de cette affaire devait se jouer dans les locaux de la Section de recherches ce mardi. Tôt ce matin, les gendarmes l'ont appelé pour lui dire d'attendre les résultats d'analyses importantes dans le dossier. Si le journaliste a été libéré, les autres protagonistes de cette affaire étaient toujours en garde à vue.
Ce qui est intrigant dans cette affaire, c’est qu’elle survient seulement 3 jours après la libération de Cheikh Yerim Seck et son placement sous contrôle judiciaire, dans une autre affaire le concernant. Celle-ci implique la gendarmerie sénégalaise et le ministère de la Justice et surtout des milliardaires libanais impliqués dans une vaste affaire de blanchiment d'argent et potentiellement de financement du terrorisme international.
Jadis proche du pouvoir, Cheikh Yerim Seck acumule les ennuis judiciaires depuis qu’il a commencé à s’en éloigner en livrant des analyses et portant des accusations.