Les parties civiles qui ont ouvert le bal des plaidoiries, hier lors du procès Iaaf de Paris, n’ont pas été tendres avec les Diack.
Encore une journée mouvementée pour les Diack. Ce mercredi, les parties civiles se sont défoulées sur Lamine Diack et son fils.
C’est d’abord Me Regis Bergonzi, avocat de l’Iaaf, qui a ouvert les hostilités. Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Monaco a été sévère dans son réquisitoire. Il reproche à Papa Massata Diack et son père d’avoir négocié des contrats de sponsoring douteusement et encaissé, selon ses propres mots, des dizaines de millions de dollars et d’euros avec des sociétés comme Dentzu, Abu Dabi Médias, VT Bank russe, CCTV, TDK ou Samsung.
«Sans reverser un centime à l’Iaaf», s’offusque-t-il. «Massata Diack touchait 5 à 15% de tous les contrats de sponsoring alors qu’il est rémunéré régulièrement par l’Iaaf», clame le conseil de l’Iaaf. Qui est revenu à la charge contre les Diack. «Votre nom rime avec le détournement et la corruption un peu partout dans le monde. On ne parle que de ça à Monaco, à Moscou, à Doha, à Daegu, à Tokyo, à Taiwan et à Singapour. Vous avez fait beaucoup de mal à l’athlétisme», gronde-t-il devant le Tribunal.
Le bâtonnier ne s’arrête pas là. «Vous avez favorisé le népotisme à l’Iaaf. J’espère que votre fils comparaîtra un jour et s’expliquera devant la justice», ajoute-t-il. Avant d’insister sur les «préjudices moraux que vous avez causés à l’Institution».
L’avocat de l’Agence mondiale antidopage (Ama) et du Comité international olympique (Cio), Me Emmanuel Doud, a d’abord reconnu les compétences de Lamine Diack et son bilan positif sur le plan sportif à la tête de l’Iaaf. «Il a démocratisé le sport, il l’a rendu universel mais Monsieur Diack n’est pas jugé ici sur la base de son bilan à la tête de l’Iaaf», a-t-il noté. Le conseil de l’Ama d’attirer l’attention de la juge sur «les faits réels de corruption, d’abus de confiance et de détournements» des accusés. «Toutes les décisions qu’il prises durant ses mandats ou qu’il fait prendre sont en connaissance de cause. Il agit et il a laissé faire. C’était sous sa responsabilité morale», déplore-t-il.
Selon Me Daoud, Lamine Diack n’a pas été sincère quand il déclarait la guerre aux athlètes tricheurs et dopés en 2007 après la suspension de la sprinter américaine Marion Jones. Il ajoute : «Il s’est comporté comme un patriarche omnipotent.» L’avocat déclare qu’il doute de sa sincérité et trouve ahurissant le comportement des Diack au sein de l’Iaaf. Car «les tricheurs ne seront jamais sanctionnés dans la mesure où ils viennent payer à la caisse pour être protégés».
Avocat de l’Iaaf, Me Regis Bergonzi est revenu à la charge en déplorant l’attitude des autorités sénégalaises. «C’est regrettable que le Sénégal n’ait pas exécuté ce que l’on lui a demandé», se désole-t-il devant la juge. L’avocat reproche au Sénégal de n’avoir pas coopéré dans cette affaire juridique. Il soupçonne le pays des Diack de protéger ses fils en octroyant un passeport diplomatique à Papa Massata Diack. Selon lui, il a été impossible de faire des investigations au Sénégal. «On a communiqué tous les éléments accablants à la justice, donc Lamine Diack ne peut pas prétendre à clamer qu’il n’a rien à voir dans tout ce qui s’est passé», regrette Me Bergonzi. Ce dernier a réclamé, au nom de l’Iaaf, un total de 41,2 millions d’euros de dommages et intérêts aux six co-prévenus.
Réquisitoire : 4 ans contre Lamine, 5 ans contre Massata
Le Parquet national financier a requis quatre ans d’emprisonnement et une amende maximale de 500 000 euros contre l’ancien Lamine Diack. Les procureurs ont requis une peine encore plus lourde de cinq ans de prison, 500 000 euros d’amende et un mandat d’arrêt contre son fils, Massata.
Le procureur Arnaud a requis trois ans d’emprisonnement dont 18 mois de sursis pour Me Habib Cissé plus une amende de 100 000 euros et une radiation du barreau de Paris.