Polémique sur polémique. Ces derniers jours, les actions du gouvernement ont été littéralement étouffées par un débat public au sommet de sa vigueur. La polémique enfle sur plusieurs questions, et le chef de l’Etat, aphone, ne semble pas être dans la meilleure des postures.
L’union sacrée a volé en éclats
Et pourtant, quelques jours après avoir déclaré l’état d’urgence, le Président Macky Sall avait su rallier à la cause, l’essentiel des forces vives de la nation. Mais, l’union sacrée contre la pandémie sera très vite brisée. Elle a été stoppée nette par la polémique qui s’est emparée des marchés d’achat et de distribution du riz. Ce sera le point de départ d’une vague ininterrompue de polémiques.
Depuis, se sont succédés dans le débat public, la polémique sur la fermeture et l’ouverture des mosquées, la polémique sur l’honorariat, sur la reprise des cours, la polémique Akilee, la polémique sur les licences de pêche, les manifestations contre le couvre-feu, le débat sur les nominations de transhumants, et aujourd’hui la polémique sur le littoral qui enfle de jour en jour. Une situation qui met le chef de l’Et son équipe dans une position très inconfortable. Pis, certaines de ces polémiques sont nées d’affaires, comme celle du littoral, sur lesquelles le chef de l’Etat avait donné sa parole et fait des promesses.
«Ses directives ne sont pas respectées»
«On traverse un moment difficile pour la majorité présidentielle, particulièrement pour le président de la république, parce qu’il y a un amoncellement de scandales ou de situations compliquées engageant la responsabilité de certaines personnalités politique. Et cette situation-là est inquiétante», indique le Pr Moussa Diaw. Selon l’enseignant chercheur en Science politique, l’impression qui dégage aujourd’hui, c’est que les directives du chef de l’Etat, ses injonctions et décisions ne sont pas respectées. Elles restent en l’état de parole, sans suivi pour la plupart.
A cela, s’ajoute la problématique des personnalités politiques qui, par leurs fonctions, profitent du pouvoir pour satisfaire des intérêts particuliers. «C’est un paradoxe que l’on observe dans cette gouvernance là et cela risque de déteindre sur l’image du président de la République et de la façon dont il dirige le gouvernement», indique celui qui enseigne aujourd’hui à l’Université Gaston Berger de Saint Louis.
La rançon de la suppression du poste de Pm
Et ces carences dans le suivi et la coordination, ne sont pas fortuites. Elles semblent aussi révéler un vide laissé par une réforme entreprise par le chef de l’Etat lui-même, en mai 2019: celle de la suppression du poste de premier ministre qui était jusque-là, la cheville ouvrière du gouvernement. De plus, Mohamed Dionne ne manquait pas d’aller aux charbons sur les questions brûlantes de l’actualité. Mais aujourd’hui, il semble manquer ce bouclier au chef de l’Etat.
«On a supprimé le poste de premier ministre alors qu’il était important. Son rôle est de coordonner, d’intervenir et de rendre compte au président. Mais, ce maillon a été supprimé. Aujourd’hui, le président a du mal à surveiller, à faire respecter ses décisions à travers les différents ministres. Il a du mal à tout coordonner. C’était le danger de concentrer tous les pouvoirs autour du président de la République », indique le Pr Diaw.
Le danger
Aujourd’hui, le grand danger, c’est surtout que la voix de ces polémiques, soit pas plus audible que celle de la sensibilisation et la lutte contre le covid-19. Ce qui risque de détourner l’attention de cette pandémie qui a tué 56 fils du pays. Pour l’instant, l’opposition, elle, ne fait aucun cadeau à la majorité.