L’ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, s’est présenté pour la première à la barre de la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, dans le procès en corruption au sein de l’instance dirigeante de la première discipline olympique. L’ancien conseiller juridique de M. Diack, Me Habib Cissé, qui a été entendu en début de journée, a tenu des déclarations qui ont accablé le fils Diack, Papa Massata, qui est jugé également pour corruption.
Retour à la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Après l’ex-responsable de l'antidopage au sein de l’IAAF, Gabriel Dollé, lundi dernier, c’est au tour de l’ancien conseiller de Lamine Diack d’ouvrir le bal des auditions, au deuxième jour du procès en corruption dans l’athlétisme. Accusé d’avoir participé à l’entreprise de corruption présumée mise en place par les Diack, M. Cissé, selon ‘’Challengesports.info’’, a tout d’abord précisé certains points le concernant.
‘’Je n’ai jamais été un mandataire de Lamine Diack et je n’intervenais pas dans la négociation des contrats de sponsoring. J’intervenais dans l’assistance juridique et j’avais un rôle très limité”, a-t-il déclaré à la barre. Il a donc botté en touche la notion d’’’homme du président’’ qui lui est prêtée. ‘’Je ne suis pas en train de défendre Lamine Diack. Je ne suis pas son protégé. Je récuse la notion d’homme du président que le tribunal voudrait me coller. Monsieur Diack ne m’a jamais traité différemment des autres. Il n’a jamais pris parti en ma faveur dans les conflits et différends entre moi et les autres membres’’.
Habib Cissé s’est efforcé à établir son innocence dans cette affaire. Cependant, il a perdu ses moyens quand il lui a été demandé de s’expliquer sur une note trouvée à son domicile par les enquêteurs. Ce document fait état d’un virement, un remboursement de 300 000 euros reçus par la marathonienne Lilya Shoboukhova, après sa suspension en 2014.
Selon ‘’Ouestfrance.fr’’, il a ‘’eu du mal à expliquer’’ un échange de SMS avec Papa Massata Diack, ‘’où ce dernier lui demande de retourner les 50 000 euros reçus sur le cas Shoboukhova’’. L’avocat s’est offusqué que Papa Massata Diack lui ait adressé cette demande, alors qu’il n’a rien reçu des Russes comme honoraires, dit-il. ‘’Je n’ai pas remboursé, j’ai décidé de donner une petite somme pour arrêter les choses’’.
Maitre Cissé a également avoué avoir négocié 600 000 euros en 2011 ‘’pour dix personnes de l’IAAF’’. “Chacune a eu 60 000 euros, mais je n’ai reçu aucun centime de cet argent”. Cet argent, affirme-t-il, permettait aux athlètes de participer aux JO-2012 et aux Mondiaux d’athlétisme de 2013. ‘’Les payements auraient été reçus à Londres en 2012 par Papa Massata Diack, à en croire l’ancien conseiller juridique de l’IAAF. En même temps, il avoue avoir échangé par SMS et mails avec Papa Massata Diack plusieurs fois sur ce dossier, pour les modalités pratiques de payement des reliquats, après un acompte de 150 000 euros en décembre 2011’’, écrit ‘’Challengesports.info’’.
Lamine Diack : ‘’Voilà qui je suis’’
L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) est passé à la barre, hier en fin d’après-midi, pour la première fois depuis l’ouverture de son procès en corruption sous fond de protection d’athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin. Attendu pour se prononcer sur le fond de l’affaire, Lamine Diack s’est plutôt adonné à exposer ses liens avec la première discipline olympique, a fait savoir ‘’France24.com’’.
‘’D'un débit rapide, pas toujours intelligible, le natif de Dakar a d'abord raconté comment le sport l'avait tiré vers le haut, lui l'adolescent "rachitique" raillé par l'un de ses frères, convaincu qu'il n'y arriverait jamais’’, relate le site. Monsieur Diack a été un athlète de haut niveau, spécialisé en saut en longueur, sous les couleurs de la France, dans les années pré-indépendances. Il a été maire de Dakar (1978-79), puis parlementaire, avant de devenir, en 1999, le premier président non-européen de l’IAAF, succédant à l’Italien Primo Nebiolo. Pa rapport à ce poste qu’il a occupé jusqu’en 2015, l’ancien champion de France s’est réjoui d’avoir vulgariser la pratique de l’athlétisme. ‘’Mon rôle à moi, c’était d'universaliser l'athlétisme (...) Voilà qui je suis !’’, a-t-il conclu.
Le procès se poursuit aujourd’hui à la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Face à la présidente de cette juridiction, Rose-Marie Hunault, Lamine Diack devrait se prononcer sur les faits qui lui sont reprochés. Arrêté lors d’un voyage en France en novembre 2015, le dirigeant sénégalais risque jusqu’à 10 ans de prison pour ‘’corruption’’, ‘’blanchiment en bande organisée’’ et ‘’abus de confiance’’.