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Me Augustin Senghor, président FSF: ‘’Ma candidature, ce n’est pas ce qui compte’’
Publié le mardi 9 juin 2020  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
La Fédération sénégalaise de football donne des détails sur la préparation des Lions
Dakar, le 13 février 2018 - Le président de la Fédération sénégalaise de football a donné des explications sur la préparation de la phase finale de la Coupe du monde 2018 par les Lions du Sénégal. L`équipe de la FSF a annoncé plusieurs matches amicaux. C`était au cours d`une rencontre avec les journalistes organisée par l`Anps. Photo: Me Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football
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Lors de son passage au Club de la presse sportive, ce samedi, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) s’est prononcé sur toutes les questions de l’heure qui concernent le ballon rond, en cette période marquée par la suspension de toutes les compétitions à cause de la pandémie de Covid-19. Interrogé sur une éventuelle candidature à la fin de son mandat actuel, en 2021, Me Augustin Senghor a fait savoir que le moment n’est pas à un débat sur les prochaines élections fédérales, mais de faire le focus sur les nombreux projets en cours.

Formule en cas de reprise du championnat

‘’En ce qui concerne une éventuelle reprise des championnats, on a fait plus que penser à une formule. Des propositions ont été faites par le Comité d’urgence, il y a trois semaines à un mois. Il s’agissait, concrètement, de reprendre plus tard au mois de novembre, parce qu’il ressortait des informations fournies par les autorités, notamment du discours du chef de l’Etat, que la pandémie ne pourrait pas être régulée avant le mois de septembre. Partant de là, on s’est projeté en novembre et c’est pourquoi on a revu la formule pour garder l’intégrité de la saison suivante 2020-2021 et pouvoir la démarrer en janvier au moins. Il fallait alors changer de formule.

C’est ainsi qu’après un large partage au sein des instances de décision, que le Comité d’urgence avait proposé la formule des play-offs qui permettrait de finir la saison sur le terrain et d’attribuer les bénéfices à chacun selon son mérite sportif. C’est ce que nous avions arrêté. A la lumière de ce qui s’est passé ces derniers jours, le Comité d’urgence s’est réuni et a proposé de convoquer le mois prochain le Comité exécutif pour étudier les possibilités d’anticiper sur ce mois de novembre. Cela voudrait dire qu’on pourrait envisager de terminer la saison en jouant les phases retours de Ligue 1 et Ligue 2, sans oublier les autres championnats amateurs. Ce sera juste une étude et la décision initiale prise par le Comité d’urgence reste en vigueur.’’

Arrêt définitif des compétitions

‘’La raison est simple et chaque pays a ses réalités. Au Sénégal, on n’a joué que la moitié du championnat, en ce qui concerne les Ligues 1 et 2. On a joué 13 journées sur 26 possibles. Il y avait 39 points à prendre. La difficulté, c’est qu’il nous paraissait difficile, sans qu’on nous le reproche ou que ça ne fasse des griefs aux autres équipes, de déclarer Teungueth FC champion. Même en Ligue 2, les équipes sont tellement proches, mis à part la Linguère qui a 6 points d’avance sur le 2e l’Uso. C’était difficile d’attribuer le titre, de décider qui allait descendre ou monter. Cela posait problème et on estime que jouer la moitié du championnat ne suffisait pas, même si TFC a une longueur d’avance sur ses adversaires. C’est pourquoi nous avions pensé à cette formule qui serait moins injuste, sans remettre en cause le mérite des équipes qui ont engrangé des points sur la phase aller.’’

Le football et l’aide de l’Etat

‘’On a été très impactés négativement et on a espoir que l’Etat devra accompagner le sport et le football. On a aussi joué notre partition dans la lutte et on continue à le faire. On peut aussi comprendre que l’Etat a dû hiérarchiser en fonction des priorités. Ils ont orienté l’aide dans les secteurs comme la santé et l’éducation. On a vu qu’ils ont aidé la culture et on est optimiste. On sait que l’Etat ne nous a pas oubliés. Notre tour n’est peut-être pas encore arrivé, en termes de priorité. Après les acteurs culturels, l’Etat va se tourner vers les sportifs, dont le football qui en a besoin. La fédération a pris les devants, en aidant les clubs et les acteurs à supporter les difficultés financières. On attend toujours et on espère être aligné au moins sur le secteur culturel, à défaut d’être dans la même catégorie que les secteurs névralgiques de l’économie.

Je pense que le sport occupe une part importante, au même titre que la culture, sur le plan national et mondial. Le Sénégal rayonne dans le monde entier grâce au sport. En plus, on est un secteur économique à part entière. Des milliers de personnes aident leur famille à travers le football et le sport. Il est important que l’Etat accompagne le sport dans le cadre du programme de relance post Covid-19 et de résilience. On a conçu un programme post Covid-19, incluant la fin de cette saison et celle 2020-2021. A côté, on a créé un fonds spécial de relance Covid-19 dans lequel on attend un appui de l’Etat pour faire face à l’ensemble des charges inhérentes, surtout appuyer nos clubs et membres. On devra aussi se servir de cette crise pour relancer le football et solutionner l’impact négatif subi.’’

Infrastructures

‘’On a beaucoup investi dans les infrastructures, ces dernières années, et on va continuer ainsi. On n’a pas mal de projets qui pourraient être achevés ou avancés d’ici l’année prochaine. Dans ce cadre, il y a le stade Demba Diop fermé depuis 2017. Cela pose beaucoup de préjudices au football et particulièrement au football dakarois. Il est important, vu la place du stade dans la vie du football sénégalais et des autres sports, qu’il soit réhabilité et rouvert. Le président de la République nous l’a confié et on a commencé à travailler avec le ministre des Sports pour la réhabilitation. Ce sera une réhabilitation et une modernisation. On voudra garder la structure actuelle du stade, car c’est un patrimoine sportif qui a une histoire, tout en modernisant et en le rendant plus fonctionnel. On veut en faire un petit modèle des stades anglais. Il suffira juste de faire les commodités d’accès, de sortie, de fluidité, d’organisation, de confort, des panneaux d’affichage moderne, des sièges assis de 15 à 18 000 places, si c’est possible nous irons jusqu’à 20 000 places. Tous les sièges seront assis et on va aussi réorganiser pour que la distribution change.

On se rend compte que tout le monde est à l’étroit, tribune de presse, espace VIP, même le salon d’honneur est un cagibi sous les tribunes, les toilettes et les vestiaires sont accolés au salon. Ce stade sera aux normes de sécurité, Fifa pour éviter les incidents. Notre volonté est que ce stade puisse profiter à tous les acteurs du football et qu’il puisse abriter les grandes joutes de nos compétitions nationales. Et pourquoi pas qu’il ait un retour de l’équipe nationale A à Demba Diop, en optant pour du gazon naturel ou hybride. Je pense que nous avons tous en tête les moments mémorables où les Lions jouaient dans ce stade qui a beaucoup d’histoire. Mais je vais insister sur les délais, car Dakar est sevré de terrain et nous voulons en une année moderniser ce stade. Nous réfléchissons même sur une rénovation à tiroir, isoler une tribune et continuer au fur et à mesure que les travaux avancent. Ce sera le cabinet spécial qui nous dira la faisabilité, mais les délais courts sont importants pour nous.

Autre projet, c’est le siège de la Fédération sénégalaise de football. Je pense que nous sommes à l’étroit dans l’actuel siège qui ne reflète pas le niveau de rayonnement de notre football, surtout avec les performances de notre sélection A. Nos jeunes qui brillent partout, les filles qui gagnent et surtout le Beach Soccer, roi d’Afrique depuis dix ans ou plus. A cela, il faut ajouter le rayonnement de notre fédération qui est très respectée en Afrique et dans le monde, sans oublier nos dirigeants reconnus partout dans le monde. Il est temps d’avoir ce siège qui sera logé dans les locaux de l’ancienne Ligue de football du Cap-Vert, au Point E. Ce sera un immeuble R+6 extension que nous voulons moderne et fonctionnel, où toutes nos administrations seront logées et pourquoi pas des salles de réunion et autres.

L’autre projet concerne les ligues régionales. Dans deux mois, les premières vont sortir de terre et on va continuer jusqu’à ce que les 13 ligues de l’intérieur du pays puissent avoir leur siège. La Ligue de Dakar sera logée dans le nouveau siège de la FSF qui sera construit au Point E. On a aussi le stade Maniang Soumaré, parce qu’on veut faire souffler Lat Dior et doter la famille sportive thiessoise d’un terrain en gazon synthétique où toutes les équipes pourront jouer et s’entraîner. Sur ce projet, on est très avancé et je pense qu’on aura la réponse définitive de la Fifa dans les prochaines semaines. De ce fait, on pourra commencer les travaux. Il y a aussi l’hôtel fédéral, centre d’hébergement de haut niveau qui sera à Toubab Dialaw. On a pu nous accorder avec le département d’investissement de la Fifa dans ce sens. Il faut y ajouter tous les investissements qui seront faits à Guéréo sur une plateforme de 20 ha pour en faire un centre d’excellence international qui pourra accueillir des équipes nationales ou des clubs internationaux en bord de mer pour se préparer. On pense pouvoir réaliser ces projets dans les meilleurs délais. On est en train de construire à Toubab Dialaw la nouvelle intendance de la FSF et plus tard il y aura une piscine. Il y a beaucoup de projets et on va les boucler dans un délai court.’’

Candidat ou pas en 2021

‘’J’ai été élu pour un mandat de quatre ans et il reste à peu près 15 mois, durant lesquels je suis tourné vers mon travail, ma mission et engagements auxquels j’avais souscrit en 2017. Beaucoup a été fait, mais il en reste encore. Il y a de grands chantiers et notre objectif ce n’est pas de savoir si on reste ou on part. Ce qui nous intéresse, c’est de laisser un legs aux générations futures et futurs dirigeants des acquis qui leur permettront de maintenir les progrès en cours. Les générations futures diront que l’actuelle équipe dirigeante a laissé sur place une bonne organisation, des infrastructures, des équipes compétitives pour pouvoir rester le plus longtemps possible au sommet du football africain, glaner des trophées pour rattraper le temps perdu depuis les indépendances.

Ma candidature, ce n’est pas ce qui compte. Je suis focus sur ma mission et mon travail. J’ai toujours eu à bénéficier de la confiance des acteurs du football et des autorités du pays, sinon je n’aurais pu rien faire. Tout ce qui a été fait, ce n’est pas ma personne qui a compté, mais c’est le travail de toute l’équipe fédérale dans l’union. Tout n’a pas été toujours rose, c’est normal aussi, quand on a une méga fédération. On est l’une des fédérations les plus importantes en nombre de membres avec près de 400 ; tout ne peut pas être comme un fleuve tranquille. Il y a des hauts et des bas, mais tout le monde a tiré dans le même sens. C’est pourquoi on est arrivé à ces résultats probants. C’est sur ça qu’il faudrait se fixer. Installer un débat sur des candidatures ou des élections, ce serait nous détourner de l’essentiel. Il n’y a pas de d’inquiétude à avoir, je pourrais m’adresser à qui de droit le moment venu, ceux qui m’ont confié leur mandat pour leur dire. Ce sera aux alentours de l’assemblée élective de 2021.

Cela me fait plaisir que certains pensent que je dois continuer le travail. Je crois aussi qu’on est dans la continuité. Chacun a une durée de vie sur terre et au niveau de ses fonctions. L’essentiel est de travailler chaque jour comme si on devait être là pour l’éternité, afin de servir la communauté. Tout en ayant en tête qu’on peut partir à tout moment. Je suis rentré dans cette maison de la présidence de la FSF avec mon fagot que je n’ai jamais détaché. Il y a eu tellement de crises qui auraient pu me faire partir… Je me dis que je suis un miraculé. En même temps, j’ai gardé mon fagot et j’ai commencé une maison comme si je devais y rester une éternité.’’

Profil pour la Caf

‘’On estime que j’ai un profil intéressant pour diriger la Caf ; ça se dit. J’entends et j’ai eu à me prononcer là-dessus. Je reste sur mes principes qui veulent que je sois quelque part pour apporter ma contribution aux côtés d’autres. Chacun a son rôle et j’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice. Le jugement des autres est important pour chaque être humain. Mais l’essentiel est de rester sur ses principes et de travailler pour l’intérêt général. Notre sort n’est pas le plus important, mais je crois fortement aux destins. Les destins sont écrits pour chacun d’entre nous. Laissons le destin faire son chemin et ses choix. Demain, on saura ce qui adviendra. Ce qui est important pour moi, je ne me couche jamais en pensant à un poste de président de la Caf. Par contre, je me couche tous les jours, pensant à une Caf rayonnante et j’y travaille aux côtés du président Ahmad Ahmad pour bâtir un football africain fort. C’est ça notre objectif. Nous y travaillons et sans aucune ambition personnelle. Le travail est toujours sanctionné positivement ou négativement. Tout le monde ne sera pas président de la Caf. C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite. Il ne faut pas oublier qu’être président de la Caf demande un investissement beaucoup plus important que celui de président de fédération. Au-delà de la volonté individuelle, il faut le backing de tout un pays, d’un Etat, d’un gouvernement, car il s’agit de conquérir des voix. Je ne suis pas dans ce projet. Je suis dans le projet de jouer pleinement mon rôle dans le Comité exécutif avec les responsabilités nombreuses qui me sont confiées.’’

Co-organisation d’une Can avec la Guinée

‘’Je dois d’abord dire clairement que la Can-2025 a été attribuée à la Guinée et non pas aux deux pays. Aujourd’hui, on n’a pas les cartes en main et c’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non à organiser seule ou s’ouvrir à d’autres pays. Je me suis prononcé une fois sur cette question, en disant que ce serait une excellente chose de le faire. Notre président et son gouvernement ont mis en branle un certain nombre de projets qui nous permettront d’avoir 4 ou 6 stades internationaux, plus la réfection de Demba Diop. C’est autant de facteurs qui montrent que le Sénégal se prépare pour organiser dans quelques années.


Une co-organisation sera plus légère ; il ne faut pas oublier que cette Can, quand on la donnait à la Guinée, c’était avec 16 équipes. Maintenant c’est 24. C’est lourd pour n’importe quel pays africain, à l’exception de deux ou trois. Il faut que nous Africains qu’on puisse avoir l’humilité de faire les choses ensemble. Des pays gigantesques comme les Etats-Unis, le Canada et le Mexique décident de se mettre ensemble pour la Coupe du monde 2026. L’Afrique devrait le faire pour une Can à 24 et la Caf pourrait infléchir les pays qui ne remplissent pas ces critères d’aller vers cette option. Cette Can à 24 n’aura de sens que si on arrive à pousser les pays voisins d’aller vers des co-organisations. Je suis certain que ce sera de belles fêtes, des Can bien organisées ou les vols seront distants d’une à deux heures. Chaque pays pourra se doter d’infrastructures et avoir un héritage post-Can pour pouvoir développer son football. Je pense que c’est l’avenir de cette Can, si on veut la maintenir à 24 pays.’’

Le gap entre les sélections nationales et le football local

‘’C’est le paradoxe qu’on vit au Sénégal. Pendant trop longtemps, on se plaignait des résultats de nos équipes nationales. On était inexistant en petites catégories et on allait de déception en déception pour l’équipe nationale A. Aujourd’hui, l’équipe A domine le classement africain depuis 3 ans, les petites catégories et le foot féminin gagnent, le Beach Soccer rayonne. Mais nos équipes locales sont éliminées au niveau des compétitions africaines. Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème. Il faut reconnaître que le tableau n’est pas noir. Nous jouons des championnats réguliers avec la participation de toutes les équipes. Le football se joue sur l’ensemble du territoire national. On voit la naissance de nouveaux clubs et il faut noter cette régularité. C’est vrai que notre football n’est pas encore productif sur le plan financier et commercial pour construire des équipes fortes. Il est important qu’on repense à tout ça, en se basant sur le modèle de club qu’on veut.

Avant de penser à un modèle de championnat local, nous devons d’abord bâtir des clubs forts. Nous avons beaucoup de clubs, mais aucun ne constitue la panacée. On a aujourd’hui des clubs qu’on dit académies ; il y a des avantages et des inconvénients. Les clubs traditionnels ont connu leurs heures de gloire ainsi que ceux des entreprises. Il faut s’asseoir et voir le meilleur format. Je pense qu’on doit travailler à assurer de grands ensembles pour avoir des clubs forts et structurés. Pourquoi ne pas avoir des fusions entre des clubs traditionnels et des clubs d’entreprise, surtout insister pour injecter de l’argent dans le football professionnel. Partout en Afrique, les Etats ont mis la main à la poche pour le développement du football professionnel.

L’Etat ne doit pas regarder le football comme une simple activité de loisir. C’est une activité économique et elle est éligible au même titre que les autres dans le Plan Sénégal émergent (PSE) et il faut le voir ainsi. Il faudra financer ce football pendant 5 ou 6 ans et on verra qu’il décollera. Je crois aussi qu’il faudrait accompagner nos télévisions nationales pour l’acquisition des droits et en avoir l’exclusivité. On pourrait avoir un système comme en Côte d’Ivoire où l’Etat subventionnerait la RTS pour qu’elle paye à tous les clubs professionnels des droits sur toute l’année qui lui permettrait d’avoir des droits exclusifs sur les Ligues 1 et 2. On est un marché porteur et émetteur, tous les agents et grands clubs européens voudraient voir nos matches et pouvoir recruter nos pépites. Si la RTS ou d’autres télévisions s’associent, le football professionnel demeurerait au Sénégal.’’
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