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Gouvernance du religieux et Covid-19 au Sahel : Leçons apprises du Rapport Timbuktu Institute
Publié le mardi 9 juin 2020  |  dakaractu.com
Tabaski:
© aDakar.com par A. Sow
Tabaski: Le Khalife général des mourides a prié à la Grande Mosquée de Touba
Touba, le 12 septembre 2016 - Le Khalife général des Mourides Serigne Sidy Mokhtar Mbacké a effectué la prière de l`Aïd El Kebir à la Grande Mosquée de Touba. La fête de Tabaski a été célébrée à l`unisson par les musulmans du Sénégal à l`instar de la Ummah islamique.
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Dans le cadre d’une étude intitulée « Réponses des acteurs religieux à la pandémie de Covid-19 au Sahel », en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer (Dakar), Timbuktu Institute a développé une veille sur les pays du G5 Sahel plus le Sénégal, afin d’analyser les différentes dimensions de l’attitude des acteurs religieux lors de cette crise sanitaire. Elle s’est aussi intéressée à la manière dont les différents États ont géré les interactions parfois complexes entre sphères politique et religieuse.


Il en est, d’abord, sorti que la pandémie à coronavirus en tant que crise sanitaire mondiale et locale a permis de tester les capacités de résilience aussi bien des systèmes sanitaires que des communautés elles-mêmes devant faire face à un travail de prévention ; la seule phase qui était gagnable par les pays du Sahel.
Les résultants de cette étude montrent aussi que nos pays souffrent des insuffisances des investissements comme des moyens dans le domaine sanitaire après des décennies de forte privatisation de ce secteur dans le cadre des politiques d’ajustement structurel.

De même, il a été réitéré que dans les sociétés sahéliennes, le religieux garde encore tout son rôle social et intégrateur. Ce rôle apparaît nettement admis et accentué en période de crise. Les systèmes de solidarités qui ont pleinement fonctionné dans cette phase de prévention d’une épidémie rappellent que la dimension collective du sentiment religieux reste l’une des raisons de sa centralité dans ces mêmes sociétés. Pour le Dr. Bakary Sambe qui a dirigé l’étude, « cette pandémie de COVID-19 a été un contexte favorable pour mesurer l’impact du religieux encore bien vivace dans les dynamiques sociétales sahéliennes en période de crise. »

Ainsi, dans les initiatives volontaristes, contributives ou même contestataires portées par des acteurs religieux, on peut noter la prégnance des sentiments de solidarités unissant les membres des groupes religieux.

Cette omniprésence dans les représentations détermine les attitudes des communautés vis-à-vis de toutes les questions mêmes sanitaires. Les acteurs religieux ont pu contribuer au renforcement de la résilience communautaire aussi bien par le fait d’assurer des « services sociaux » que par le « réarmement moral » des citoyens-fidèles dans une situation où les Etats souffrent de nombreuses fragilités et d’insuffisance de moyens pour faire face efficacement à une pandémie de ce type.

Mais, le fait le plus marquant est la manière dont les différents États de la région sont plus ou moins désarmés dans la gestion de la question religieuse qui a toujours fait l’objet de consensus ou de négociations selon les rapports de force ou les enjeux sociopolitiques. En réalité, le contexte particulier de la gestion d’une pandémie n’a fait qu’accentuer des contradictions qui étaient déjà présentes dans l’interaction complexe entre acteurs politiques et religieux. Au-delà du constat sur l’importance intacte du religieux et de la pratique cultuelle dans ces différentes sociétés, il faut aussi noter la légitimité sociale des acteurs religieux qui, dans bien des domaines, semblent s’être substitués à ceux politiques et à l’Etat.

Le choc des légitimités qui s’est joué pendant cette crise entre les deux types d’acteurs, révèle que bien d’autres questions sociétales seront tôt ou tard soumises à cette même compétition, si ce ne sera la confrontation à craindre

L’étude conclut ainsi que « Dans un contexte de crise où les États souffrent du déficit d’État au point d’être défiés sur des secteurs névralgiques comme le travail social, le rapport de force joue surtout en faveur des religieux qui n’ont pas les mêmes contraintes. Mais ils savent se saisir d’opportunités comme une crise sanitaire pour répondre aussi bien aux angoisses existentielles qu’aux carences d’Etats et de pouvoirs en quête de légitimité »

Les chercheurs tiennent à rappeler que « les différentes attitudes des acteurs religieux mais aussi les réponses parfois hasardeuses apportées par le politique, posent pertinemment la question de la gouvernance du religieux qui interpelle tous les pays de l’espace sahélien et même au-delà... »
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