Les journaux sénégalais, reçus jeudi à APA, traitent principalement des heurts constatés ces derniers jours dans des villes du pays où la prolongation de l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu agace certains jeunes.
EnQuête indique que « le virus embrase la rue » avec des manifestations contre les restrictions dans le transport interurbain. Ce journal ajoute qu’ « après les populations de Touba (centre), Diourbel (centre), Mbacké (centre), Thiès (ouest)…, c’était hier au tour de celles de Dakar de sortir dans les rues. Ça a chauffé (dans la soirée) à Grand-Yoff, Niarry Tally et Grand-Dakar ».
Pendant ce temps, EnQuête rapporte que « les auditions se poursuivent à Mbacké, Touba et Diourbel où des jeunes (ayant) manifesté pour la levée du couvre-feu ont été interpellés. Ils seront déférés au parquet ».
Cité par Sud Quotidien, Thierdo Mouride Sadikh de l’Association islamique pour servir le soufisme déclare : « Ce qui s’est passé à Touba est un fait inédit. (Dans) cette ville (religieuse), les gens ont l’habitude d’encaisser beaucoup de choses. Il faut vraiment que le chef de l’Etat puisse revoir, avec ses techniciens de la santé et son ministre de l’Intérieur, leurs (décisions) et les mesures d’accompagnement qui vont permettre aux gens de reprendre leurs activités ».
L’AS souligne que « la révolte gagne la capitale ». En effet, fait savoir ce quotidien, « l’état d’urgence imposé par les autorités gouvernementales n’est plus du goût de (certains) Sénégalais. Dans plusieurs quartiers de Dakar, les jeunes sont descendus dans les rues en brûlant des pneus ».
« Dakar (est) en feu », s’exclame Vox Populi. Dans quelques communes, « les jeunes (ont contraint) les forces de l’ordre à des courses-poursuites sans fin, à user de grenades lacrymogènes et même à jouer aux (sapeurs) pompiers pour (dégager) des routes en éteignant (les feux) ».
En tout cas, « le feu couve », renchérit Le Quotidien, non sans mentionner que cette « situation montre la défiance qui escorte de plus en plus les décisions des autorités ». Pour sa part, L’Observateur annonce que « le garçon heurté par une voiture de la Police (à Kaolack, centre) est dans un état critique ».
Dans les colonnes de ce journal, Moussa Diaw, professeur de Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB, nord) met en garde : « l’Etat doit adapter (sa) stratégie à certaines réalités, de manière à alléger cette pression sociale qui pèse sur la population. Si on ne désamorce pas la bombe, ça risque d’imploser socialement et on (peut) avoir une situation incontrôlable ».
Pour calmer les manifestants, Le Soleil renseigne qu’on se dirige « vers la levée des restrictions » sur les transports. Lors du Conseil des ministres tenu hier mercredi, le président de la République Macky Sall, « confirmant la stratégie d’assouplissement graduel des mesures restrictives, a instruit le ministre des Transports terrestres et aériens en relation avec le ministre de l’Intérieur, de travailler avec les partenaires du secteur des transports, à la levée des restrictions selon des modalités à convenir ».
Sur un tout autre sujet, le quotidien national fait un focus sur « les raisons de la libération de (Seydina Fall) Bougazelli ». Le Soleil précise que « le juge Samba Sall est convaincu par les arguments de la défense selon lesquels, la détention de leur client n’est plus nécessaire à la manifestation de la vérité. Il s’y ajoute que le responsable (de l’Alliance Pour la République, parti au pouvoir) a une santé fragile ».
« La sixième demande a été la bonne puisque le Doyen des juges lui a accordé la liberté provisoire, conformément au réquisitoire du parquet. (Toutefois), l’ex-député fait l’objet d’un contrôle judiciaire puisque la procédure pour laquelle il a été écroué, va suivre son cours », précise Le Soleil.
Bougazelli a été arrêté le 14 novembre dernier, à la station d’essence de Ngor (commune de Dakar), par des éléments de la section de recherches de la Gendarmerie avec 32 millions en faux billets.