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Confinement des chauffeurs interurbains, exclusivité à Dem Dikk pour convoyer les enseignants: Vers un «Sénégal sans transport», à partir du 1er juin
Publié le vendredi 29 mai 2020  |  Sud Quotidien
Baux Maraîchers
© aDakar.com par DF
"Baux Maraîchers": Dakar tient sa nouvelle gare
La nouvelle Gare de Dakar a été inaugurée ce lundi. Cette infrastructure devra permettre de moderniser davantage le transport et de permettre une plus grande mobilité des voyageurs. Construite sur un site de 12 hectares, la gare des "baux maraîchers" a coûté 7,5 milliards de fCFA.
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Ça grogne du côté des transports en commun privés interurbains, toujours confinés. Ils menacent d’ailleurs de lancer un mot d’ordre de grève pour un «Sénégal sans transport», à partir du 1er juin à 00h, jusqu’à ce que l’Etat accède à leur demande de «dé-confinement», à l’image des autres secteurs d’activités concernés par les mesures d’assouplissement prises par le Chef de l’Etat, Macky Sall, le 11 mai dernier.

GORA KHOUMA, SG DE L’UNION DES TRANSPORTEURS ROUTIERS DU SENEGAL : «C’est de la discrimination totale que de confier les retours des enseignants à Dakar Dem Dikk»

«Ça ne devrait pas se passer comme ça, parce que le transport, c’est le transport. Comme le président de la République avait décidé de bloquer tous les bus, je crois que le blocus doit l’être pour tous. Dakar Dem Dikk (DDD) doit être bloqué aussi, il ne devrait pas y avoir de transport interurbain. Mais quant à choisir une maison qui s’appelle DDD pour gérer le transport des enseignants et mettre en quarantaine les autres bus, ce n’est pas normal ! C’est de la discrimination totale. Nous sommes préoccupés et nous allons jouer notre rôle de syndicat, c’est-à-dire porter le désarroi des interurbains. Ainsi, des camions, taxis, tous ceux qui ont le droit de circuler actuellement vont stationner à partir du 1er juin, en solidarité avec les gares routières qui gèrent l’interurbain, pour que le Sénégal reste sans transport. Soit le gouvernement opte pour un Sénégal avec une reprise des transports pour tout le monde, ou bien nous syndicat, nous allons lancer un Sénégal sans transport, pour que tout soit mis à l’arrêt jusqu’à ce que l’Etat nous écoute. Mais on ne peut pas continuer dans cette situation avec une partie qui travaille pendant que l’autre est contrainte de s’arrêter».

UNE GREVE TOTALE PREVUE EN GUISE DE RIPOSTE

«Nous avons tenu, mercredi 27 mai, des interventions… pour dire que désormais à 00 heure, tout le transport du Sénégal sera à l’arrêt, ne serait-ce que pour jouer la solidarité en tant que syndicat avec le secteur interurbain qui concerne 13 régions. Parce que les interurbains sont à l’arrêt mais la maladie progresse toujours. Et le président a fait une déclaration pour dire qu’il faut qu’on accepte la cohabitation avec la maladie ; donc il faut que tout le monde se mette en circulation ou bien tout le monde s’arrête, c’est tout ! Ce qui s’est passé mardi au niveau de Dakar Dem Dikk, c’est inadmissible ! Des milliers et des milliers d’enseignants encombrés, il n’y a pas une grande sécurité, il n’y a pas de mesures barrières. Et dire maintenant qu’on veut se débarrasser de la maladie. Je crois plutôt que c’est du «sabordement». Face à cette discrimination, la solution c’est qu’on arrête tous les transports : les camions de transport de marchandises, les taxis, les Tatas, les Ndiaga Ndiaye… C’est la proposition de l’Union des Transporteurs Routiers du Sénégal. Pour un Sénégal sans transport, c’est tout ! C’est de la seule manière qu’on peut jouer à la solidarité avec le sous secteur du transport interurbain»

ALASSANE NDOYE - SG DU SYNDICAT DES TRANSPORTEURS ROUTIERS DU SENEGAL: «Ce n’est pas parce que j’avais menacé de rouvrir les gares routières…qu’ils vont bloquer tous les Sénégalais»

«Nous, les transporteurs privés, ne sommes pas d’accord avec l’Etat par apport à ce qu’il a décidé pour le transport des enseignants, parce que l’Etat devrait appuyer le privé. Mais, un Etat qui entre en concurrence avec le privé, alors là, on ne sait pas où va le privé. Ce que nous déplorons plus, c’est qu’on a interdit les transports interurbains et laissé Dakar Dem Dikk circuler. Tous les transporteurs et chauffeurs déplorent ça. Ils n’aiment pas les rassemblements, mais partant d’après ce qu’on a vu mardi à Liberté 5, ils ne devraient plus interdire les rassemblements. Des centaines de personnes étaient entassées là-bas, alors pourquoi interdire les transports interurbains. Ils disent que le transport interurbain propage la maladie, mais la maladie progresse de jour en jour, malgré l’interdiction du transport interurbain. Alors qu’est-ce qui la propage ? Ce n’est pas parce que j’avais menacé de rouvrir les gares routières pour la Korité, sans leur approbation, qu’ils vont bloquer tous les Sénégalais. Et c’est qu’ils ont fait, parce qu’Alassane a menacé, ils ont bloqué tout le Sénégal».

LES CHAUFFEURS INTERURBAINS REFUSENT D’ETRE L’AGNEAU DU SACRIFICE

Il est 13h passé de quelques minutes à la gare routière de Keur Massar, non loin de la station. Sur place des longues files de camionnettes, de cars-rapides et de «Ndiaga Ndiaye», stationnés ça et là attendent. Parmi ces transports en commun, il y en a qui faisaient du trafic interurbain et qui se sont reconvertis pour assurer la navette entre Dakar et sa banlieue. Les restrictions liées à Covid-19 obligent.

Ainsi, pour les «Ndiaga Ndiaye» inscrits au tableau des départs, les apprentis crient à voix haute pour attirer ou orienter des passagers en partance pour leurs destinations. Interpellé sur l’interdiction des voyages interurbains qui perdurent, un chauffeur répond: «je comprends leur jeu, c’est juste une stratégie pour nous faire disparaitre de la circulation. Je suis là à jouer les apprentis pour mon ami qui roule sur le trajet Keur Massar-Patte d’Oie, alors que j’ai mon propre véhicule. Je faisais l’axe Dakar-Thiès, en passant par les villages voisins, la zone des Niayes, pour transporter les «mères Niayes», dans les marchés environnants de Dakar. Mais le propriétaire du véhicule, très peureux, m’a sommé d’arrêter jusqu’à nouvel ordre. Alors, je ne peux que me résigner, je n’ose pas prendre le risque de passer outre et me faire confisquer le véhicule», argue-t-il. Ces chauffeurs et transporteurs qui souffrent le martyre depuis l’interdiction des transports interurbains se considèrent comme des laisser- pour compte. «Tous les secteurs d’activités ont connu un allégement, pourquoi pas nous ? Les marchés sont rouverts 6 jours sur 7, pourtant ces commerçants ne valent pas mieux que nous. Nous sommes autant qu’eux, des responsables et des chefs de familles affectés au même titre par la Covid-19. Imaginez, rester 2 mois sans travailler alors que cette pandémie n’est que balivernes», peste Baydi Mbodji, chauffeur de «Ndiaga Ndiaye», la quarantaine.

NON AU «CORONA-BUSINESS» !

Abondant dans le même sens, son ami El Hadji Ba, chauffeur à la retraite, ajoute : «c’est désolant, l’Etat n’a aucune considération pour les chauffeurs. C’est un gouvernement de rien du tout et Aly Ngouille Ndiaye est pire… La suspension des autorisations n’est qu’une stratégie pour contrecarrer les menaces proférées par Alassane Ndoye», qui avait donné un ultimatum de 48h pour rouvrir les gares routières à moins d’une semaine de la Korité, avec ou sans accord ou mesure d’assouplissement de l’Etat, explique-t-il. Avant d’ajouter : «s’il croit qu’on va se laisser faire, il se fourre le doigt dans l’œil. Nous refusons d’être les dindons de la farce. Alors, soit, il allège, soit, on le défie», menace-t-il. Ndiaga Diagne, un autre chauffeur, rejoint la discussion et d’une voix rauque se lâche : «On ne pèse pas le poids d’un grain de mil dans ce pays, personne ne nous respecte. Bien vrai qu’on est dans l’informel, mais on est organisés et représentés autour des syndicats. Non seulement, on nous impose le chômage technique, mais le pire est qu’on ne bénéficie d’aucun des marches aussi bien dans l’acheminement des aides alimentaires que le déplacement des personnels enseignants octroyé exclusivement à Dakar Dem Dikk. C’est du «corona-business», on est exclus. Et pourtant, nous exerçons dans la légalité. Je me demande même qu’est-ce qu’on a fait à l’Etat du Sénégal», s’interroge-t-il ?
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