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Gestion de la pandémie : Le Sénégal ne renonce pas à la chloroquine
Publié le jeudi 28 mai 2020  |  Le Quotidien
Covid-19:
© Ministère par DR
Covid-19: Situation de la maladie 2 mois après le premier cas
Dakar, le 2 mai 2020 - Le ministère de la Santé et de l`Action sociale a tenu un point de presse sur la situation de la maladie de Covid-19 deux mois après la détection du premier cas au Sénégal. Photo: Pr Moussa Seydi, Chef service maladies Infectieuses et Tropicales de l`Hôpital Fann de Dakar
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Les autorités médicales vont continuer à traiter les malades du Covid-19 avec l’hydroxychloroquine malgré les alertes de l’Oms et les résultats de l’étude de la revue britannique The Lancet. En tout cas, le personnel médical ne veut pas renoncer à un protocole qui fait encore des miracles.

C’est un luxe que le Sénégal ne se permet pas : il va continuer le traitement des malades du Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine. Le débat n’enfièvre même pas les sommités scientifiques, chargées de la gestion de cette pandémie. «Le traitement avec l’hydroxychloroquine va continuer au Sénégal, l’équipe du professeur Seydi maintient son protocole thérapeutique», a écrit à l’Afp Dr Abdoulaye Bousso, directeur du Cous. Joint par Le Quotidien, un agent d’un Centre de traitement des épidémies semble plus concentré sur les urgences de l’heure, à savoir la prise en charge médicale des patients. «Rien ne change. Pourquoi ça devrait changer ? C’est le protocole que nous avons mis en place et il donne des résultats», explique-t-il. Il ajoute : «Il faut que les gens sachent aussi que le protocole accélère la guérison grâce à l’hydroxychloroquine associé à l’azithromycine. Ceux qui ne bénéficient de ce traitement à cause des contre-indications ont un temps de séjour hospitalier plus long.»
Pr Moussa Seydi, chef du service des Maladies infectieuses, qui coordonne la prise en charge des malades, et ses collègues restent fidèles à leur feuille de route. A moins que… En attendant, le gouvernement a clairement sécurisé le stock de chloroquine que les entreprises pharmaceutiques privées continuent de fabriquer à grande échelle. Le Quotidien a appris que le ministère de la Santé et de l’action sociale a mis en place un système sécurisé d’approvisionnement des Centres de traitement des épidémies (Cet) de manière «inédite». Et comment ? «Pr Seydi est le seul à adresser un bon de commande à la Pna et approuvé par le Dage du ministère de la Santé. Tous les Cet passent par lui pour exprimer leur besoin avant que la Pna ne procède à la livraison. C’est pour éviter que les médicaments se retrouvent dans le marché noir. C’est une excellente méthode parce que les gens ont un seul interlocuteur», précise-t-on dans les rangs du ministère de la Santé et de l’action sociale.
Il faut savoir que la chloroquine utilisée aujourd’hui dans le traitement symptomatique du Covid-19 avait été retirée du marché national depuis plus de 10 ans, mais il était auparavant dans la gamme des produits de la Pharmacie nationale d’approvisionnement. Avec la survenue de la crise, sa fabrication a été relancée par les unités pharmaceutiques pour permettre au Sénégal d’assurer sa souveraineté médicale. Alors que le monde est enfiévré par un débat «foireux» sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine, vulgarisé par Didier Raoult.
Dans plusieurs pays, les autorités sanitaires continuent à le voir comme le traitement miracle au Covid-19 à l’image de l’Inde, du Maroc, des Etats-Unis au point que Donald Trump en prenne à titre préventif après la détection de plusieurs cas au sein de la Maison Blanche. Si en France, il est ardemment défendu par l’infectiologue Didier Raoult, Emmanuel Macron a signé hier le décret abrogeant l’usage de l‘hydroxychloroquine pour traiter le Coronavirus, après que le Haut conseil de la santé publique a recommandé d’arrêter sa prescription pour les cas graves traités à l’hôpital.
Vendredi, la revue scientifique britannique Lancet avait clairement affirmé que son utilisation exposait les malades au risque de décès et d’arythmie cardiaque. Lancet a analysé les effets des traitements utilisés pour soigner 96 mille patients au sein de 671 hôpitaux du monde entier dont plus de 15 mille ont reçu de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine, associée ou non à un antibiotique. Elle en arrive à la conclusion qu’elle est «incapable de confirmer un bénéfice» de l’une ou l’autre des deux molécules et révèle que ces traitements sont, à l’inverse, «associés à une baisse du taux de survie à l’hôpital». Quelques heures plus tard, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) annonçait la suspension de ses essais cliniques commencés il y a plus de deux mois portant notamment sur l’hydroxychloroquine dans le but de trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Le temps que «les données» recueillies par les essais «soient examinées».
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