Waly Ballago Seck traîne l’envergure des bons vivants aux comptes bancaires bourrés de fric. Artiste de talent de par ses origines, sapeur reconnu, innovateur dans l’âme, le leader du concept «Faramarene», parle dans cet entretien de son succès sur la scène musicale et autres projets ambitieux. L’auteur de l’album «Symphonie» veut ramasser d’ici peu, des disques d’or, de platine ou de diamant, brandir des Grammy Awards, construire un complexe éducatif, créer des emplois et sortir pourquoi pas, par la grande porte. Mais, comme tout artiste, il lui faut d’abord surmonter le coronavirus et ses conséquences…
La Covid-19 vous impose l’arrêt immédiat de vos activités. Comment vivez-vous cette situation ?
C’est une situation délicate, mais on n’y peut rien. On est soumis à la volonté divine et on essaye de faire avec. La pandémie nous a pris au dépourvu. A vrai dire, on ne s’y attendait pas. Cette situation s’est déclarée de manière inattendue en surprenant le monde entier ; elle l’a bouleversé du reste. Mais nous restons debout quand même. Je vis cette crise naturellement avec beaucoup de précaution.
Parlez-nous un peu de votre quotidien en ces temps de pandémie ?
Je me lève tranquillement pour faire ma prière, m’occuper de ma famille. Après la rupture du jeûne, je travaille, parce que j’ai mon studio (l’entretien s’y est tenu durant le ramadan-ndlr) à côté de ma chambre. J’essaie tous les jours de m’améliorer sur le plan artistique.
Comment votre agenda, notamment les tournées nationales et internationales, a été modifié à cause de cette maladie ?
Je pense que je ne suis pas la seule victime, tous les agendas ont été modifiés. J’avais des dates à honorer en Europe, aux Etats-Unis (dans l’Etat de New-York pour une semaine), en Gambie, au Maroc et beaucoup de rendez-vous à Dakar. Les dates étaient nombreuses et le calendrier très chargé. La Covid-19 nous a imposé de rester chez nous et maintenant, comme c’est un cas de force majeure, il nous est interdit les rassemblements.
Beaucoup de mélomanes veulent avoir une idée du manque à gagner de ces dates annulées d’autant plus que Waly Seck est connu pour ses concerts à guichet fermé…
Je préfère ne pas aborder cette question liée aux aspects financiers. Désolé pour les fans qui m’attendaient sur ce point! Vous savez, aux Etats-Unis, des fans avaient déjà acheté leurs billets sur réservation. C’est catastrophique pour nous. Je préfère penser à ceux-là qui m’attendaient aux concerts, au lieu de me focaliser sur la perte que nous avons eue. Pour moi, cela ne sert à rien de retourner en arrière.
Après cette crise comment allez-vous faire pour donner du plaisir à ces fans qui avaient déjà réservé leurs billets, parce que j’imagine que le contrat a été déjà signé avec le promoteur ?
Dans ces genres de situation, le perdant c’est moi car mon calendrier sera bouleversé. Pour mes fans, je voudrai les rassurer que ces dates seront honorées après la pandémie. Le promoteur lui, il reporte tout simplement. Le seul hic, les dates que je devrai honorer en 2021 seront mises en attente le temps que j’honore les contrats de 2020».
Comment vous mettez à profit cette situation de semi confinement sur le plan musical ?
Je fais des recherches dans le seul but de m’améliorer.
Que dire de votre répertoire musical, comment il se constitue ?
J’ai une équipe qui y travaille. Avec mon staff, j’essaie tout le temps d’innover. Mes origines font que j’aime la musique. Mon équipe est constituée de mélomanes. Par ces derniers, je peux citer Youssou Dieng, Papis. Il s’agit tous des hommes de culture. La majeure partie du travail, c’est eux qui le font et je les remercie énormément.
Où est-ce que Waly Seck trouve son inspiration ?
« Je tire mon inspiration de tout ce qui me traverse l’esprit, de mon environnement, etc.»
Depuis presque 10 ans, vous êtes poursuivis par une clameur populaire synonyme de succès dans le show-biz Comment vous vivez tout cela?
C’est un fait que je vis avec beaucoup d’humilité. Je sais que je suis le chouchou des Sénégalais. Mais tout cela a été possible par grâce la Dieu, l’aide de mon staff, mes parents et des Sénégalais. J’essaie d’être naturel avec eux le maximum possible.
Quel impact a votre apparence, votre style vestimentaire sur votre carrière de musicien ?
Actuellement, je pense qu’il n’y a plus d’impact, peut-être avant, à mes débuts. Présentement, je ne me focalise pas sur la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes-ndlr), même si je l’adore bien. Qui dit mode parle de musique. Elles vont de pair. J’ai une certaine réputation qui fait que tout ce que je fais est synonyme d’interprétation.
Parlez-nous de quelques anecdotes en rapport avec votre carrière musicale?
Il y en a plusieurs (il se cherche). Je me souviens des longs trajets effectués au tout début de ma carrière jusqu’ici. En 2008, à Paris, il m’est arrivé de confondre un tapis roulant jusqu’à trébucher. J’ai failli tomber. Heureusement ! D’ailleurs, certains musiciens se moquaient de moi ».
Quel est le montant de vos investissements en business grâce à la musique?
Je suis en train d’investir comme tout jeune qui veut contribuer au développement de son pays. Je fais des placements. Mais vous conviendrez avec moi que c’est des choses qu’on ne peut dire à haute voix. Si vous voyez tous ces sacrifices, c’est parce que j’ai une obligation de rendre compte et je serai convoqué.
Mais vous ne gérez pas de deniers publics à ce qu’on sache…
Ce sont mes enfants (il éclate de rire) qui vont le faire, parce qu’ils sont privés parfois de leur papa. Mais un jour viendra, je leur montrerai les fruits de cette dure labeur en leur disant ceci : « c’est à cause de ça que je n’étais pas tous les jours avec vous ». Je veux que mes enfants apprennent dans de très bonnes écoles, soient dans d’excellentes conditions de vie. Tôt ou tard, je sais qu’ils vont m’interpeller là-dessus.
En février 2016, sur Tv5 Monde, vous disiez que la musique c’est toute votre vie. Est-ce à dire que vous chanterez jusqu’à votre dernier souffle ?
En bon musulman, je crois au destin. Mais chaque personne doit apprendre à prendre son destin en main. Ceci consiste à faire les choses au bon moment. Il faut battre le fer quand il est chaud. Je suis chanteur et je continuerai à chanter tout en suivant ma carrière, mon chemin. Mais (il hésite), quand j’aurai réalisé tout ce que je veux ou atteint la moitié de mes rêves peut-être là, je sortirai par la grande porte et je ne vais pas être gourmand.
Que voulez-vous concrètement ?
Je veux être un monument de la musique, pas sénégalaise, mais africaine et mondiale. Au Sénégal, Afrique et un peu partout en Europe, je peux dire toute modestie que suis connu et reconnu. Ce que je veux, c’est d’être un monument et c’est quelque chose de vaste. Tu peux être un monument par rapport à ton métier, ton comportement sociable, ta manière de faire, d’agir ; cela est très important. Nous devons être solidaires. Je veux être connu et reconnu sur le plan mondial au grand bonheur des Sénégalais.
Qu’est-ce que Waly Seck aimerait changer dans son style et qui lui résiste toujours ?
Je pense que ma façon de vivre me convient. Je rends grâce à Dieu. Ce qui me manque, c’est le fait de ne pas avoir du temps à passer avec mes enfants et ma famille. Je veux parfois les amener à l’école, les aider à faire leurs exercices, aller à la plage avec eux et surtout si le temps me le permet, aller à la mosquée le plus souvent.
Sur un plateau de télévision, il y a plus d’un mois, vous disiez que votre ambition c’est d’être récompensé du disque d’or d’ici deux ans. Est-ce que cela vous habite toujours ?
Effectivement. Là, je ne parle plus de disque d’or, mais des disques d’or, platine, diamant, de Grammy Awards, parce que je travaille dur comme certains savent le faire. Je pense que Dieu m’aidera à décrocher certains titres.
Entre Waly Seck, le chanteur ou le bienfaiteur, lequel de ces personnages vous plaisent le mieux ?
« (Il hésite) le chanteur du peuple ! Je suis naturellement un homme sympa. Je ne m’en vante pas, mais je sais que j’ai un bon cœur. Certains disent que c’est un handicap d’être généreux. Même si c’est le cas, je m’en réjouis. Je suis fier de ma personne ».
Quels sont vos rêves et projets ?
Beaucoup de mes rêves sont en train de se réaliser. Oui ! Je rends grâce à Dieu. Tout jeune rêve d’avoir une famille, l’entretenir, une belle maison, une épouse, subvenir à ses besoins comme l’a chanté Papa Thione et aider ses proches ; ceux-là sont le rêve de tout un chacun de nous.
Des projets, j’en ai. Mais comme je ne suis pas maître de mon destin, je ne pourrais pas étaler tout ça. Parce que j’ai un staff qui travaille là-dessus. Je ne peux pas me permettre de tout déballer sur la place publique
En 2018, de passage en Espagne, vous aviez annoncé un ambitieux projet. Où est-ce que vous en êtes ?
C’était pour ouvrir une usine de peinture au Sénégal. J’avais déjà acheté des terrains à Diass, mais malheureusement, j’ai été grugé par un ami ; cela a fait le tour de la toile. Il va falloir que je travaille encore dur pour avoir d’autres hectares et espérer voir l’ouverture de cette usine.
Le montant du préjudice subi était d’après la presse de l’ordre de 25 millions francs Cfa. Qu’est-ce que vous attendez pour donner une suite judiciaire à cette affaire ?
C’était un ami. Le montant aussi, ce n’est pas important. Je préfère ne pas en parler.
Cela fait partie aussi de vos rêves ou projets, la réalisation d’un complexe franco-arabe…
Oui, j’ai déjà acquis un titre foncier sur le site du Lac Rose d’une superficie de 6500 m2. Je suis en train de chercher des partenaires pour la construction. Si j’en trouve, c’est tant mieux ; à défaut, je travaillerai avec mes propres moyens. Comme on dit : « petit à petit l’oiseau fait son nid ».
Le Sénégalais de 2035, il devra être comment selon vous ?
Il devra avoir les qualités universelles de bravoure, être conscient des défis qui nous attendent et être réaliste. Il sera ce Sénégalais qui peut prendre son propre destin en main.
Si on vous demandez de décrire un musicien idéal à quoi aurait-il ressemblé ?