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“Faux“ tests, dépistage massif, rapport avec l’IRESSEF, pic épidémique ...: Dr Amadou Alpha Sall de l’Institut Pasteur rompt le silence
Publié le mercredi 20 mai 2020  |  Sud Quotidien
Covid-19
© Ministère par DR
Covid-19 : Les services du ministère de la Santé font le point
Dakar, le 2 avril 2020 - Un mois après l`apparition de la maladie, les différents services impliqués dans la lutte contre le coronavirus ont animé un point de presse, ce jeudi, depuis le ministère de la Santé et de l`Action sociale. Photo: Dr Amadou Alpha Sall, directeur de l`Institut Pasteur de Dakar
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Au-devant de l’actualité ces derniers jours, et particulièrement de tests à Covid-19 avec des résultats contradictoires, l’Institut Pasteur de Dakar a tenu une conférence de presse hier, mardi 19 mai, afin d’élucider toutes les zones d’ombre autour dette prétendue affaire. Occasion aussi pour le Dr Amadou Alpha Sall, patron de l’IPD de revenir sur beaucoup de sujets liés à la vie de son célèbre laboratoire homologué par l’Oms. Entretien à bâtons rompus avec la presse, même en contexte de distanciation physique. Morceaux choisis.

Comment expliquez-vous cette affaire de faux tests sur les 10 médecins de l’- Hôpital de Fann ?

Ce qui s’est passé à Fann comme nous avons pu l’expliquer dans le communiqué, pour tous les tests, depuis le début du prélèvement jusqu’au rendu du prélèvement, il y a un circuit qui est défini et qui est organisé par le ministère de la Santé. Et donc, ce circuit défini que les districts sanitaires ou les centres de traitement vont faire des prélèvements adressés à l’Institut Pasteur. Une fois que le test est fait, ces résultats sont retransmis au ministère qui a la charge d’informer le public dans ce sens-là. Et par rapport aux cas de Fann, c’est exactement ce qui s’est passé. Des prélèvements nous ont été envoyés, accompagnés de la fiche de prélèvement. On s’est rendu compte après les avoir étudié un peu, que les informations qui existaient sur les fiches n’étaient pas très cohérentes. Partant de ce point de vue, nous avons demandé à la responsable du point focal de ce centre de traitement là, qui était chargé de coordonner ce travail au niveau de Fann, de refaire des prélèvements. Et quand ces prélèvements ont été faits, nous avons rendu ses résultats comme négatifs. Et je voulais préciser que cette procédure est quelque chose d’assez courante quand on n’a pas suffisamment d’information ou des résultats qui ne nous paraissent pas cohérents. On redemande un prélèvement pour refaire le test, afin de donner un résultat le plus fiable possible. Nous n’avons envoyé au ministère de la Santé qu’un seul document validé, comme quoi, ces médecins étaient négatifs.

-Est-ce vrai que vous avez refusé de donner des souches à l’Iressef et à d’autres institutions ?

Il faut savoir que nous travaillons sur du matériel biologique dangereux et dont l’échange est règlementé. Et donc, de ce point de vue-là, l’Institut Pasteur collabore avec toutes les institutions qu’elle estime crédibles pour avoir une viabilisation éthique et raisonnable de l’ensemble des prélèvements qui sont faits, selon les règles qui sont définies. Ce n’est pas nous qui faisions toujours les règles, c’est pourquoi cela passe par un processus. Et donc, toute institution sérieuse, éthique, crédible qui nous propose une utilisation qu’on estime valable de ces souches, nous les partagerons et nous travaillerons ensemble. Parce que si ça peut aider la santé des Sénégalais et bien comprendre cette Covid, on fait un partenariat constamment avec toutes les institutions. Donc, il n’y a pas un sujet làdessus. Chaque fois qu’une institution fera une demande, elle sera évaluée et si elle est en conformité avec les règles de partage, et en conformité les objectifs et les missions qu’on nous a très clairement précisés, nous allons y répondre favorablement et travailler ensemble. Et je tiens à préciser qu’on n’a eu aucune demande concernant la souche. Pour une demande qui n’a pas été faite, on ne peut pas conclure qu’on a refusé de la donner. Mieux, j’ai cru lire dans un journal aujourd’hui que l’Iressef luimême a dit qu’elle n’a pas demandé de souche à l’Institut Pasteur. Donc, ça a le mérite d’être clair et donc il n’est pas utile que nous nous égarions un peu plus sur ce sujet.

-Dans l’actuelle conjoncture, est-ce qu’on peut dire que l’Institut Pasteur a le monopole des tests ?

L’institut Pasteur n’a jamais demandé à être un seul laboratoire. Ça, c’est très important. Comme je vous ai dit, nous faisons partie d’un dispositif de la même manière que des missions de communication et de prélèvements, nous nous sommes fixés comme mission de faire les tests. Aussi, nous n’avons pas une situation de monopole, puisqu’aujourd’hui, l’Iressef est en train de faire des tests. Donc, il n’y a pas de situation de monopole. Chaque fois que l’Etat nous a dit qu’on a besoin d’une capacité à Touba, nous avons déplacé un laboratoire pour répondre au besoin du Sénégal et des Sénégalais, quand on nous a demandé d’aller à Kolda, on est allé parce que c’est des Sénégalais qui sont là-bas et parce que l’épidémie justifie qu’on aille là-bas. Je pense qu’il faut comprendre très clairement la dynamique dans laquelle on est. Au jour d’aujourd’hui, on n’a pas de concurrent, on n’a pas de compétiteur autre que la Covid-19. Notre objectif est de bouter ce virus du Sénégal. Si on est 5 à le faire, on le fera bien et si on est 10, on le fera encore mieux.

Vu la flambée des cas, estce que l’Institut Pasteur craint le pic épidémique ?

Dans une épidémie de manière générale, il faut se préparer au pire et espérer le mieux. Et donc, dans ce contexte-là, la position de l’Institut Pasteur, c’est de ne faire ni dans l’optimisme ni dans le pessimisme, mais d’avoir une approche réaliste des choses. À chaque jour suffit sa peine. Et moi, entre l’optimisme et le pessimisme, je préfère toujours le réalisme car c’est notre façon de travailler. Nous pensons ce n’est ni utile, ni intéressant, ni important d’aller travailler sur des scénarios pour dire on va avoir le pire ou pas. On est dans une discussion et dans ce cadre-là, on a différents scénarios et on se prépare en conséquence.

Quelle est la position de l’Institut Pasteur de Dakar par rapport au dépistage de masse ?

Quand on parle de dépistage de masse, il est important de comprendre la notion. Si dépistage de masse, c’est de tester tout le monde, notre position dans le cadre du dispositif qui est mis en place est que nous ne sommes pas d’accord pour ça. Ce n’est ni raisonnable sur le plan scientifique, ni faisable sur un plan logistique en terme de tests qui existent dans le monde. C’est tellement vrai qu’aucun pays au monde ne le fait et il faut être clair là-dessus. Il y a toujours une stratégie qui est adoptée. Ce n’est pas l’Institut Pasteur qui décide de quelle stratégie il faut adopter. On a eu une concertation avec le Cnge qui s’occupe du rôle stratégique de la lutte et dans ce contexte-là, nous exprimons notre opinion et c’est l’opinion que le comité a décidé qui prévaut, puisque on fait partie de ces dispositifs. À partir du moment qu’il a été décidé qu’on se focalise sur les cas symptomatiques, cela a été fait. Quand on nous a demandé de tester les contacts des cas symptomatiques et les contacts à risque, nous l’avons fait. C’est pour ça aujourd’hui, on est à plus de 1200 tests par jour. Et les choses vont se poursuivre ainsi. Maintenant dans le dépistage, s’il s’agit de passer de 50 par jour à 1200 par jour, si cela veut dire élargir de façon significative, je pense qu’on y est. C’est une stratégie adaptative qui répond à la situation et c’est ça qui est important. La lutte contre la Covid-19 se gagne par la prévention mais surtout lorsqu’il y a une bonne organisation et concertation. Je connais des pays où aujourd’hui, on ne fait pas de tests, je connais des pays où la stratégie n’est pas définie, entre autres. On a la chance d’avoir au Sénégal un dispositif qui jusque-là fonctionne et permet de retenir la courbe en dessous des capacités du Sénégal. À cet effet, il faut remercier le bon Dieu et l’ensemble des personnels qui s’activent tous les jours à cela.

Au sujet des tests qui ont été effectués sur des personnes décédées, est-ce qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic ?

Ce qu’on a constaté dans certains pays et aussi au Sénégal, c’est que certaines personnes peuvent développer la maladie et qu’on les libère selon les critères définis (02 tests négatifs, ndlr), et qu’ensuite, quelques jours après, on retrouve le virus chez lui. Ce sont des cas qui sont rares, et pour lesquels il y a des investigations pour comprendre est-ce que c’est le virus hébergé qui a été réactivé ? Ou est-ce qu’en sortant, ils se sont réinfectés ? Et c’est pour ça qu’il faut analyser ces virus pour savoir si le dernier virus est le même que le précédent ? Ou un virus différent ? On ne sait pas si c’est le virus qui est hébergé qui revient ou c’est une réinfection. Dans la plupart des pays où cela a été le mieux étudié, il semble que c’est une réactivation du virus A dans son corps.
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