Le directeur de la pêche maritime, Camille Jean Pierre Manel a invité les pourfendeurs de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne à la sérénité et au patriotisme. Soulignant que ce nouveau bail prend en compte aussi bien les intérêts des professionnels du secteur de la pêche national et la sauvegarde de la ressource, Camille Jean Pierre Manel précise que cet accord, contrairement à ce qui est dit, porte seulement sur le thon et le merlu, deux espèces faiblement exploités par le Sénégal.
Le Sénégal a bel et bien défendu ses intérêts dans le cadre des accords de pêche, signé le 14 mars dernier avec l’Union européenne. L’assurance est de Camille Jean Pierre Manel, Directeur des Pêches maritimes.
Selon lui, contrairement à ce qui est dans la presse, suite à la sortie du Ministre de la Pêche Ali Haïdar sur cette question, les intérêts des acteurs du secteur de la pêche nationale ainsi que la sauvegarde de la production halieutique ont occupé le centre du processus de négociations qui a abouti au renouvellement de cet accord, suspendu depuis 2006. «Depuis quelques jours des voix se lèvent dans la presse pour fustiger les termes de l’accord que nous avons renouvelé avec l’Ue.
Certains vont même jusqu’à prédire la disparition dans les jours à venir des Pélagiques comme les sardinelles « yaboye» au niveau des marchés, du fait de cet accord. Car ils disent que nous avons donné carte blanche aux bateaux européens pour pêcher cette espèces, ce qui est tout à fait faux. Je reste persuadé que ces personnes n’ont pas lu le document. Car ce que nous avons dit à l’Ue est clair. L’accord porte uniquement sur la marge où nous n’avons pas d’outil pour opérer afin d’avoir une compensation pour ne pas avoir un manque à gagner », a-t-il soutenu avant d’insister : «Le ministère de la pêche et des affaires maritimes a donc pris toutes les dispositions pour garantir les intérêts du Sénégal dans le cadre de cet accord de pêche bilatéral entre le gouvernement du Sénégal et la Commission de l’Ue».
De son avis, contrairement à ce que prétendent « les mauvaises langues », cet accord ne donne pas carte blanche aux 38 bateaux, battant pavillon Union européenne, sur toutes les espèces mais seulement sur deux espèces peu exploitées dont les noms sont dument mentionnées sur le document qu’il dit accessible à tous. «Le merlu, une espèce qui vit à 300 m sous l’eau. Sa pêche au Sénégal est délaissée depuis 2006 après le départ des espagnols suite à l’arrêt du protocole avec l’Ue. Pour ce qui est du thon, c’est une espèce qui bouge beaucoup. Il peut être aujourd’hui dans les eaux sénégalaises et se retrouver demain à Sierra Léone. On l’appelle le grand migrateur. Pour cette espèce, nous avons seulement au total six caneurs spécialisés ce qui n’est pas très conséquent comparé à nos voisins. S’il n’y avait pas cet accord, cela ne voudrait pas dire qu’il y aurait un ajout arithmétique des captures de notre flotte. La présence des navires européens dans le cadre de cet accord n’influencera donc en rien les captures de cette flotte. Dans la mesure où ils capturent potentiellement ce que notre flotte aurait dû perdre du fait de la faiblesse de sa capacité dans cette catégorie de pêche», a-t-il souligné.
Outre cette précision, le directeur de la pêche a également tenu à rassurer sur les éventuelles violation des clauses de cet accord par les bateaux européens une fois en haute mer. Selon lui, le Sénégal a pris les devants sur cette question. Des dispositions allant dans le sens d’assurer un bon suivi du respect de ce protocole par les deux parties ont été mentionnées dans ledit accord. Ainsi, il a annoncé l’embarquement des observateurs de la Direction de la protection et de la surveillance à bord de tous les 38 navires de l’Union européenne autorisés à pêcher dans nos eaux dans le cadre de cet accord.
A cela, s’ajoute également un suivi régulier de tous ces navires par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) qui gère ces espèces concernées par cet accord. De son avis, cette instance internationale outillée en la matière impose les modalités de suivi à tous les bateaux qui s’activent dans la pêche du thon. Elle les oblige notamment a déclaré l’endroit exact ou l’espèce a été capturée sans quoi, le produit pourrait être déclaré fruit d’une pêche Inn.
Nous ne sommes pas prêts à dire à tous les bateau de l’Ue, venez …»
Dans la foulée, le Directeur des Pêches maritimes est aussi revenu sur le rapprochement fait par les détracteurs du bail signé par le Sénégal et celui contracté par son voisin mauritanien avec la même Ue notamment la durée qui est de 2 ans renouvelable et le montant de 68 millions d’euros obtenus par ce pays en guise de compensation. Rappelant que comparaison n’est pas raison, le Directeur des Pêches maritimes a rappelé que l’accord signé avec l’Ue porte seulement sur deux espèces sur lequel le Sénégal a encore de la marge : le merlu, espèce qui vit à 300 m et le thon, une espèce transocéanique également appelée grande migratrice du fait de sa mobilité.
«Ce que nous avons signé avec l’Ue, c’est un accord thonier contrairement à la Mauritanie qui a signé un accord mixte qui porte sur toutes les espèces c’est pourquoi elle (Mauritanie) a encaissé 68 millions d’euros alors que nous, nous avons 13 millions neuf cents trente euro. La raison est simple ! Les bateaux de l’Ue ne viendront pas prendre les petits pélagiques, la sardinelle, les pêcheries démersales côtières, etc. C’est ça la réalité des choses», a révélé Camille Jean Pierre Manel non sans préciser. «Nous avons tenu à ce que les pélagiques (sardinelles, chinchards, maquereaux…) ne soient pas inclus dans le protocole du fait qu’ils constituent le socle de notre sécurité alimentaire.