Le coordonnateur régional de Taxawu SeneLassana Kanté gaal à Tambacounda s’oppose à la réouverture des classes le 2 juin. estime que le faire alors que la situation n’est pas encore maîtrisée serait suicidaire. Le leader local du mouvement And doleel Khalifa a aussi fustigé le retard dans la distribution de l’aide alimentaire et sa politisation.
Deux mois après le premier cas positif, le coronavirus ne faiblit pas. A votre avis, les décisions prises par l’Etat pour endiguer la pandémie ont-elles eu des effets ?
Pour ce qui concerne la montée en puissance de la maladie de manière générale, il faut dire qu’il y a un réel problème de communication. Même s’il peut être reproché aux populations leur scepticisme et, parfois, leur ignorance, force est de constater que la grande part de responsabilité va être imputée à l’Etat. C’est au niveau de la communication et de l’information que les autorités ont failli. Il faut admettre que les populations à la base n’ont pas été assez impliquées dans la lutte contre le Covid-19. On a plus vu les autorités administratives qui sont mises en avant. Et c’est ce qui a fait que les populations ne se sont pas engagées comme il se doit. Raison pour laquelle les mesures recommandées par les médecins ne sont pas respectées, le couvrefeu et l’Etat d’urgence sont foulés aux pieds. A chaque fois, on assiste à des interpellations.
Pensez-vous que notre système sanitaire est assez outillé pour faire face à la pandémie ?
A mon humble avis, non. Vous savez que nos hôpitaux ne sont pas du tout équipés, alors que les cas d’urgence viennent de tous bords. Les lieux de prise en charge des cas ne répondent pas aux normes standards et certains ont été aménagés juste pour la circonstance. Ce qui fait que si les cas continuent de grimper, un problème de prise en charge va se poser, si ce n’est déjà le cas. Il n’y a que des lits disponibles et sans aucune autre commodité. C’est pourquoi j’insiste qu’il sera très difficile pour notre système de santé d’être au rendez-vous, si demain la situation arrivait à un certain niveau. L’Etat a encore tout à faire pour que les nombreux milliards annoncés pour barrer la route à la pandémie puissent effectivement servir à cela. Les autorités actuelles doivent savoir qu’il y aura bel et bien l’après coronavirus. Et il faut oser le dire, l’Etat a failli sur toute la ligne.
Quelle appréciation faites vous de l’ouverture des classes prévue le 2 juin ?
Vouloir ouvrir les classes le 2 juin prochain est suicidaire. Il risque d’y avoir une hécatombe si les autorités ne reviennent pas sur cette décision. C’est prématuré de se lancer dans des projections d’ouverture des classes pendant que, chaque jour, les cas contacts et les communautaires se multiplient. Avec la pléthore d’élèves dans les classes et l’impossible respect de la distanciation sociale, on va vers la catastrophe. Vouloir ouvrir vaille que vaille les écoles serait synonyme d’ouvrir grandement toutes les portes à la propagation du virus. Je ne conseillerai pas à l’Etat de s’aven
turer dans une telle tentative.
Que pensez-vous du retard noté dans la distribution de l’aide alimentaire d’urgence ?
Avec tout le tintamarre fait autour de cette aide, il faut reconnaître que la quantité promise est insuffisante. Pis encore, il y a des zones où les élus n’osent pas démarrer la distribution, tellement les quotas alloués sont infimes. Pour ce qui est de la qualité, n’en parlons pas ! L’Etat doit davantage faire preuve de plus de considération vis-à-vis des populations. Les populations ne sont pas des animaux pour qu’on leur serve du n’importe quoi. En plus, depuis quand cette aide est annoncée ? Qui en a reçu ? Jusqu’à quand les bénéficiaires doivent-ils encore attendre ? Et puis, le nombre d’inscrits dépasse de loin le tonnage reçu. On risque d’assister à la distribution de toutes les controverses. C’est parce que le montant alloué à l’achat des vivres est très dérisoire. Tantôt c’est le riz qui est convoyé, tantôt c’est le sucre et l’huile qui tardent à arriver. On nous sert toutes sortes de versions. Et c’est vraiment regrettable. Pendant ce temps, les familles impactées continuent de souffrir. Avec un budget de 1 000 milliards, si c’est seulement 69 milliards qui sont prévus pour accompagner les populations en vivres, c’est vraiment manquer d’ambition pour ses administrés.
Vous avez organisé une grande distribution de vivres. Qui avez-vous ciblé ?
Nous avons assisté des ménages démunis et sans faire beaucoup de bruit. Nous avons recensé les personnes vulnérables sans parti pris aucun, sans aucune connotation politique, et nous leur avons distribué plusieurs tonnes de riz, de sucre et beaucoup d’autres denrées. Nous les avons donnés aux personnes dans le besoin. Aujourd’hui, l’Etat, à travers ses démembrements, connaît la situation de tout un chacun dans le pays. S’il voulait faire dans la clarté, il le ferait. Mais vous savez, la politique prend le dessus sur tout dans ses actions. Et c’est malheureusement la raison pour laquelle cette aide annoncée pour les nécessiteux ne leur parviendra jamais. Elle ira ailleurs pour satisfaire une clientèle politique. On n’avait pas besoin de tout ce bruit. Déjà la plupart des
ménages recensés dans le Registre national unique (Rnu) sont des membres de l’Alliance pour la République et qui, majoritairement, ne sont pas dans le besoin. Ce sont eux qui vont recevoir l’aide malheureusement. C’est de l’arnaque et c’est regrettable. On dépense des milliards de francs au nom de l’Etat pour satisfaire une clientèle politique.
Que pensez-vous du comité de suivi du Force-Covid-19 ? Ça ne me dit rien. Qui a lancé le Force-Covid-19 ?
Qui a mis en place ce comité ? Il ne m’inspire aucune confiance. A part que c’est un comité installé par le président de la République et qui, forcément, suivra ses instructions. De toutes les façons, qu’ils sachent tous qu’on sortira de cette crise et que les Sénégalais exigeront des comptes. C’est cela l’essentiel. Les populations sont averties et les attendent de pied ferme au tournant.