Le pays, qui avait fait le choix d’hospitaliser systématiquement toutes les personnes chez lesquelles le virus était détecté, craint une saturation des structures de santé.
Le Sénégal commence cette semaine à accueillir dans de nouveaux centres, mais non plus en milieu hospitalier, les malades les moins gravement atteints du Covid-19, en raison d’un début de saturation de certains services, a dit à l’AFP, mercredi 6 mai, un haut responsable sanitaire. Le pays avait fait le choix d’hospitaliser systématiquement toutes les personnes chez lesquelles le virus était détecté, y compris celles dépourvues de symptômes, plutôt que de les isoler à domicile.
« Nos structures de santé commencent à atteindre un niveau de saturation » en nombre de lits, a dit Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations d’urgences sanitaires, un des principaux responsables de la lutte contre la pandémie dans le pays. Le praticien a précisé que ce sont les principaux centres de traitement qui approchent leurs limites, avec un taux d’occupation de 80 %. « Nous avons encore de la marge, mais ça va très vite en termes de nombre », a-t-il dit.
Le Sénégal a donc décidé de transférer les malades avec peu ou pas de symptômes dans des centres ouverts à cet effet. Deux des trois sites identifiés, sur l’ancien aéroport international de Dakar et à Guéréo, au sud-est de la capitale, sont opérationnels et devraient recevoir leurs premiers patients jeudi, a dit le docteur Bousso. Les trois sites ont une capacité de 400 lits, a-t-il précisé.
Prescription généralisée de l’hydroxychloroquine
La propagation reste relativement contenue au Sénégal. Le pays a déclaré officiellement 1 433 cas de contamination, dont douze décès, et 927 personnes sont actuellement sous traitement, selon un bilan communiqué mercredi. Tout en restant prudent, le docteur Bousso évoque une combinaison de facteurs, comme l’hospitalisation systématique et rapide, la présence locale de capacités de dépistage, la prescription généralisée de l’antipaludique hydroxychloroquine ou encore la jeunesse des malades.
Selon lui, l’Afrique pourrait, au bout du compte, s’en tirer relativement mieux que d’autres régions du monde, malgré les craintes exprimées sur l’état de ses systèmes sanitaires. « L’Afrique est allée très rapidement dans la prise de mesures fortes, contrairement à ce qui s’est fait en Europe, en France, Italie, Espagne ou aux Etats-Unis, a-t-il souligné. Je reste convaincu que l’Afrique pourra faire face. Et tout le désastre, toute la catastrophe qu’on avait prévue avec ce Covid en Afrique n’arrivera pas, Inch Allah. »