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Traitement des cas asymptomatiques du coronavirus: Le Sénégal adopte la prise en charge extrahospitalière
Publié le mardi 5 mai 2020  |  Enquête Plus
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© Ministère par DR
Le centre aéré des Armées de Guereo pour la prise en charge extrahospitalière
Dakar, le 4 mai 2020 - Le centre aéré des Armées de Guereo va accueillir les personnes chez qui le virus du Covid-19 a été détecté mais qui ne présentent aucun signe.
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Pour une meilleure réussite dans la lutte contre la Covid-19, le Sénégal adopte une nouvelle stratégie, avec les cas peu-symptomatiques et les cas asymptomatiques. Une prise en charge extrahospitalière est prévue, afin de désengorger les sites de prise en charge.

Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait, samedi, le bilan mensuel sur l’évolution de la pandémie au Sénégal. A ce jour, 1 182 patients sont enregistrés au Sénégal, dont 372 guéris, 9 décédés et 800 sous traitement.

Selon le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, l’épidémie ne faiblit pas. En 30 jours, dit-il, le nombre de cas positifs de Covid-19 a plus que quintuplé, passant de 186 à 1 115, entre le 2 avril et le samedi 2 mai, avec une augmentation des cas communautaires. A son avis, les mesures et les stratégies de riposte jusque-là mises en œuvre par le gouvernement sont certainement efficaces, car elles ont permis de garder le contrôle.

Néanmoins, la progression de la maladie, qui touche désormais 11 régions sur 14, indique clairement qu’il faut un engagement plus marqué, en particulier des communautés.

Pour Diouf Sarr, seule une application très rigoureuse des mesures et une très grande discipline individuelle et collective permettent de vaincre la Covid-19. ‘’Le ministère adapte nécessairement la stratégie de riposte à l’évolution de la pandémie, conformément aux orientations du président de la République. C’est pourquoi nous avons fortement augmenté le nombre de tests, renforcé nos capacités d’alerte, de détection, d’isolement, mais aussi de prise en charge. J’ai demandé aux membres du Comité national de gestion des épidémies (CNGE) et du groupe opérationnel d’intégrer dans leurs stratégies de prise en charge la prise en charge extrahospitalière des cas asymptomatiques. La dynamique multisectorielle et multi-acteurs est un atout majeur que nous devons préserver et consolider. J’invite les Sénégalais et étrangers à plus de vigilance, au respect scrupuleux des prescriptions données’’, recommande le ministre.

Pour le directeur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire, Docteur Abdoulaye Bousso, la prise en charge extrahospitalière est un point important. Parce que le pays enregistre aujourd’hui de plus en plus de cas. ‘’L’objectif, c’est de ne pas perturber nos établissements de santé, de ne pas faire de nos hôpitaux des hôpitaux Covid. Ce qui peut porter préjudice aux autres maladies. C’est pour cette raison que nous avons reçu des instructions pour mettre en place cette prise en charge extrahospitalière qui ne va pas faire baisser la qualité de la prise en charge’’, précise Dr Bousso.

Pour cette catégorie de prise en charge, explique l’épidémiologiste urgentiste, ce sont les cas qui sont peu symptomatiques ou qui sont asymptomatiques qui sont concernés.

Des sites sont déjà identifiés pour la prise en charge. ‘’Il y a le hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff, il y a la base aérienne de l’armée de Thiès et le centre des armées de Guéreo. Une équipe médicale sera déplacée sur place 24 heures sur 24, une ambulance aussi sera mobilisée. On estime à 400 les lits dans ces sites. C’est pour réserver l’hôpital aux personnes qui ont plus de symptômes’’, explique Dr Bousso.

Dans la même veine, le directeur général du Samu national, Professeur Mamadou Diarra Bèye, précise qu’un triage des malades va être fait dans ce sens. ‘’Il faudra, après avoir reçu la liste des malades asymptomatiques testés positifs, faire un triage important. Ce triage va tenir compte de l’état clinique, de l’âge et des comorbidités, parce que l’idée est de se préparer à une éventuelle aggravation. Donc, les asymptomatiques instables vont rester à l’hôpital, les autres dans les sites identifiés’’, clarifie l’urgentiste.

14 clusters responsables de plus de 20 % des cas

Par rapport aux régions touchées, il souligne qu’elles étaient au nombre de 7. Aujourd’hui, le pays en est à 11. ‘’Pour les districts, nous étions à 24 ; aujourd’hui, c’est 33 districts touchés, sur les 79 que dispose le pays. Donc, 41,7 % de nos districts sont touchés. Sur la proportion d’hommes et de femmes, nous avons 52,22 % d’hommes touchés et 47,78 % de femmes. La tranche d’âge la plus touchée est celle des 25 et 45 ans où nous constatons 42,02 % des cas. Les enfants entre 0 et 4 ans représentent 5,2 % ; la tranche d’âge de 60 et plus représente 10,4 %. C’est dans cette tranche d’âge que nous avons eu l’essentiel de notre mortalité’’, soutient le médecin.

Une chose assez particulière dans cette épidémie, renseigne Dr Bousso, c’est l’existence de clusters. C’est-à-dire des patients qui contaminent beaucoup de personnes. ‘’Nous avons identifié 14 clusters qui sont à eux seuls responsables de plus de 20 % des cas. Nous avons des patients qui ont contaminé, par exemple, 28 personnes. C’est-à-dire un seul patient. C’est vraiment particulier. Dans nos hypothèses, c’est peut-être notre mode de vie qui pourrait l’expliquer. Nous avons des contaminations dans des familles, des fois autour des chefs religieux. Mais également un cas de contamination professionnelle dans un centre d’appel qui a créé un cluster. Ces clusters sont assez particuliers dans la description de l’épidémie’’, informe-t-il.

Par ailleurs, relève le médecin, ils sont à 9 701 contacts, depuis le début de l’épidémie. Mais, aujourd’hui, ils suivent 5 226 contacts. ‘’Nous sommes à 17 787 tests de laboratoire. La majorité est faite par l’Institut Pasteur et l’Irssef. La stratégie de lutte reste la même, depuis le début. Nous prenons en charge les cas suspects et les cas positifs. C’est pour cette raison que nous avons plus de cas, parce qu’il y a plus de contacts’’, prévient-il.

S’agissant du nombre de sites de prise en charge que compte le pays, ils sont au nombre de 20, et 8 régions en disposent. Onze sont dans la région de Dakar : le Service des maladies infectieuses de Fann, la réanimation de Fann, le centre hospitalier de Malte, Dalal Jamm, Diamniadio, l’hôpital Principal, la réanimation de l’hôpital Principal, l’hôpital général Idrissa Pouye, l’hôpital Le Dantec et la clinique du Golf. Il y a un autre à l’hôpital psychiatrie de Thiaroye qui est une particularité. ‘’Parce que nous avons deux cas positifs dans ce centre et vu un peu l’aspect spécifique des malades qui y sont pris en charge, ces patients sont traités sur place. Ces patients sont contaminés par un accompagnant’’, explique Dr Bousso.

A Diourbel, il y a deux sites. Ils sont tous à Touba : c’est le centre de santé de Darou Marnane et le deuxième site est ouvert au centre de Toscana. Saint-Louis, Ziguinchor, Kolda, Tamba, Kaolack et Louga ont chacun un site. Un autre site prêt, mais qui n’a pas encore reçu de malade, c’est celui de Thiès.

DUREE MEDIANE D’HOSPITALISATION

Pr. Moussa Seydi pose son diagnostic

Après un mois d’introduction de l’hydroxychroloquine et quelques semaines pour l’hydroxychroloquine associée à l’azithromycine dans le traitement des patients atteints de la Covid-19, le professeur Moussa Seydi a livré, samedi, les résultats d’une analyse rétrospective préliminaire sur une partie des données.

Le coordonnateur national du Comité de prise en charge des malades du coronavirus lance un appel à la prévention. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter. Cela, dit-il, montre que le combat doit être celui de la prévention et non de la prise en charge. Même si, souligne-t-il, cette dernière est importante, parce qu’elle permet de sauver des vies humaines, mais aussi de prévenir la dissémination du virus dans la communauté. ‘’Une analyse que nous avons effectuée, grâce à la collaboration de beaucoup de personnes, mais plus particulièrement avec l’Institut Pasteur de Dakar.

Sur une analyse préliminaire portant sur 181 patients, nous avons observé que la durée médiane d’hospitalisation était de 13 jours chez les patients qui n’avaient pris aucun traitement. Cette durée médiane était de 11 jours chez les patients qui avaient l’hydroxychroloquine seule. Elle est de 9 jours pour ceux qui ont pris l’hydroxychroloquine associée à l’azithromycine. Nous avons constaté aussi, dans cette analyse des données, que les patients qui avaient consulté très tôt et qui avaient démarré le traitement dans les 24 heures, avaient une durée médiane d’hospitalisation de 8 jours. Par contre, les patients âgés de plus de 80 ans avaient une durée médiane d’hospitalisation de 19 jours’’, annonce Pr. Seydi.

Un autre résultat livré par l’infectiologue, c’est sur les effets secondaires du traitement. Il informe que chez tous les patients qui ont bénéficié du traitement à base d’hydroxychroloquine et qui ont été consultés précocement, aucune complication n’a été notée, encore moins un cas de décès. Concernant les effets indésirables et effets secondaires, l’analyse a porté sur 362 patients. Les résultats ont montré 12 cas d’effets secondaires. ‘’Parmi eux, le traitement a été poursuivi, malgré tout, chez 4 patients. Parce que les effets secondaires n’étaient pas gênants et le traitement était arrêté chez les autres. C’est-à-dire les 8. Mais tous ces effets secondaires étaient modérés. Car il n’y avait aucun effet secondaire grave et tous les signes ont régressé à la fin du traitement ou à l’arrêt du traitement, sans nécessité un traitement supplémentaire’’, éclaircit l’infectiologue.

Sur ce, ils ont décidé, après ces étapes préliminaires, de continuer leur prise en charge avec l’hydroxychroloquine et l’azithromycine. ‘’Quelle que soit la qualité du traitement, on peut évidemment observer des décès. Mais quand on y regarde de très près, les décès ne sont pas tous survenus à l’hôpital. Car certains ont perdu la vie à domicile, d’autres durant le transfert ou à l’hôpital, même avant la prise en charge. Mais ceux qui ont été admis en réanimation étaient dans une situation grave. C’est vrai, on ne peut pas continuer sur cette lancée, avec l’augmentation des cas, sans avoir de cas graves. Parce que rien qu’aujourd’hui (samedi), on m’a signalé deux cas graves. Mais cas grave ne veut pas toujours dire condamnation à mort. Donc, il faut qu’on reste réaliste par rapport à la gravité de ces cas, mais aussi être optimiste par rapport à l’issue’’, conseille Pr. Seydi.
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